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13 mars 2010 6 13 /03 /mars /2010 14:59

Le Voyage Intérieur

 

 

               « Les rêves de l’homme de l’Antiquité et des Temps modernes sont écrits dans le même langage que les mythes dont les auteurs vivaient à l’aube de l’histoire… Je crois que le langage symbolique est la seule langue étrangère que chacun de nous devrait apprendre. Sa connaissance nous rapproche des origines les plus révélatrices de la sagesse… En vérité, les rêves tout comme les mythes sont d’importants messages que nous nous envoyons à nous-mêmes. » Erich Fromm, Le Langage oublié.



 

Monolithe noir



               Sir Henry Rider Haggard (1856-1925) fut l’un des maîtres anglais du roman d’aventures, mais on doit considérer l’auteur des Mines du roi Salomon comme une grande figure dans le roman fantastique d’inspiration « occulte ». Il ne faut pas oublier, en effet, que le chef-d’œuvre de Haggard, She (publié en 1887), et ses trois suites, Ayesha ou le Retour de She, La Fille de la Sagesse, She et Allan, sont des œuvres franchement théosophiques. En vérité, la plupart des livres d’ « imagination » de cet auteur, et ils sont nombreux, contiennent de nombreuses allusions, explicites ou voilées, à des doctrines et à des enseignements secrets. Haggard a subi profondément l’influence du syncrétisme « occultiste » de l’époque victorienne tardive : spiritisme, théosophie, etc. L’homme qui a écrit She et d’autres livres extraordinaires était lui-même un grand érudit en matière d’occultisme. Une étude exhaustive de ses sources révélerait une familiarité profonde avec de nombreux livres et auteurs spécialisés, parmi lesquels un grand ami de Haggard, Andrew Lang, admirateur érudit des doctrines secrètes de l’Egypte ancienne, l’une des grandes obsessions du romancier. Mais Haggard ne fut pas l’élève déférent d’un ou plusieurs maîtres de l’occultisme. On doit le considérer plutôt comme un écrivain qui a formulé peu à peu son propre système théosophique par l’inclusion, en une synthèse originale, de spéculations mystiques et métaphysiques quelque peu hétérogènes.

 

               Nous espérons montrer, par un grand nombre de citations, que l’œuvre romanesque de Sir Henry Rider Haggard révèle l’intérêt passionné de son auteur pour toutes les formes supérieures de la connaissance interdite.

 

               Haggard est un grand adversaire de la métaphysique classique. Loin de décrier les puissances de l’imagination humaine, il n’hésite pas à écrire : (…) qui dira quelle proportion de fait, passé, présent ou à venir, peut résider dans l’imagination ? Peut-être est-ce une ombre de la vérité intangible, peut-être est-ce la pensée de l’âme. »           

 

               Il faut choisir entre la connaissance et l’affectivité. Selon Haggard et beaucoup d’occultistes, la partie spirituelle de l’homme doit se développer aux dépens de l’enveloppe physique et des passions terrestres.      

 

            En ce qui concerne notre séjour terrestre, Rider Haggard est d’un pessimisme lucide et sans équivoque. La rançon de la connaissance est toujours pour lui la prise de conscience de la vanité de toutes les choses terrestres :

 

            « Oh, vous pauvres mortels, vous implorez vos dieux de vous accorder de nombreuses années de vie, ignorant que vous semez dans vos poitrines une graine d’où vous devrez retirer dix mille misères. Ne savez-vous pas que ce monde est, à la vérité, la grande maison de l’enfer, dans les chambres duquel l’esprit séjourne par intervalles pour une petite période durant laquelle, las et frappé de stupeur, il se hâte, en gémissant, vers la paix qu’il a gagné ? »

 

            « La grande route du destin progresse comme le char de Djaggernaut, et nous écrase tous à notre tour, quelques-uns tôt, quelques-uns plus tard : cela n’a aucune importance, à la fin elle nous écrase tous. Nous ne nous prosternons pas devant elle, comme les pauvres Indiens : nous fuyons ici et là, nous implorons merci, mais cela ne sert à rien ! Le noir destin tonne, et nous réduit en cendres à la période qu’il a fixée. »  

        

 

            Il n’est donc pas étonnant de constater, chez Haggard, un véritable culte de la femme. Le romancier chante : « (…) la merveille du cœur féminin, qui est microsome des espoirs, des craintes et des désespoirs de notre humanité, dont elle est d’age en age la mère. »

 

            La femme est capable du sacrifice suprême : Yva, l’héroïne de When the World shook, se jette d’elle-même dans le feu tellurique pour empêcher le changement catastrophique de l’équilibre de la Terre : « Pendant une fraction de temps, elle (Yva) se tint là, comme un ange incandescent, enveloppé de feu. Puis elle s’effaça comme un fantôme et s’évanouit de notre vue. Yva était réduit en cendres ! Yva avait disparu ! Le sacrifice était consommé ! »

 

            « Le monde trembla mais Yva avait sauvé le monde ! »

 

            Mais la femme peut être aussi un être pervers et démoniaque, ou allier en elle, suprêmement équivoque, bonté et cruauté. Les personnages féminins de Haggard sont des symboles de tous les pouvoirs mystérieux, bénéfiques, maléfiques ou ambivalents de la femme, laquelle acquiert une signification métaphysique rappelant les vieilles mythologies matriarcales.       

 

            Antinéa, la superbe et perverse femme brune du roman de Pierre Benoît, l’Atlantide (1920), peut être considérée comme une sorte d’avatar posthume de l’étrange héroïne du chef d’œuvre de Haggard.

 

            Il est très difficile de connaître les parts respectives de l’imagination et de la réalité dans la genèse de She who must beodeyed. Haggard peut avoir été frappé par un être réel (il arrive de rencontrer des femmes étranges et fascinantes), mais l’héroïne semble être, avant tout, un produit authentique du subconscient de l’auteur (C.G. Jung a fort bien montré que She est une personnification de l’anima, c’est-à-dire de la partie féminine de l’âme humaine).

 

            Ayesha, la femme immortelle, semble trouver un destin fatal dans les cavernes fantastiques de Kor, mais la suite de She, le roman intitulé Ayesha, nous montre l’héroïne, ressuscitée, devenue l’ « Hesea » et l’ « Esprit de la montagne », la nouvelle prêtresse d’un antique oracle de l’Asie centrale, régnant sur le mystérieux sanctuaire des piliers de feu. Elle est la dernière détentrice du sceptre de « Hes » sur la Terre, c’est-à-dire Isis.

 

            On ne peut nier que She-Ayesha soit un personnage symbolique. « D’abord, nous dit Haggard, je fus incliné à croire que cette histoire d’une femme enveloppée dans la majesté d’années presque sans fin, sur laquelle l’ombre de l’Eternité elle-même gît comme l’aile sombre de la nuit, était une gigantesque allégorie dont je ne pouvais saisir le sens. Puis je pensais que ce pouvait être une tentative hardie pour dépeindre les résultats possibles de l’immortalité pratique, animant la substance d’une mortelle qui tirait pourtant sa force de la terre, et dans le cœur de laquelle des passions naissaient et battaient à la manière dont, dans le monde impérissable autour d’elle, les vents et les marées s’élèvent, tombent et battent sans cesse. »

 

            Le romancier semble en vérité considérer Ayesha comme un être humain et non comme une manifestation divine :

 

            « Seulement, j’étais sur que She elle-même ne pouvait être une divinité bien qu’elle put en être la manifestation, une prêtresse, une messagère, chargée d’accomplir sa volonté, de venger ou de récompenser, et demeurant pourtant une âme humaine, avec des espoirs et des passions à satisfaire, et une destinée à accomplir. »

 

            Mais d’autres passages semblent impliquer que She ne fait qu’une avec la déesse égyptienne Isis, c’est-à-dire avec la nature personnifiée (la Maya de la métaphysique indienne – la Vierge Marie de la tradition chrétienne). Voici, par exemple, des paroles très révélatrices de la mystérieuse Ayesha :

 

            « Je suis de beaucoup d’humeurs et, comme l’eau dans ce vase, je réfléchis beaucoup de choses ; mais elles passent ; elles passent et elles sont oubliées. Mais l’eau est l’eau, et ma qualité ne peut être altérée. »

 

            Le problème fascinant d’une éventuelle prolongation indéfinie de l’existence humaine physique n’a jamais cessé de tourmenter l’esprit de Rider Haggard. Son premier roman d’aventures, Les Mines du roi Salomon (1885), contient la description vivante d’une vieille et horrible sorcière, Gagool, qui vit encore après plusieurs siècles, mais en un corps combien décrépit !

 

            Et l’une des dernières œuvres de Haggard, When the World shook (Quand la Terre trembla), écrite en 1918 et publiée en 1919, base son affabulation sur une méthode scientifique d’hibernation artificielle qui a permis à Oro et à sa fille Yva de dormir durant 250 000 années, et de se réveiller, après une si longue durée, dans l’état physique qu’ils possédaient avant le processus. L’hibernation artificielle est pourtant considérée par Haggard comme un procédé d’immortalité assez décevant : en plongeant le corps dans le sommeil durant 250 000 ans, l’on ne peut empêcher l’inexorable succession des réincarnations corporelles de l’esprit.

 

            « Seule l’enveloppe corporelle demeurait préservée par des artifices mortels, et, quand l’esprit revenu et la lumière de vie y furent infusés à nouveau, il s’éveilla. Mais durant ce long sommeil de mort, cet esprit peut avoir parlé à travers d’autres lèvres et cette vie peut avoir lui à travers d’autres yeux, bien que je ne me souvienne de rien les concernant. »

 

            « Vous me dites, Dame Yva, dis-je, que vous avez dormi, ou devez avoir dormi, pendant 250 000 années. Mais s’il en était ainsi, où se trouvait votre esprit durant tout ce temps ?... Je crois qu’il résidait ailleurs peut-être en d’autres corps sur la Terre, ou dans une terre différente. Du moins, je sais que mon cœur est très rempli de souvenirs, que je ne puis encore dérouler et lire. »

 

            Une prolongation réelle de l’existence totale doit être fondée sur une autre méthode que l’hibernation : dans le même roman, Haggard fait allusion à une « Eau de Vie », sorte de liquide vivifiant le corps. Mais la méthode la plus intéressante qui permet de conquérir l’immortalité physique est décrite dans She et ses trois suites. Elle consiste en l’immersion complète du corps dans le « Feu de Vie ». Certes, il est impossible d’atteindre l’immortalité stricto sensu, même par un procédé aussi spectaculaire :

 

            « Mais je le sais bien (c’est She qui parle) que ma vie n’est que prolongée et rendue plus brillante. »

 

            L’immersion dans le « Feu (ou « Esprit ») de Vie a néanmoins des résultats étonnants : la jeunesse physique peut être prolongée durant un temps incroyable, jusqu’à la fin de notre Terre, si on le désire.

 

            Les mythes haggardiens sur le feu dispensateur de l’immortalité physique sont très intéressants pour le spécialiste de la science des religions, comme pour celui qui étudie l’alchimie et ses ramifications. Ils reposent, en fait, sur un postulat très simple :

 

            « Je crois que, si l’on peut simplement le redécouvrir, il existe un lieu où les forces vitales du monde existent de manière visible. La vie existe ; pourquoi donc les moyens de la préserver indéfiniment n’existeraient-ils pas aussi ? »

 

            « Contemplez la fontaine de vie et le cœur de la vie, tel qu’il bat dans le sein de ce grand monde. Contemplez la substance de laquelle toutes choses tirent leur énergie, le resplendissant esprit de ce globe, sans lequel nous ne pouvons vivre mais devons devenir froids et morts comme la lune morte. Approchez-vous, baignez-vous dans ces flammes vivantes et infusez dans votre pauvre corps leurs vertus dans toute sa force virginale, non telle qu’elle lui faiblement dans votre poitrine, filtrée à travers les écrans d’un millier de vies intermédiaires, mais de telle qu’elle est, ici, dans la fontaine, dans la source même de l’existence terrestre. »

 

            « C’est bien. Préparez-vous à entrer dans le sein même de la Terre où elle conçoit la vie que vous voyez mise au monde dans l’homme et la bête, oui, dans chaque arbre et dans chaque fleur. Préparez-vous, o hommes, car ici vous allez renaître ! »

 

Le Karma

 

            On emploie beaucoup ce mot indien, sans toujours savoir de quoi il s’agit. Le karma, c’est la destinée, conséquence de ce que nous avons créé nous-mêmes au cours des vies antérieures ; toute action de notre part provoque, dans cette vie-ci ou dans la suivante, une réaction : tel est le sens du mot karma. Les prochaines vies seront également le résultat de nos choix d’aujourd’hui. On se réincarne tant que les conséquences de nos actions ne sont pas complètement liquidées… Mais un jour, proche ou lointain (c’est nous qui choisissons), nous n’aurons plus du tout besoin de nous réincarner. Volant en toute liberté dans les espaces infinis, dans la lumière et la joie cosmiques, nous serons des esprits libérés.

 

Pourquoi faudrait-il se réincarner ?

 

            Toutes les traditions philosophiques sont d’accord : pour progresser spirituellement. On retrouve un frère, un père, une mère, un ou une amie, un mari, une épouse, un amant, une maîtresse, etc., en vue d’un progrès spirituel.

            Si vous avez visité les marais salants de l’île de Ré ou de Guérande, vous avez pu remarquer que l’eau de mer devait traverser toute une série de bassins pour se concentrer et s’épurer : c’est seulement après un assez long parcours que les sauniers peuvent récolter ce fameux sel gris à goût de violette qui valait si cher autrefois.

            Pour les âmes, il en est de même : elles ont besoin de beaucoup de temps et d’efforts pour s’affiner, comme le sel ! (Cf. le Christ disait à ses disciples : « Vous etes le sel de la Terre ! »). Chaque vie leur permet de se décanter, de se purifier des scories accumulées par l’âme.

            Mais si certains prennent la ligne directe, et arrivent très vite au but, à la Lumière absolue où ils sont des esprits libérés, d’autres prennent le chemin des écoliers. Ils font l’école buissonnière… jusqu’à ce qu’ils comprennent que certains buissons ont des fruits empoisonnés !



 

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Les liens karmiques

 

            Depuis soixante ans, un nombre croissant de psychologues, de thérapeutes, de médecins rencontrent parmi leurs patients des gens qui, sous hypnose, ou autrement, leur affirment s’être réincarnés. Beaucoup d’entre eux disent qu’ils ont voulu retrouver dans une nouvelle vie telle ou telle personne précise : père, mère, enfants, frères et sœurs, etc. Ainsi, se renouent d’anciens liens dans une nouvelle famille. Cela explique les sympathies et antipathies « spontanées » ou « irrésistibles » qu’aucun événement ne peut justifier.

            La tradition ésotérique veut que les jumeaux soient des entités qui se sont follement aimées, au point de ne pas vouloir se séparer : aussi s’incarnent-elles dans la même mère. On ne se réincarne donc pas toujours pour « payer une dette », mais pour continuer une relation privilégiée. Bien que la similitude des thèmes de naissance indique un même itinéraire karmique, cependant, chaque jumeau jouit de sa liberté propre. Il a pu l’utiliser de façon différente dans certaines vies antérieures : ainsi s’expliquent les différences de caractères constatées dans cette vie-ci.

            Inversement, certains jumeaux de jadis se réincarnent à la même époque, dans deux familles différentes, lesquelles peuvent être voisines, parentes, ou alliées, donnant ainsi aux anciens jumeaux l’occasion de se retrouver comme amis.

            Tous les jumeaux, cependant, ne s’aiment pas d’amour tendre. Des ennemis intimes peuvent s’incarner ensemble, pour tenter une nouvelle fois de faire la paix… La Bible parle d’Esau et de Jacob, qui se disputaient déjà dans le sein de la mère Rébecca : « Or les enfants se heurtaient en elle » (Genèse, XXIV, 22).

            Dans les relations familiales, il y a des cas touchants : telle cette jeune femme qui, dans sa dernière vie, avait été la gouvernante d’enfants royaux, en France, au XVIIIe siècle. Très attachée à ces enfants, elle avait souffert de ne pas être leur vraie mère. Ce désir profond l’a amenée à se réincarner actuellement en mère de famille. Et les enfants royaux sont bien, cette fois, les siens : elle a connu cette fois la joie de leur donner le jour, physiquement, et d’être légalement leur mère.

 

Les dettes karmiques

 

            Une maladie karmique est une maladie héritée de vies antérieures. C’est très intéressant en astrologie médicale et en médecine, parce que cela ouvre de nouvelles perspectives sur les relations de l’esprit et du corps.

            Un exemple : un homme venu consulter Edgar Cayce, médium américain surnommé le « prophète endormi », il faisait des « lectures psychiques » en état de sommeil ; parce qu’il était aveugle-né. Edgar Cayce analysa quatre des vies antérieures du consultant – dont l’une se situait dans la Perse ancienne, environ dix siècles avant J.-C. A cette époque, le consultant appartenait à une tribu de mœurs primitives, qui aveuglait ses prisonniers au fer rouge. D’après Cayce, cet homme avait mis beaucoup de sadisme dans son métier de bourreau… qu’il aurait pu refuser.

            Dans cette vie actuelle, aux Etats-Unis, il est confronté aux conséquences de sa cruauté : il doit lui-même subir le sort de ceux qu’il avait jadis aveuglés, afin d’apprendre par là le respect d’autrui, l’attention à la souffrance des autres. Cependant, Cayce lui donna une série de prescriptions (médicaments, régime alimentaire, vertébrothérapie, etc.), lesquelles améliorèrent nettement sa vision. Cayce précisait aussi que la patience, la prière, la bonté allégeraient ou raccourciraient son temps d’épreuve.

            Cette histoire explique aussi ce qu’est une dette karmique vis-à-vis d’autrui (ou vis-à-vis de soi même, l’un n’allant pas sans l’autre). Les entités se réincarnent en même temps que d’autres auxquelles elles ont fait du tort dans une vie précédente : c’est comme une nouvelle chance qui leur est donnée de rattraper la « maille filée » d’un très ancien tricot…

            Les entités, ce sont les esprits qui, lorsqu’ils prennent un corps à la naissance, deviennent des hommes et des femmes. Chacun de nous est une entité, un esprit, un être immortel par essence.

 

 



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Le mystérieux livre de vie

 

            Les traditions, tant écrites qu’orales, des différentes religions du monde font référence à un mystérieux Livre de Vie, que tout homme est capable de lire (à condition d’être parvenu à un certain degré de sagesse).

            Il s’agirait d’une sorte de « mémoire » de l’Univers, une collection d’enregistrements vibratoires, où se trouve inscrit tout ce qui concerne la création du monde, et tous les événements qui l’on agité depuis. Chaque être vivant, chacun de ses faits et gestes, chacune de ses pensées est inscrit dans ce Livre de Vie. C’est comme une bibliothèque universelle, où rien ne manque.

            Chacun, d’ailleurs, peut lire dans l’Apocalypse de Jean (V, 1) : « J’aperçus dans la main droite de Celui qui siège sur le trône un livre roulé, écrit au verso et au recto, et scellé de sept sceaux. »

            Dans la tradition indienne, le Livre de Vie s’appelle l’Akasha. Voilà pourquoi Edgar Cayce employait le mot anglais reading (en français, « lecture ») dans ses consultations. Il disait qu’il pouvait lire dans le Livre de Vie. Nous figurons tous, à titre personnel, dans ce grand volume, dont l’éditeur est Dieu lui-même…

            Les écrivains ésotériques, tout comme Edgar Cayce, parlent des dossiers akashiques, ou annales akashiques… Ce qui est merveilleux aussi, c’est la mémoire des Indiens, qui ont gardé des connaissances que nous avons oubliées. Cette tradition indienne nous renvoie à nos propres sources, l’ésotérisme occidental, qui était très bien informé dans l’Antiquité, et même au Moyen Age. Les Eglises n’ont pas su le conserver : mais sa redécouverte sera le phénomène éclatant de la dernière moitié du XXe siècle.

 



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Les femmes ont-elles une âme ?

 

            Je cite Dorothée Koechlin de Bizemont, journaliste et spécialiste de philosophie caycienne : « Avouez, messieurs, que certains d’entre vous ne seraient nullement enchantés d’apprendre qu’ils ont été femme dans une autre vie… tant est ancrée l’idée de « l’infériorité féminine ! »

            N’en déplaise aux phallocrates traditionnels, il ne semble pas que les âmes aient de sexe avant de s’incarner dans ce monde-ci. De multiples témoignages semblent le prouver. Dans le Livre des Esprits, Allan Kardec demande à son Esprit-guide : « L’Esprit qui a animé le corps d’un homme peut-il, dans une nouvelle existence, animer celui d’une femme, et réciproquement ? » - « Oui, ce sont les mêmes esprits qui animent les hommes et les femmes. »

            Même affirmation chez les anciens Egyptiens. On trouve dans les écrits d’Hermès le dialogue suivant : Horus demande à sa mère Isis « si les âmes sont nées males ou femelles », et la déesse répond : « Les âmes, mon fils Horus, sont égales par nature : il n’y a parmi elles ni males ni femelles ; cette distinction n’existe que dans le corps incarnés ». (Sermon d’Isis à Horus).

            Par contre, la tradition indienne est misogyne : selon elle, la dernière incarnation ne peut être que masculine. L’incarnation comme femme est un état de déchéance où l’âme expie de lourdes fautes passées. Une telle croyance est évidemment contredite par les religions chrétiennes, catholiques ou orthodoxes, où le modèle de perfection absolue proposé aux fidèles est Marie, mère du Christ. Laissons le dernier mot à l’apôtre Paul, qui écrit : « Dans le Christ, il n’y a plus ni juif, ni grec, ni esclave, ni homme libre, ni homme ni femme. » (Epitre aux Galates, III, 28).

 

 



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La réincarnation explique les inégalités sociales et les destins douloureux

 

            Pourquoi le mal ? Pourquoi certains enfants naissent-ils estropiés ? Pourquoi le malheur semble-t-il s’acharner sur certains ? Et pourquoi des riches, pourquoi des pauvres ? Pourquoi des surdoués et des imbéciles ?

            La réincarnation, nous l’avons vu, permet de répondre logiquement à ces questions. Dans les traditions ésotériques, tant orientales qu’occidentales, l’homme récolte ici et maintenant ce qu’il a semé dans des vies antérieures. Non seulement, il récolte, mais il choisit. Une fois désincarné, après sa « mort », l’Etre voit clairement en quoi il a raté ou réussi. Il choisit donc de se réincarner, c’est-à-dire de choisir un nouveau programme terrestre. Evidemment, une fois dans son nouveau corps, il est limité par le pays, la race, la famille, la religion qu’il a choisis avant de naître… Ainsi, liberté et prédestination sont-elles réconciliées dans cette optique.

            Beaucoup d’âmes choisissent une vie difficile qui leur permettra de faire plus vite des progrès. Ainsi, ceux qui sont pauvres, malades, mal aimés l’ont bien souvent choisie en réparation d’une dette karmique. La tradition veut que ceux qui ont préféré, plusieurs vies de suite, la facilité, en viennent à choisir enfin une vie très douloureuse, où ils seront pris dans les « grandes purges » de l’Histoire, dans les cataclysmes mondiaux… Ainsi, se sont-ils obligés eux-mêmes à une très dure expérience purificatrice.

            Une des tantes à Dorothée Koechlin de Bizemont avait mené une vie vraiment triste. Son fiancé était mort à la guerre de 1914-1918, elle était restée « vieille fille », et sans aucune profession. Moins brillante que ses frères et sœurs, elle était devenue leur Cendrillon, leur bonne à tout faire, leur souffre-douleur. La fin de sa vie fut sinistre : échouée dans un mouroir pour vieillards, reléguée au fond d’une chambre infecte que personne ne visitait jamais, maltraitée par le personnel, elle croupissait là, aveugle, sourde, incontinente, demi-paralysée. Quand Dorothée allait la voir, il régnait une odeur de vieillesse abandonnée, d’urine jamais nettoyée, de crasse fermentée… Atroce ! De ces visites, je revenais en sanglotant, en me disant : « Pourquoi, mais pourquoi ? »

            La tante, elle, souriait, s’informait de la famille, ne manifestait pas la moindre amertume, et se plaignait très peu. Elle mourut sans qu’on me prévienne, et je crois bien qu’il n’y avait pas plus de deux personnes à son enterrement.

            L’année d’après sa mort, je l’interrogeai.

            Elle me répondit, du plan invisible où elle était, et sa réponse illumine encore ma vie : « C’est, me dit-elle, que dans plusieurs vies antérieures j’avais été méchante, malfaisante. J’ai choisi enfin cette vie – et j’en étais consciente – pour réparer toutes ces erreurs. Comme je suis contente ! J’ai liquidé d’un seul coup tout un paquet de karma ! Maintenant, je suis libérée. Je suis heureuse, en pleine lumière, très haut. »

 

Groupes karmiques et karma différé

 

            Il semble que les entités ne se réincarnent pas toujours immédiatement : il peut s’écouler des siècles entre deux vies successives. Certaines entités, complètement traumatisées par une expérience terrestre violente, n’ont aucun enthousiasme pour recommencer. D’autres doivent attendre que l’évolution de l’Histoire leur offre à nouveau les conditions propices. Edgar Cayce évoque la vie d’un Gaulois captif, torturé par des esclaves noirs, qui a attendu le XXe siècle pour se réincarner, en Amérique du Nord : la tension raciale qui y règne lui donne la chance de surmonter sa haine karmique des Noirs. Il est d’ailleurs plus que probable que bien des négriers d’antan se sont un jour réincarnés sous une autre couleur !

            Les situations décrites comme groupes karmiques, sont connues des ésotéristes : cela concerne des gens qui, ayant vécu ensemble à une époque donnée, se réincarnent à la même époque et dans le même lieu. Ainsi Cayce évoque-t-il la guerre d’Espagne (entre les deux Premières Guerres mondiales) ; il dit que les âmes qui se réincarnèrent dans cette atroce guerre civile étaient, pour un grand nombre, celles des conquistadors espagnols du XVIe siècle (ceux-là avaient sûrement une drôle de dette karmique à payer !). Les Atlantes seraient réincarnés chez les Occidentaux du XXe siècle, apportant avec eux les grandes connaissances technologiques, dont a parlé Platon dans ses œuvres le Timée et le Critias.

            Par contre, certaines entités se réincarnent immédiatement, au point que le souvenir de leur mort précédente se confond avec celui de leur actuelle naissance. Dans ce cas, la personne retrouve très facilement la mémoire de sa dernière vie antérieure.

 

 

Pythagore, Socrate et Platon croyaient à la réincarnation

 

            Relisons les textes de Platon : c’est écrit noir sur blanc, un peu partout ! Dans mes classes de philosophie, la réincarnation était parfois évoquée, sous le nom de métempsycose[1], comme une théorie ridicule sur laquelle il était malsain de s’attarder, « idée grotesque qui consiste à penser qu’un homme puisse renaître dans une souris ».

            Pourtant, soyons logiques : vingt siècles d’Occident ont professé une admiration sans bornes pour cette sagesse grecque dont est issue notre civilisation. Les philosophes de l’Antiquité avaient pressenti l’atome et l’électricité (deux mots grecs !), évalué la précession des équinoxes et mesuré la circonférence de la Terre… Ces Grecs déliraient-ils complètement quand ils parlaient de réincarnation ?

            Comment avons-nous été assez malhonnêtes pour expurger des textes de Platon cette idée fondamentale – l’immortalité de l’âme à travers ses réincarnations successives ? Comment dix siècles d’études classiques ont-ils pu occulter à ce point des textes aussi explicites ? Dans le Phédon, Platon fait parler Socrate : « C’est une opinion bien ancienne que les âmes, en quittant ce monde, vont dans les enfers, et que, de là, elles reviennent dans ce monde et retournent à la vie après avoir passé par la mort. Il me semble, Cebès, qu’on ne peut rien opposer à ces vérités, et que nous ne nous sommes pas trompés quand nous les avons admises… car il est certain que les vivants naissent des morts. »




Platon                      Pythagore

        

 

            Platon, élève de Socrate, fut également l’admirateur de Pythagore (VIe siècle avant J.-C.). Ce grec-là, lui, y allait carrément : il racontait quelques-unes de ses vies antérieures ! Un jour, en visitant un temple, il avait vu un bouclier accroché en ex-voto sur un mur : il le reconnut, et dit que c’était celui qu’il portait à la guerre de Troie, plusieurs siècles auparavant, alors qu’il s’appelait Euphorbe (Homère le cite dans L’Iliade, XVII, vers. 50). Pythagore se souvenait aussi d’avoir été un devin réputé en Ionie, longtemps auparavant. Expert dans l’art de se dédoubler, c’est ainsi qu’il était mort : à l’occasion d’une de ses sorties dans l’astral, sa femme avait brûlé son corps, de telle sorte que son âme n’avait pu en reprendre possession.

 



Acropole-grec

 

 

            Ce même Pythagore avait été initié aux « mystères orphiques », où l’on enseignait au disciple comment effectuer au mieux son voyage après la mort, comment se réveiller dans l’Hadès, comment y retrouver sa route, et comment échapper au malheur de se réincarner. Ces « stages pratiques pour touriste de l’Au-delà » semblent avoir eu beaucoup de succès dans la Grèce antique, et n’étaient pas connus des Grecs : les Tibétains les transcriront dans certains de leurs livres sacrés, comme le Bardo Thodol. Les Egyptiens, également : comme le raconte Pluton, ils étaient les héritiers des Atlantes, rescapés du dernier Déluge (plus exactement, de la dernière catastrophe qui avait englouti l’Atlantide il y a 12000 ans environ). Les Atlantes leur avaient transmis de nombreuses connaissances religieuses et ésotériques, concernant l’après-vie – dont certaines sont évoquées dans Le Livre des Morts égyptien.         

            Car ceux-ci en conservant le corps, voulaient conserver à l’âme son soutien matériel, pour lui éviter d’errer à l’aventure dans les mondes invisibles, ensuite se réincarner sous une forme peu désirable. Peut-être aussi, pour lui permettre de réintégrer ce même corps (dans ce cas, la momie était censée « germer »).

            Quoi qu’il en soit, au début de l’ère chrétienne, toutes les religions en usage dans l’Empire romain étaient réincarnationnistes : mystères égyptiens, néo-platonisme d’Alexandrie, druides, cultes de Mithra, christianisme et même judaïsme.

            Pauvre collégiens d’autrefois, anéantis sous l’obligation mortelle d’apprendre le grec et le latin… Si on leur avait parlé de ces mystères essentiels, comme ces années perdues au fond des collèges auraient pu être riches et vivantes ! Apprendre ce que l’on a fait, et ce que l’on fera, de l’autre coté de la mort, n’est-ce pas passionnant ?

            Lorsque Alice traverse les miroirs pour débarquer en Wonderland, elle ne fait pas mieux : elle a réussi à briser la prison de la matière. C’est ce que vont chercher aujourd’hui les Occidentaux qui se tournent vers les philosophes de l’Inde et du Tibet : la réincarnation est une clé essentielle pour ouvrir les portes de l’Espace et du Temps.

            Nous autres, en Occident, avons jeté cette clé au fond d’un puit… Et nous voilà ainsi privés d’yeux et d’oreilles !

            Notre philosophie est devenue myope, nos dogmes religieux insipides, et les foules occidentales errent à la dérive dans les marécages de la consommation.

 

 



 

Avènement

 

  

  
 


[1] Le mot réincarnation date de 1875 ; il a été popularisé par les disciples d’Allan Kardec.

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