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13 mars 2010 6 13 /03 /mars /2010 15:31

Petite histoire du Vampirisme

 

 

Faut-il croire aux vampires pour en avoir peur ? Pas forcément si on accepte la définition que donne Todorov du fantastique et qui le situe à la limite du doute et de la certitude. Est fantastique ce dont on n’est pas sûr, ce sur quoi on hésite à s’avancer, ce qui pourrait être vrai mais que l’on ne peut pas prouver. C’est l’incertitude qui créé l’angoisse. En clair, à partir du moment où vous êtes sûr que les vampires existent, ils relèvent d’un phénomène naturel et non du domaine du surnaturel et de l’irréel, ce qui leur enlève une bonne partie de leur pouvoir de nuisance. Ne dit-on pas que la force du diable, c’est de faire croire au monde qu’il n’existe pas ?

 



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Roger Vadim a écrit qu’il ne croyait pas aux histoires de vampires mais à ce qui les avait inspirées. Formule subtile qui écarte d’emblée la première critique, sous forme de question, adressée par les cartésiens, les rousseauistes, les voltairiens, les partisans de Diderot et, somme toute, la totalité des philosophes du siècle des lumières, à ceux qui s’intéressant aux monstres buveurs de sang et consistant à demander « pourquoi s’intéresser à ce qui n’existe pas ? » Car s’il est difficile de prouver l’existence des vampires au quotidien, il est par contre impossible de nier qu’ils font partie de toutes les mythologies et que l’iconographie vampirique remonte à la préhistoire. En clair, si l’on ne dispose pas de preuves de l’existence des vampires, les éléments matériels prouvant que nos ancêtres y croyaient et en avaient peur sont légions. Il n’y a pas de civilisation qui n’ait cru à l’au-delà, c’est-à-dire à une vie après la mort. De là, à croire que les morts veulent et peuvent revenir à la vie…

 

Mais est-il facile de définir avec précision ce qu’est un vampire ? Car si l’angoisse naît du doute que l’on peut éprouver quant à leur existence, encore faut-il savoir de quoi on parle quand on évoque le thème du vampirisme. Le mieux est de consulter le dictionnaire. Le Larousse illustré de 1900 définit ainsi le vampire : « mort que le peuple suppose sortir la nuit du tombeau pour sucer le sang des vivants ». Définition un tant soit peu méprisante qui semble indiquer qu’à l’aube du XXème siècle, les Français instruits ne s’abaissaient pas à croire en de telles sornettes ! Le terme de vampire trouverait sa source dans le terme magyar « oupir » qui signifierait « ivre de sang ». Remontons donc à la source de cette croyance.

 

A une époque où les connaissances médicales étaient inexistantes, l’homme ne savait qu’une chose : la perte du liquide rouge contenu et circulant dans son corps, s’échappant d’une blessure par exemple, provoquait presque immanquablement la mort et était donc indispensable à la vie. A partir du moment où l’humanité, dans son immense majorité, concevait qu’il puisse y avoir une vie après la mort, il était par conséquent logique d’en déduire qu’un être mort ne pouvait désirer qu’une chose, récupérer cette précieuse substance pour revenir à la vie, à tout prix ! De là, les coutumes et rituels funéraires très élaborés et variant d’un continent à l’autre, d’une civilisation à une autre, d’un pays et même d’une simple région à une autre mais visant tous à prévenir toute velléité de retour des morts vers le monde des vivants qu’ils venaient à peine de quitter.

 



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Il s’agissait par exemple (bon nombre de ces pratiques perdurent bien évidemment de nos jours) :

 

- D’enterrer les morts à une grande profondeur, pour rendre toute remontée à la surface plus difficile.

 

- D’envelopper le corps dans un linceul pour rendre tout mouvement presque impossible.

 

- De mettre sur les tombes des pierres suffisamment lourdes pour décourager toute tentative de sortie. Les pierres tombales ne servant pas uniquement à prouver son attachement à la mémoire du défunt ou le budget que l’on est prêt à consacrer pour prouver au monde cet attachement.

 

- De placer de la nourriture sous forme liquide et solide (et même des soporifiques !) et des objets quotidiens dans le cercueil ou le caveau funéraire pour que le mort se sente bien là où il est, et peut-être presque aussi bien sinon mieux qu’il était sur terre. Il arrivait qu’on place dans le caveau des reproductions en miniature d’un homme ou d’une femme pour que le mort se sente moins seul ! Ce qui tendrait à prouver que les vivants ont du mal à concevoir ce que peut-être la « vie » dans l’au-delà et en quoi elle peut différer de celle « sur Terre ».

 

- De déposer une rose sur le cercueil pour que le sang de la rose descende de la tige nourrir la personne décédée ou, au contraire, pour que ses épines en piquant le mort, aspirent le peu de sang restant et l’empêchent ainsi de sortir de sa tombe, au risque de mourir une seconde fois !

 

- Semer des graines (ou des grains de riz) autour de la tombe pour que le vampire perde son temps à les ramasser.

 

- Enterrer certains candidats (les personnes mortes assassinées et non vengées) à la croisée de quatre chemins pour qu’ils ne sachent pas quelle direction choisir une fois sortis du tombeau.

 

- Recouvrir les miroirs car ceux-ci sont les reflets de l’âme et peuvent donc retarder son départ vers le ciel.

 

- Enfermer les animaux domestiques pendant la cérémonie funéraire car si un chat ou un chien enjambe une tombe, la personne enterrée peut devenir un vampire.

 




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Dans certains villages des pays d’Europe de l’Est, les paysans plaçaient une faux à côté du corps au cas où ce dernier aurait eu une envie de travailler. De là est venue l’iconographie de la mort portant sa faux. En Roumanie, on pouvait aussi enfoncer des pieux directement dans le cercueil pour transpercer le cadavre au moindre mouvement.  Dans la Grèce antique, on mettait une pièce dans la bouche d’un mort pour qu’il puisse payer à Charon son passage du Styx. En Prusse, la même pratique avait pour but d’empêcher le mort de mâcher dans sa tombe ! C’est le sujet qu’aborde très sérieusement Michael Ranft dans son livre « De la mastication des morts dans leur tombe », paru en 1828. La coutume consistait à embaucher des cohortes de pleureuses pour suivre le convoi funéraire avait pour but de rassurer l’esprit du défunt sur l’amour véritable que lui portaient ses proches et ainsi éviter qu’il vienne se venger. On pouvait aussi organiser une fête autour du mort pour que les esprits maléfiques rôdant dans le secteur croient à une célébration et non à un enterrement. Il arrivait même que l’on sorte le cadavre du cercueil et qu’on lui fasse faire des pas de danse pour convaincre ces mêmes esprits du mal de ne pas intervenir dans cet événement heureux !



 

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Certaines civilisations, en Europe, en Egypte et en Amérique Latine, procédaient à deux enterrements pour une seule et même personne. La première tombe était placée loin des lieux d’habitation, pour ne pas faciliter la tâche au mort voulant revenir vers son avant dernière demeure. Au bout d’un certain temps, quand le corps était suffisamment décomposé, on le sortait de sa tombe pour s’assurer de sa présence, on nettoyait les os avant de les brûler et d’en enterrer les cendres lors d’une seconde cérémonie, cette fois-ci, dans une sépulture proche des villages puisque tout danger de retour potentiel semblait maintenant écarté.




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Si l’on sait, grâce aux découvertes archéologiques, que la croyance aux vampires est plurimillénaire, comment ce phénomène s’est-il construit ? Avant donc de parler des ancêtres de Dracula, parlons d’abord du diable, ou de ses suppôts, les diables et les démons. La croyance en des forces maléfiques responsables de tous les maux remonte non pas à la nuit des temps mais au temps de la nuit, pourrait-on dire. La mythologie grecque indique en effet que le chaos et la nuit ont précédé toutes choses et que des combats sanglants entre dieux et géants ont accompagné la création du monde. Comment en effet expliquer les mauvaises récoltes, les épidémies, les tremblements de terre, l’éruption des volcans, les guerres, les massacres, les coups du sort, les famines, autrement que par l’intervention de forces extérieures, surnaturelles, toutes puissantes et hostiles ? Les premiers dieux n’étaient ni bons ni mauvais. Ils l’étaient alternativement et on pouvait se concilier leurs bonnes grâces en leur sacrifiant des animaux ou des êtres vivants. Le don du sang en quelque sorte. Le dualisme clair entre le bien et le mal semble trouver sa source dans la religion persane. Au VIIème siècle avant notre ère, celle-ci indique clairement, par la voix de son prophète Zoroastre, qu’au début des choses, il y eut d’abord deux esprits, un bon, nommé Ahoura, et un mauvais, nommé Ahriman. Ahriman tente de séduire Zoroastre et de l’entraîner vers le mal, celui-ci résiste et Ahriman est condamné à un exil forcé aux enfers. Le monde sera un jour sauvé du mal par la venue d’un sauveur, fils de Zoroastre et né d’une vierge. Cette croyance en deux forces opposées irréconciliables est à la base de bien des religions d’inspiration dualiste.

 



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Mais les vampires me direz-vous ? J’y reviens. La mythologie grecque nous offre bon nombre d’exemples de divinités désincarnées, c’est-à-dire qui ne sont pas de chair et de sang, mais des démons, généralement femelles prenant une forme humaine ou parfois mi-humaine mi-animale pour satisfaire leur besoin de vengeance. Cette vengeance consistant généralement à s’attaquer aux enfants ou aux jeunes gens en buvant leur sang. Pourquoi les premiers vampires de la mythologie grecque étaient-ils presque exclusivement de sexe féminin ? Ecartons toute misogynie de la part d’Homère et d’Hésiode à qui l’on doit la majeure partie des légendes mythologiques. Héra, la femme de Zeus était, peut-être à juste titre, extrêmement jalouse de son mari dont les frasques le rendaient presque humain aux yeux des grecs. Sa jalousie se traduisait par contre par des crises d’une violence extrême. N’a-t-elle pas en effet fait assassiner les enfants de Lamia, fruit d’une relation extra-conjugale avec Zeus ? Lamia, folle de douleur et désirant à son tour se venger, se transforma en lamie, un monstre suceur de sang et dévoreur d’enfants.

 

Les stryges revêtent la forme d’oiseaux à tête de femme et aux serres acérées et dégagent une odeur pestilentielle, ce qui est l’une des caractéristiques que l’on prête aux vampires. Les empuses, créatures d’Hécate, déesse de la lune, se transforment en séduisantes jeunes femmes vidant les adolescents de leur sang, entre autres fluides à valeur symbolique. Les furies ou les Euménides : Mégère (l’Ensorceleuse), Alecto (l’Implacable) et Tisiphone (celle qui venge le meurtre). Les furies ont élu domicile aux enfers où elles punissent les méchants et plus particulièrement les parricides. Elles ne boivent pas le sang de leurs victimes mais s’en imprègnent car elles sont toujours représentées avec leurs robes tachées de sang. Elles sont nées du sang versé sur Gaïa, la terre, par Cronos lorsqu’il mutila son père Ouranos, sort que lui fera subir Jupiter. Avant l’avènement des vampires suceurs de sang, il y eut les divinités assoiffées de sang et nées du sang !

 




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Un dernier exemple tiré de la mythologie grecque et qui illustre bien la place qu’y tient le vampirisme : dans le chant XI de l’Odyssée d’Homère, Ulysse, pour pouvoir rentrer chez lui après la guerre de Troie, doit descendre aux enfers, faire parler le devin Tirésias. Il veut aussi, si possible, revoir sa mère. Dans ce but, un agneau et un bélier noirs sont sacrifiés pour que les deux esprits puissent s’abreuver de leur sang, prendre un minimum de force et revêtir un semblant de forme humaine pour pouvoir communiquer avec Ulysse : « Enfin Tirésias paraît… recule de la fosse, retire ton glaive ; laisse moi m’abreuver de ce sang et je te dévoilerai l’avenir… Ma mère enfin s’approche touche de ses lèvres le sang noir des victimes. O mon fils, dit-elle soudain d’une voix lamentable… » L’extrait qui suit montre clairement qu’il ne s’agit pas de vampires au sens où l’on l’entend habituellement et tel que le définissent les dictionnaires. Ulysse parle : « Je désire ardemment embrasser l’image pâle d’une mère adorée : trois fois je m’élance pour la serrer contre mon sein, trois fois elle s’envole de mes bras : ainsi disparaît une ombre fugitive, un songe léger. »

 

Il s’agit donc bien d’esprits pouvant temporairement revêtir forme humaine quand on les évoque au cours d’un rituel précis, et non pas de cadavres ambulants, de corps morts cherchant à revenir à la vie. Revenons à la représentation physique du vampire et des similitudes qu’elle présente avec celle du diable. En l’an 1000, Raoul Glaber, un moine du monastère de Saint Léger, rapporte avoir vu au pied de son lit : « Un petit monstre à forme humaine. Il avait, autant que je pus le reconnaître, le cou frêle, la face maigre, les yeux très noirs, le front étroit et ridé, le nez plat, la bouche énorme, les lèvres gonflées, le menton court et effilé, une barbe de bouc, les oreilles étroites et pointues, les cheveux raides et en désordre, des dents de chien, l’occiput en pointe, la poitrine et le dos en bosse, les vêtements sordides… »

 

Les vampires, d’après des témoignages très précis de médecins militaires ou de prélats, datant généralement du XVIIIème siècle, sont presque toujours, maigres, voûtés, avec des yeux noirs, les oreilles pointues et des cheveux en désordre. Il y a des centaines de témoignages donnant la même description du vampire et qui correspondent à l’iconographie acceptée du diable. Cette représentation a évolué au cours du Moyen Age. Le dieu Pan était dans l’Antiquité représenté comme mi-homme m-bouc et comme un ardent défenseur des plaisirs temporels. Le moyen-âge retiendra les cornes et en affublera le diable. Les canines acérées seront tout d’abord les dents placées en bas dans la mâchoire, et longues de plusieurs centimètres, préfigurant les cornes du diable. Au XIIIe siècle, dans une fresque de Lorenzetti, l’on peut voir un démon représentant la tyrannie affublé de cornes et de canines montantes, tels des stalagmites. D’où vient cette communauté de vue et d’opinion dans la description des vampires ? Caractéristique que l’on retrouve dans un ouvrage écossais du XVIIIe siècle et rapportant avec sérieux de très nombreux témoignages de personnes rapportant avoir rencontré des vampires. Ces portraits relèvent du phénomène de société qu’on appelle aujourd’hui d’une légende urbaine. Il s’agit d’un événement de société, généralement de nature macabre et avéré puisque de nombreux témoins certifient l’avoir vu, vécu ou en avoir entendu parler par un témoin digne de foi. Ce n’est pas un hasard si l’iconographie des vampires suit donc de très près celle du diable.




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Au Moyen-Age, l’église a voulu rectifier deux éléments : le premier est l’interprétation littérale qui pouvait être faite de la transsubstantiation, c’est-à-dire de la transformation, au cours de la messe, du pain et du vin qui deviennent alors réellement le corps et le sang du Christ ; l’autre élément est constitué de certains passages de l’Ancien Testament indiquant clairement que « le sang c’est la vie ». D’autres, passages, situés dans le Nouveau Testament, exhortent les fidèles à boire le sang du Christ pour se rapprocher de lui. Certains fidèles pouvaient en effet interpréter ce miracle permanent littéralement et penser que le meilleur moyen et le plus rapide pour se rapprocher du Seigneur était de boire du sang, de préférence d’une jeune fille vierge, puisque le Christ est né d’une vierge. Amalgame hâtif mais pouvant avoir des conséquences dramatiques. L’existence des vampires a été officialisée au Moyen-Age par la publication de plusieurs ouvrages approuvés par les instances religieuses. Les Malleus Maleficarum, écrit par deux moines dominicains, Heinrich Krammer et Jakob Sprenger, paru en 1484 et approuvé par le pape Innocent VIII. Fait troublant, plusieurs sources autorisées font état d’une première tentative historique de transfusion sanguine sur la personne d’Innocent VIII, pratiquée par de jeunes moines cherchant désespérément à prolonger la vie du Saint Père. La tentative échoua mais il s’agit bien là d’une forme « civilisée » et acceptable de vampirisme médical.

 




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Cet ouvrage recense des cas bien évidemment avérés de vampirisme et permet de cataloguer comme vampires certains éléments perturbateurs de la société médiévale. Ces pratiques considérées comme barbares se sont répandues à travers le monde et on les retrouve dans toutes les religions et sur tous les continents. Dom Augustin Calmet publie en 1746, un traité sur les revenants en corps, les excommuniés, les oupires ou vampires. En Asie, les Mélanésiens craignaient le « talamaur » et le représentait comme un démon se nourrissant de la vitalité des mourants. En Inde, on pourrait croire que la religion bouddhiste, avec son végétarisme, son ascétisme et l’habitude d’avoir recours à la crémation pour se débarrasser des corps, serait dispensée de la présence des vampires. Kali, la déesse des maladies, de la guerre et de la mort est révérée comme une divinité suceuse de sang, mais aussi bienfaisante. N’est ce pas elle qui débarrassa le monde du démon Raktavija, qui se multipliait par 9000 à chaque goutte de sang versé ? Kali le tua, le maintint en l’air et but chaque goutte de sang avant qu’elle n’atteignit le sol. En Malaisie, les femmes enceintes et les enfants en bas-âge risquaient d’être attaqués par le « pennagalan », un vampire constitué uniquement d’une bouche et d’entrailles pendantes et qui volait dans les airs !

 

 Le « lougaroo » des Antilles, à l’origine un vampire avant de devenir loup-garou, est le fruit d’un pacte entre un être humain et le diable. Il y a néanmoins peu de sources indiquant une relation directe entre le roi des démons et une créature vampirique. L’homme est prêt à se damner en échange de la science ou de la vie éternelle (Faust, le Melmoth de Mathurin, le Centenaire de Balzac), mais semble hésiter à signer un pacte uniquement pour pouvoir vivre la nuit, même pour l’éternité !

 

Il n’y avait pas que les divinités qui s’adonnaient au vampirisme. Les guerriers mongols se nourrissaient de sang animal et il est dit que les guerriers Masai de Tanzanie font encore de même. Au Moyen-Age, Vlad Dracul Tepes (Vlad le diable et l’empaleur, 1431-1476, Roi de Vallachie) - source du roman de Bram Stoker « Dracula » paru en 1897 – fit empaler des dizaines de milliers de victimes et prenait son repas au milieu des pieux dressés. La comtesse Bathory, 1560-1614, fut jugée et condamnée en 1614 pour avoir fait périr dans d’atroces souffrances près de 800 jeunes filles pour se baigner dans leur sang et ainsi prolonger la jeunesse de sa peau ! Dans son édition de 1897, à l’intention des écoliers et écolières, « Le Petit Français illustré » indique, page 190, dans un texte aux forts relents colonialistes, sous le titre : « Coutumes Barbares : les Achantis, dont le territoire, aujourd’hui possession britannique, n’est séparé du Dahomey que par la colonie allemande du Togo, n’ont rien à envier, sous le rapport de la cruauté, aux sujets de Béhanzin. A « Koumassi » (Ville de la mort), il y avait trois lieux d’exécution, si l’on peut appeler ainsi les carnages pratiqués pour le plaisir des yeux d’un roitelet nègre. Dans la cour du palais, on tuait les reines, dauphins, courtisans, dignitaires, etc…, qui avaient cessé de plaire. Sur la grande route, on exterminait les sujets ou vassaux plus ou moins convaincus de crimes ou de délits. Dans le temple de Bantam on sacrifiait aux fétiches les prisonniers de guerres. Au milieu du temple, il y avait un grand bassin de cuivre – d’un beau travail du reste, avec les têtes de lion de ses anses – où l’on recueillait le sang des têtes coupées. Ce sang, mélangé avec certaines plantes, était considéré comme un élixir souverain contre une foule d’affections… »

 

 



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La Bible a aussi contribué largement à la croyance aux vampires et aux bienfaits du sang considéré comme boisson salvatrice sinon rédemptrice. Pour renverser cette tendance, l’Eglise a donc dû incorporer à sa liturgie la croyance aux vampires. Elle se l’est appropriée en édictant des règles très strictes sur ce qu’était un vampire, sur qui pouvait le devenir et sur qui l’était déjà. Etait un candidat tout désigné à devenir vampire toute personne excommuniée ou qui n’avait pas reçu les derniers sacrements, tout enfant non baptisé, toute personne pratiquant une forme de religion ne respectant pas à la lettre le dogme de l’Eglise officielle. C’est-à-dire les hérétiques !

 

Un vampire n’est pas un dieu, même pas un démon ou un serviteur du diable. Un démon est le représentant d’une entité qui lui est supérieure et le vampire ne représente rien d’autre qu’une âme en peine et un corps en rupture de tombeau. Il y a peu de source indiquant un lien direct entre le diable tel que l’a conçu la religion chrétienne et le vampire. Le vampire étant à la fois une âme en quête d’éternité dans l’au-delà et un corps à la recherche d’une nourriture immédiate lui permettant de rester sinon « vivant » du moins debout pendant les heures de la nuit. Abordons le thème de la nourriture du vampire. Considérer la valeur symbolique du sang comme élément nutritif permet d’aborder le volet médical du vampirisme.




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Il semblerait qu’il y ait dans le corps humain soixante et un gênes dans les chromosomes qui soient responsables du processus du vieillissement et des maladies qui l’accompagnent. Un régime déséquilibré accroît la présence des radicaux libres dans le corps, source de vieillissement plus ou moins prématuré. Les vampires mangent ou plutôt boivent peu. On ne peut en effet ingurgiter de larges quantités de liquide sans provoquer un phénomène de rejet. Les scènes de vampires vidant entièrement un corps de son sang appartiennent au cinéma d’exploitation et n’ont aucune « réalité » objective ! Les vampires sont donc, par la force des choses, sobres. Se nourrissant avec parcimonie, ils ont moins de radicaux libres dans le corps et donc peuvent paraître jeune plus longtemps. Il ne s’agit donc pas, en l’occurrence, d’une légende urbaine. Le sang, s’il n’est pas synonyme de vie, sert indubitablement à la prolonger.

 

Comment reconnaître un vampire ? Le cinéma et la littérature (John Badham, Neil Jordan, Francis Ford Coppola, Terence Fisher, Christopher Lee, Ann Rice sont passés par là…) ont fait évoluer l’image du vampire. Le vampire moderne est cynique (vivre à tout prix, n’être redevable à personne), romantique (c’est dur de ne vivre que la nuit et d’être seul), séduisant, (il est préférable de séduire plutôt que la forcer), bien habillé (les vampires peuvent faire vivre les stylistes si le contraire n’est pas vrai). Le vampire se reconnaît à sa grande taille, à sa pâleur, à ses ongles assez longs, au fait qu’on ne le voit jamais mangé ni boire pendant la journée. Comment s’en débarrasser : le pieu dans le cœur est le plus ancien remède, pour des raisons pratiques plus qu’esthétiques ou philosophiques. Le cœur est une pompe gorgée de sang ; percer la pompe tue non seulement le vampire mais en même temps son outil de travail. Décapiter un vampire est aussi un moyen radicalement efficace, mais pas réservé exclusivement aux buveurs de sang. Bon nombre de spécialistes indiquent que l’ail est une trouvaille récente. Les Egyptiens en avaient fait une divinité. Les méridionaux connaissaient ses vertus thérapeutiques et médicinales et s’en servaient efficacement pour lutter contre bon nombre d’infections. Au temps des épidémies de peste, on s’en servait contre les infections mais aussi pour lutter contre l’odeur pestilentielle.

 

Exposer un vampire à la lumière du jour (mais c’est un fait reconnu que trop de soleil nuit à la santé), l’asperger d’eau bénite semble être un remède relativement récent. Les vampires buveurs de sang existent. En Amérique du Sud, on trouve deux espèces de chauve-souris vampires qui se nourrissent exclusivement de sang animal… mais ceci est une autre histoire de vampires.

 




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