Le Réseau ECHELON
Grâce à l’utilisation d’un système de satellites et de super ordinateurs qui déchiffrent des mots codés, la NSA (Agence de Sûreté de l’Etat) américaine et ses associés du UKUSA surveillent en permanence les gouvernements, les sociétés et les citoyens.
Dans le plus grand effort de surveillance jamais établi, la NSA (Agence Nationale de Sécurité) américaine a mis au point un système d’espionnage à l’échelle mondiale, sous le nom de code ECHELON, qui intercepte et analyse pratiquement tous les appels téléphoniques, fax, e-mails et télex provenant du monde entier. ECHELON est sous le contrôle de la NSA mais il est dirigé conjointement par le GCHQ (Centre d’Interception des Télécommunications Etrangères) britannique, le CSE (Département de Sécurité des Communications) canadien, le DSD (Direction Sécurité Défense) australien et le GCSB (Bureau de Sécurité des Communications néo-zélandais). Ces organisations sont liées par un accord secret, le « UKUSA Security Agreement » signé en 1948 dont le contenu reste encore inconnu.
La conception de ce système d’espionnage est très simple : des stations d’interception placées dans le monde entier afin de capter toutes les communications transmises par satellites, micro-ondes, réseaux cellulaires ou à fibres optiques, puis traitement de ces informations par les énormes ordinateurs de la NSA comprenant des programmes de pointe de reconnaissance vocale et de reconnaissance optique des caractères (OCR) qui rechercheront des mots codés ou même des phrases codées (à l’aide du « Dictionnaire ECHELON ») pour ensuite reconnaître le message, l’enregistrer et le transcrire pour une analyse ultérieure. A chaque « poste d’écoute », des analystes des Services Secrets conservent des listes de mots clés leur permettant d’analyser toute conversation ou tout document transmis par le système pour ensuite le ou la transmettre au Quartier Général des Services Secrets qui ont demandé l’interception.
Surveiller les terroristes et les états rebelles n’est pourtant pas la seule mission d’ECHELON. En effet, la découverte régulière de surveillance des citoyens américains pour des raisons d’affiliation politique « impopulaire » ou même sans aucune raison valable – en violation du premier, 4ème et 5ème amendements de la Constitution américaine – est justifiée par les Services Secrets et le gouvernement américain qui avancent des arguments judiciaires extrêmement complexes et des revendications de privilège. Les protecteurs et gardiens de nos libertés, nos représentants politiques dûment élus, se soucient peu de ces activités, encore moins des abus qui se produisent sous leur nez.
Parmi les activités du système ECHELON nous trouvons :
· L’espionnage politique : Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les Services Secrets américains n’ont cessé de bafouer les droits et les libertés du peuple américain. Même après les enquêtes sur les activités de surveillance politique et privée qui suivirent le fiasco du Watergate, la NSA continue de viser les groupes politiques « impopulaires » ainsi que nos représentants dûment élus.
Lors d’une interview dans Plain Dealer à Cleveland en 1988, une personne vendit la mèche en disant qu’alors qu’elle était en poste dans les locaux de Menwith Hill dans les années 80, elle a eu l’occasion d’entendre des interceptions en direct du Sénateur de Caroline du Sud Strom Thurmond. Un ancien membre du Congrès américain du Maryland, Michaël Barnes, a déclaré en 1995 dans un article du Sun à Baltimore que sous le gouvernement Reagan ses appels téléphoniques étaient régulièrement interceptés – chose qu’il a seulement découvert lorsque des journalistes ont reçu de la Maison Blanche la transcription de ses conversations. L’une des révélations les plus choquantes a été faite après que plusieurs responsables du GCHQ, concernés par la surveillance de groupes politiques pacifistes, déclarent en 1992 à l’Observer de Londres que les « Dictionnaires ECHELON » visaient Amnesty International, Greenpeace et même des ministères chrétiens.
· Espionnage commercial : Depuis la chute du communisme en Europe de l’Est, les Services Secrets ont cherché une nouvelle excuse pour continuer leur surveillance afin de protéger leur importance et leurs budgets surgonflés. La seule solution était de redéfinir la notion de « Sûreté de l’Etat » pour y inclure les intérêts de l’économie, du commerce et des sociétés. L’Office of Intelligence Liaison (Bureau des Communications Secrètes) fut créé au sein du Ministère du Commerce américain pour envoyer les documents interceptés aux plus grandes sociétés américaines. Dans de nombreux cas, les bénéficiaires de cet espionnage commercial sont les sociétés mêmes qui ont aidé la NSA à mettre au point les systèmes permettant de faire fonctionner le réseau ECHELON. Cette relation incestueuse est si forte que parfois les renseignements recueillis sont utilisés pour faire sortir d’autres fabricants américains du marché en faveur de ces mammouths américain de la Défense et des Services Secrets qui versent d’importantes sommes d’argent aux deux partis politiques.
Alors que la technologie par signaux des Services Secrets aidait à contenir puis finalement vaincre l’empire soviétique pendant la Guerre Froide, ce qui autrefois devait servir à cibler une liste choisie de pays communistes et d’états terroristes est maintenant dirigé au hasard contre pratiquement tous les citoyens du monde. Le Parlement Européen se demande maintenant si les interceptions de communications par le système ECHELON violent aussi la souveraineté et la vie privée des citoyens dans d’autres pays. Dans certains cas, comme au poste de la NSA à Menwith Hill en Angleterre, la surveillance est dirigée contre les citoyens sur leur propre sol et avec le consentement total de leur gouvernement.
Ce rapport semble donc indiquer que le Congrès reprendrait son rôle longtemps négligé de chien de garde des droits constitutionnels et des libertés du peuple américain, et délaisserait celui de bon toutou des Services Secrets. Les séances du Congrès, semblables à celles du Church & Rockefeller Committee qui se tenaient au milieu des années 70, devraient avoir lieu afin de déterminer les limites du système ECHELON quant aux communications personnelles, politiques, religieuses et commerciales des citoyens américains.
Le défunt sénateur américain Franck Church avait prévenu que la technologie et les capacités réunies dans le système ECHELON représentaient une menace directe contre les libertés du peuple américain.
Livré à lui-même, ECHELON pourrait être utilisé par l’élite politique ou par les services de renseignements eux-mêmes dans le but de déstabiliser les protections civiles de la Constitution et de détruire le gouvernement représentatif des Etats-Unis.
Malgré la désintégration du communisme dans l’ex-Union Soviétique, la NSA très secrète continue de croître à une allure exponentielle en terme de budget, d’effectif et d’espionnage. Ceci est conforté, nous le pensons, par l’arrivée de l’Internet dans les échanges internationaux et l’accélération de la mondialisation économique et donc du Nouvel Ordre Mondial.
L’apogée de la Guerre Froide fit prendre conscience de la dure réalité à de nombreux services de renseignements militaires qui étaient tributaires à la fois d’un budget très important et de peu de surveillance civile. Les alliances politiques et militaires des Alliées pendant la Seconde Guerre Mondiale s’étaient rapidement transformées en alliances de renseignements dans l’ombre du Rideau de Fer qui descendit sur l’Europe de l’Est après la guerre.
Mais pour certains Services Secrets, la fin de la Guerre Froide signifiait simplement un changement de mission et de centre d’intérêt, et non une perte d’effectifs ou de ressources financières. La NSA est une organisation gouvernementale de ce type. Malgré la désintégration du communisme dans l’ex-Union Soviétique, la NSA très secrète continue de croître à une allure exponentielle en terme de budget, d’effectif et d’espionnage. D’autres pays ont remarqué la croissance rapide des ressources et des installations de la NSA dans le monde entier, et ont dénigré les Etats-Unis sur l’espionnage massif mené à l’encontre de leurs propres citoyens.
Un rapport préliminaire, publié par le Parlement Européen en Janvier 1998, détaillait les enquêtes menées par des chercheurs indépendants sur un important réseau américain d’espionnage qui recueille des renseignements par téléphone, fax et e-mail sur les citoyens du monde entier, et plus particulièrement dans la Communauté Européenne et au Japon. Intitulé An Appraisal of Technologies of Political Control (Evaluation des technologies du contrôle politique), ce rapport publié par le Scientific and Technological Options Assessment (STOA) Committee (Comité d’évaluation des options techniques et scientifiques) du Parlement Européen, a fait grand bruit dans le milieu de la presse en Europe. L’un des plus importants média américains, le New York Times, couvrit également la publication du rapport.
Le rapport du STOA dévoila également un point sensible entre les Américains et leurs alliés européens. La surveillance à grande échelle des citoyens des pays de la Communauté Européenne par la NSA est connue des journalistes européens et fortement discutées depuis 1981. Le système en question se nomme ECHELON ; c’est l’un des systèmes d’espionnage les plus secrets qui soient.
ECHELON est en fait un vaste réseau de stations d’espionnage électronique situées dans le monde entier et gérées par cinq pays : les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle Zélande. Ces pays, liés par un accord encore tenu secret et nommé UKUSA (que l’on prononce « you-kou-za »), espionnent mutuellement leurs citoyens en interceptant et en rassemblant les signaux électroniques de presque chaque appel téléphonique, chaque fax et message e-mail transmis chaque jour dans le monde entier. Ces signaux passent par les énormes ordinateurs de la NSA qui recherchent certains mots-clés appelés les « Dictionnaires ECHELON ».
La plupart des détails de ce système d’espionnage éléphantesque et de l’accord UKUSA qui l’appuie restent un mystère. Ce que nous savons d’ECHELON est le fruit des efforts de journalistes et de chercheurs de par le monde qui travaillent sans relâche depuis des dizaines d’années afin de découvrir les opérations de systèmes les plus secrets de nos gouvernements. La publication en 1996 du livre de Nick Hager, journaliste néo-zélandais, Secret Power : New Zealand’s Role in the International Spy Network (Pouvoir Secret : le rôle de la Nouvelle Zélande dans le réseau d’espionnage international) fournit un regard des plus détaillé sur le système et attisa l’intérêt suscité par ECHELON ainsi que le débat concernant sa propriété.
Cet ouvrage examine l’étendue du système ECHELON, ainsi que les accords et les échanges entre Services Secrets qui l’appuient. L’opération d’ECHELON sert l’objectif de la NSA qui consiste à espionner les citoyens d’autres pays tout en leur promettant de lever l’interdiction d’espionner les citoyens américains. ECHELON est non seulement une violation flagrante de la Constitution américaine, mais également une sorte de trahison des alliés des Etats-Unis et menace la vie privée de civils innocents dans le monde entier. L’existence et le développement constant d’ECHELON est un présage quant à l’avenir des libertés constitutionnelles. Si un service du gouvernement américain peut à son gré violer les composants les plus basiques de la Déclaration des Droits de l’Homme sans l’approbation ni la surveillance du Congrès, il n’est plus question de gouvernement républicain mais de tyrannie.
Les parties du UKUSA
Le succès des Forces Alliées pendant la Seconde Guerre Mondiale fut en grande partie grâce à la collecte de renseignements secrets ennemis et au décodage de ces messages militaires et diplomatiques. De plus, les Forces Alliées furent en mesure de créer des codes et des systèmes de cryptage qui masquaient de façon très efficace des renseignements sensibles à la vue des puissances ennemies très curieuses. Ces programmes de renseignements par signaux (SIGINT) protégeaient les renseignements alliés et rendaient les ennemies plus vulnérables.
Mais à la fin du conflit, une nouvelle puissance menaçante – l’Union Soviétique – commençait à déclencher la Guerre Froide en réduisant en esclavage l’Europe de l’Est. Les services de renseignements en question avaient maintenant un nouvel ennemi vers lequel tourner leurs yeux et leurs oreilles électroniques afin de s’assurer du maintien de l’équilibre des puissances. Les tonnes de matériel électronique pour un meilleur espionnage qui allaient être installées au cours des 40 prochaines années allaient donner naissance au système d’espionnage ECHELON.
Forgé en 1947 entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni, l’accord UKUSA toujours tenu secret est l’assise diplomatique à l’origine d’ECHELON. Cet accord trouve ses racines dans l’alliance BRUSA COMINT (renseignements par voie de communication) formée au tout début de la Seconde Guerre Mondiale et ratifiée le 17 mai 1943 par le Royaume-Uni et les Etats-Unis. La Commonwealth SIGNIT Organisation (l’Organisation SIGINT du Commonwealth), formée en 1946-47, rassembla les Services Secrets de l’après-guerre du Royaume-Uni, du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle Zélande. Des accords passés entre les Etats-Unis et ces agences définissent également les relations complexes qui existent entre ces organisations. Et parmi ces agences se trouve la NSA qui représente l’intérêt américain. La NSA est décrite comme étant « le premier membre du traité UKUSA ». Le GCHQ (Centre d’Interception des Télécommunications Etrangères) britannique a signé l’accord UKUSA au nom du Royaume-Uni et de ses partenaires SIGINT du Commonwealth, avec pour conséquence l’arrivée du DSD australien, du CSE canadien et du GCBS néo-zélandais dans cet arrangement. Bien que ces agences soient liées par d’autres accords directs passés avec les Etats-Unis, les quatre pays qu’elles représentent sont considérés comme les « seconds membres du traité ».
L’agence de sûreté de l’Etat (NSA)
L’instigateur de l’accord UKUSA est indéniablement la NSA. C’est elle qui a permis le versement de la majorité des fonds pour des projets et des installations en commun et qui a dirigé les opérations de collecte de renseignements. Les agences qui participent aux opérations s’échangent fréquemment leur personnel, se partagent les tâches de collecte de renseignements et définissent des lignes directrices pour classer « secret » et protéger les renseignements partagés. Toutefois, la NSA se sert de son titre de plus grande agence d’espionnage du monde pour que ses partenaires internationaux exécutent ses ordres.
Le Président Harry Truman fonda la NSA en 1952 avec une directive présidentielle qui, à ce jour, est encore classée « top secret »1 . Le gouvernement américain n’a pas reconnu l’existence de la NSA jusqu’en 1957. Sa mission, à l’origine, était de diriger la SIGINT (renseignements par signaux) et la COMSEC (sécurité des communications) pour les Etats-Unis. Le Président Ronald Reagan ajouta les tâches de sécurité des systèmes de renseignements et entraînement pour la sécurité des opérations en 1984 et 1988 respectivement. Une loi votée en 1986 chargea la NSA d’appuyer les opérations de combat pour le Ministère de la Défense.
Dans son rôle de chef de groupe du UKUSA, la NSA est chargée en premier lieu de créer de nouvelles technologies de surveillance et de décodage, dirigeant les autres agences coopérantes vers leurs cibles et leur fournissant l’entraînement et les outils pour intercepter, traiter et analyser la quantité énorme de renseignements qu’ils collectent. Grâce à son équipe la plus sophistiquée du monde, le UKUSA considère la NSA comme le maître d’œuvre le plus compétent qui soit.
Le Quartier Général de la NSA se trouve à Fort George Meade, entre Washington DC et Baltimore (Maryland). Elle est très enviée dans le monde entier pour son équipement impressionnant et son personnel. C’est elle qui emploi le plus grand nombre de mathématiciens du monde, composé des meilleures équipes de codeurs et de décodeurs jamais réunis. Les décodeurs sont chargés de découvrir les codes secrets donnant accès aux communications électroniques internes et étrangères et d’envoyer les messages ainsi décodés aux énormes équipes de linguistes chevronnés qui peuvent relire et analyser les messages dans plus de cent langues. La NSA est également chargée de créer des codes pour protéger les communications du gouvernement américain.
Le Réseau ECHELON
Le vaste réseau créé par le UKUSA couvre toute la surface du globe et l’espace n’a aucun secret pour lui. Grâce à des stations d’interceptions terrestres, des bateaux de renseignements voguant sur toutes les mers du globe et des satellites top secrets tournant à presque 40.000 km au-dessus de nos têtes, la NSA et ses alliés du UKUSA ont accès aux réseaux de communication du monde entier. Très peu de signaux échappent à leur vigilance électronique.
Les membres du UKUSA s’étant divisés le monde, chaque agence dirige son espèce « d’aspirateur » électronique vers le ciel et vers la Terre à l’affût des moindres signaux de communications qui pourraient traverser l’immense territoire balayé par le système. Les installations de la NSA aux Etats-Unis couvrent les communications des deux continents américains ; le GCHQ au Royaume-Uni est responsable de l’Europe, de l’Afrique et de la Russie ; le DSD australien assiste les interceptions SIGINT en Asie du Sud-Est, dans le Pacifique sud-ouest et dans la partie est de l’Océan indien ; le GSCB de Nouvelle Zélande, quant à lui, est chargé du Pacifique Sud ; le CSE canadien s’occupe des interceptions du reste du nord de la Russie, du nord de l’Europe et du nord du continent américain.
Le pivot du réseau ECHELON est constitué par les importantes stations de réception et d’écoute alimentées par les satellites Intelsat et Inmarsat, responsable de la plupart des communications par téléphone et par fax à l’intérieur même et entre les pays et les continents. Les vingt satellites Intelsat suivent une orbite géostationnaire raccordée à un point particulier de l’équateur. Ces satellites reçoivent essentiellement les communications civiles mais également les communications diplomatiques et gouvernementales qui intéressent au plus haut point les membres du UKUSA.
A l’origine, seules deux stations étaient chargées des interceptions d’Intelsat : Morwenstow en Angleterre et Yakima aux Etats-Unis, dans l’Etat de Washington. Toutefois, quand la série des Intelsat 5 fut remplacée par les Intelsats 701 et 703 – dont les rayons de transmission, beaucoup plus précis, empêchaient la base de Yakima dans l’hémisphère nord de recevoir les signaux de l’hémisphère sud – d’autres installations furent construites en Australie et en Nouvelle Zélande.
Aujourd’hui, la station de Morwenstow dirige ses oreilles vers les satellites Intelsat qui traversent l’atmosphère au-dessus de l’Atlantique et de l’Océan Indien et transmettent en Europe, en Afrique et dans la partie ouest de l’Asie. La station de Yakima, quant à elle, installée sur le terrain de la Yakima Firing Station (centre de tir de Yakima), a pour cible les communications d’Extrême Orient et du Pacifique dans l’hémisphère nord. Un autre site de la NSA, basé à Sugar Grove, en Virginie de l’Ouest, couvre le trafic de tout le continent américain. Une station du DSD installée à Geraldton, WA, en Australie, et une autre du GCSB basée à Waihopai en Nouvelle Zélande couvrent l’Asie, le Pacifique et le Pacifique sud. Une autre station, construite sur l’île Ascension dans l’Océan Atlantique entre le Brésil et l’Angola, couvrirait les communications de l’Intelsat atlantique dans l’hémisphère sud.
Un autre appui important du système ECHELON est le réseau américain de satellites espions et ses bases de réceptions éparpillées sur tout l’empire du UKUSA. Basés dans l’espace, ces « aspirateurs » électroniques de communications captent tout le trafic de communications radio, micro-ondes et cellulaires qui circule sur Terre. Ils ont été lancés par la NSA en coopération avec ses agences sœurs, le NRO (bureau de reconnaissance national) et la CIA. Les satellites Ferret dans les années 60, les satellites Canyon, Khyolite et Aquacade dans les années 70 et les satellites Chalet, Vortex, Magnum, Orion et Jumpseat dans les années 80 ont fait place dans les années 90 aux nouveaux satellites plus sophistiqués que sont Mercury, Mentor et Trumpet.
Ses satellites de surveillance agissent comme des pelles géantes, ramassant les communications électroniques, les conversations sur téléphones portables et diverses transmissions radio. Les stations qui contrôlent les opérations et le ciblage de ces satellites sont sous le contrôle exclusif des Etats-Unis, malgré leur installation sur des bases militaires étrangères. Les deux installations principales sont à Menwith Hill en Angleterre et à Pine Gap en Australie.
Sécurité nationale et surveillance des citoyens
Le système ECHELON est le produit du conflit de la Guerre Froide, une bataille de longue durée remplie de tensions accrues au bord de l’anéantissement, et les hostilités réduites de la détente et du glasnost. Des cercles vicieux de méfiance et de paranoïa entre les Etats-Unis et l’empire Soviétique ont nourri les services de renseignements à tel point qu’avec la chute du communisme en Europe de l’Est, les Services Secrets se sont vus confier une mission qui allait justifier leur existence.
Mais la montée des conflits modernes, du terrorisme, a donné aux Services de renseignements la raison qu’ils attendaient pour développer encore plus leur système d’espionnage de leurs ennemis, de leurs alliés et de leurs propres citoyens. ECHELON est le résultat de tous ces efforts. Les satellites qui se déplacent à des milliers de kilomètres au-dessus de nos têtes et qui peuvent capter les détails les plus infimes sur Terre ; les sous-marins secrets qui parcourent les fonds marins et mettent sur écoute les câbles de communications sous-marins – c’est tout ceci qui alimente la machine très efficace du UKUSA.
Aux Etats-Unis, les responsables des Services Secrets, du maintien de l’ordre ainsi que les représentants du Congrès agissent de concert afin de défendre les capacités d’ECHELON. Leurs arguments de persuasion désignent la tragédie des attentats à la bombe d’Oklahoma City et du World Trade Center de New York. La vulnérabilité des Américains à l’étranger, comme on l’a vu récemment dans les attentats à la bombe de l’Ambassade américaine à Dar es Salaam en Tanzanie et à Nairobi au Kenya, souligne la nécessité de contrôler ces forces dans le monde entier qui n’hésiteraient pas à utiliser la violence gratuite et la terreur comme armes politiques contre les Américains et leurs alliés.
Les victoires remportées par les Services Secrets ajoutent de la crédibilité aux arguments qui défendent ce système de surveillance plutôt convaincant. La découverte d’emplacements de missiles à Cuba en 1962, la capture des terroristes de l’Achille Lauro en 1995, la découverte de la présumée participation libyenne dans l’attentat à la bombe dans une discothèque de Berlin qui tua un américain (avec pour réponse l’attentat à la bombe de Tripoli en 1996), et d’innombrables autres incidents qui ont été évités (et qui sont maintenant couverts par le serment de garder le silence et le classement top-secret), tous désignent le besoin de collecte de renseignements à l’échelle mondiale pour la sécurité nationale des Etats-Unis.
Mais malgré les réels dangers qui viennent menacer la paix et la protection des citoyens américains chez eux et à l’étranger, la Constitution américaine est tout à fait explicite quant à la limitation des compétences et du pouvoir du gouvernement.