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16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 15:44

Mozart

 

La Flûte enchantée et les Mystères d’Egypte

 

Composée en 1771, la Flûte enchantée est le Grand Œuvre initiatique de Mozart. Aboutissement d’un long processus commencé avec une œuvre de jeunesse, Thamos, roi d’Egypte, cet opéra révèle les étapes de l’initiation d’un couple aux mystères d’Isis et d’Osiris. Ce texte sacré devait servir de fondation au nouvel Ordre initiatique que Mozart avait l’intention de fonder. Mais ce génie fut assassiné au moment où cet Ordre devait voir le jour



Portrait de Mozart-v1

Mozart, le visionnaire Franc-maçon

 

Le 30 septembre 1791 fut créée à Vienne la Flûte enchantée « grand opéra en deux actes » de Mozart et Schikaneder, tous deux Francs-maçons. Si ce dernier a signé le livret de l’opéra, c’est bien à Mozart qu’il faut attribuer la conception du texte.

 

Plusieurs séances de travail sous la direction du Vénérable et alchimiste Ignaz von Born qui avait abandonné toute fonction maçonnique pour ne pas cautionner la politique répressive de l’Etat autrichien, permirent au musicien d’élaborer un véritable rituel, destiné à la future société initiatique, « la Grotte », qu’il avait décidé de fonder avec des Frères et des Sœurs, dont le clarinettiste Anton Stadler et la comtesse Thun.

 


 

Mozart et la Franc Maçonnerie-v1

 

 

Les sources littéraires de la Flûte enchantée sont multiples, mais l’essentiel est ailleurs. Au contact de la Franc-maçonnerie depuis son adolescence, Mozart composa en 1773 la première version de Thamos roi d’Egypte qu’il retravailla en 1779. Cette vision de la confrérie des prêtres et des prêtresses du Soleil fut l’origine de l’extraordinaire plan d’œuvre consacré à l’initiation : Les Noces de Figaro, grade d’Apprenti ; Don Juan, grade de Compagnon ; Cosi fan tutte, grade de Maître ; la Flûte enchantée : initiation du Roi et de la Reine, et accomplissement de l’Art Royal.

 

A propos du livret de la Flûte enchantée, le Franc-maçon Goethe affirmait : « Il faut plus de savoir pour reconnaître de ce livret que pour la nier… Il suffit que la foule prenne plaisir à la vision du spectacle. Aux initiés n’échappera pas, dans le même temps, sa haute signification. »

 

« La Flûte enchantée, constate H. Barraud, n’est pas un opéra. C’est une cérémonie initiatique ». « C’est le plus grave des opéras où la clarté des symboles laisse transparaître toute une philosophie de la vie et de la lumière », confirme J.-F. Labie.

 

La Flûte enchantée, rituel égyptien du couple sacré

 

S’agit-il d’une simple initiation maçonnique au grade d’apprenti ? Certainement pas. Elle a déjà eu lieu pendant les Noces de Figaro et la Flûte enchantée évoque un rituel égyptien, celui des mystères d’Isis et d’Osiris, consacré à l’avènement du couple royal formé de Tamino et de Pamina. Formés sur la racine « min » qui évoque à la fois le dieu symbolisant la résurrection d’Osiris et la stabilité de l’œuvre royale, leurs noms sont complémentaires et indissociables.

 

L’un et l’autre s’évanouissent pour renaître, et leur amour, marqué du sceau de l’éternité, franchit les frontières de la mort. Avant leur mariage sacré, couronnement des quatre opéras initiatiques de Mozart, chacun devra suivre un chemin spécifique. Tamino affrontera les épreuves en compagnie de son double humain, Papageno, dont il finira par se détacher, tandis que Pamina bénéficiera de l’enseignement du Vénérable Sarastro, de Maître à disciple.



 

osiris-isis-nepths

 

 

 

La Reine de la nuit et son clan s’opposent à l’initiation d’une femme, de même que plusieurs Francs-maçons de la Loge de Sarastro. Or, celui-ci détient le cercle solaire aux sept rayons, symbole de la nécessaire union entre la voie masculine et la voie féminine. Conscient qu’il s’agit d’une démarche vitale, il lutte contre ces forces obscures et parvient à les vaincre.

 

Tamino devenant Osiris et Pamina Isis, ils reforment le couple primordial, à l’origine de toute harmonie : « Une femme qui n’a peur ni de la nuit ni de la mort est vénérable et sera initiée » ; et Pamina guide Tamino à travers le feu, l’eau et les ténèbres du trépas. En tous lieux, elle demeure à ses côtés, et l’amour crée le chemin. Ensemble ils accèdent au cœur du sanctuaire où les accueillent Frères et Sœurs. Revêtus d’habits sacerdotaux, ils règnent désormais sur la communauté des initiés, célébrant le triomphe de la lumière.

 

Pourquoi la « Flûte enchantée » ?

 

Souvent, on s’interroge sur le titre de l’opéra en s’étonnant que la fameuse Flûte enchantée n’y joue qu’un rôle mineur. Le texte, lui, souligne, au contraire, son rôle primordial. D’où provient-elle ? Pamina nous l’apprend, avant d’affronter avec Tamino l’épreuve décisive qui les conduira à l’initiation suprême : « Lors d’une heure magique, mon père l’a taillée au plus profond d’un chêne millénaire, alors que se produisaient l’éclair, le tonnerre, la tempête et le vacarme. » Cette Flûte est donc le chef-d’œuvre d’un Vénérable Maître connaissant l’emplacement de l’arbre de vie. Malgré le tumulte cosmique, il a transformé la nature en art. En cet instrument s’incarne le secret de la puissance vitale où résident les feux maîtrisés du Grand Œuvre.

 

A deux reprises la flûte enchanteresse sera offerte à Tamino. D’abord, par les trois Dames de la Reine de la nuit, chargées de lui en révéler les multiples fonctions : « C’est notre Reine qui te l’envoie. La flûte magique te protégera et te soutiendra dans le plus profond malheur. Avec elle, tu pourras agir en tout-puissant et transformer les passions des hommes. Le triste deviendra joyeux, le vieux garçon percevra l’amour. Une telle flûte vaut davantage que l’or et les couronnes, car elle multiplie le bonheur des hommes et la joie. »

 


 

pantheon

 

 

Ensuite, par les trois garçons solaires qui complètent la première révélation et permettent à Tamino, en jouant de la flûte, de percevoir toutes les puissances du jour et de la nuit. Lorsqu’il apprend des initiés que Pamina est vivante, Tamino rend hommage à ces Tout-Puissants en jouant de la flûte enchanteresse. Apparaissent alors des animaux de toutes les espèces : « Quelle n’est pas la puissance de ton son magique, parce que, charmante flûte, grâce à ton jeu, même les bêtes sauvages éprouvent de la joie.

 

Pendant ces terrifiants voyages, seule la flûte enchanteresse maintient le futur couple royal à l’abri des périls. Victorieux, le Frère et la Sœur accèdent au bonheur d’Isis et pénètrent dans un temple semblable à un soleil. La flûte enchanteresse se trouve donc au cœur de la démarche Initiatique de Pamina et de Tamino, et c’est grâce à elle qu’ils parviennent au terme de leur chemin.

 

Sans nul doute, le Frère Mozart a évoqué ainsi la Règle des Maçons de la pierre franche. Elle détourne les attaques d’un mauvais destin et permet aux initiés d’échapper à « peine, angoisse et danger ». Cette Règle des bâtisseurs en esprit est, par excellence, l’outil et l’instrument de la musique des sphères, l’expression de la pensée du Souverain Architecte des mondes qui, par l’Art royal, bâtit la vie à chaque instant. Et il appartient au nouveau couple royal, formé de Tamino et de Pamina, de prolonger son œuvre.

 

Le message initiatique de Mozart

 

En 1791, année de sa mort ou, plus exactement de son assassinat, Mozart préparait, en compagnie de son Frère Anton Stadler et de sa Sœur, la comtesse Thun, la création d’une nouvelle société initiatique, la Grotte. Intégrant la Franc-maçonnerie et la dépassant. Elle réunirait des Frères et des Sœurs qui célébreraient l’initiation aux mystères d’Isis et d’Osiris. Grâce à la Flûte enchantée et à d’autres œuvres, il est possible de mettre en lumière les valeurs fondamentales auxquelles le Maître Maçon Wolfgang Mozart était attaché et sur lesquelles il voulait fonder le nouvel édifice.

 

En premier lieu, la tradition initiatique de l’Egypte ancienne. Découverte lors de la composition de Thamos, roi d’Egypte, approfondie tout au long de son parcours maçonnique grâce aux recherches du Vénérable Ignaz von Born, elle permettrait aux Frères et aux Sœurs de boire à la source de la connaissance et de célébrer les rituels originels dont on retrouve des échos en Franc-maçonnerie.

 

Ensuite, la dimension spirituelle liée à la qualité même de cette initiation. Que désire Tamino ? L’amour et la vertu. Die Tugend, la Vertu, ne se limite pas à sa morale. Si elle fait la grandeur de l’initié, c’est parce qu’elle implique la rectitude et la capacité de suivre la voie droite et de respecter le Serment prononcé dans le temple. Il s’agit d’un concept très proche de Maât, la valeur centrale de la pensée égyptienne.




pentagr                          Temple et Lumière

 

 

« Ecoute bien notre enseignement recommandent à Tamino les trois êtres célestes : sois persévérant, patient et secret ». Au cœur de la grotte primordiale, le « Cabinet de Réflexion », figurent deux préceptes fondamentaux : Vigilance et Persévérance. S’y ajoutent l’ardeur et la pureté. « Que votre noblesse soit la clarté d’esprit, aimez l’ordre, la proportion et l’harmonie », recommande le Maître, faisant ainsi allusion à la Règle des Maçons de la Pierre franche, mûre expression de Maât, symbolisée par la flûte magique : « Une telle flûte vaut davantage que l’or et les couronnes, car elle multiplie le bonheur des hommes et la joie ».

 

« Si un être faillit, indique le Vénérable Sanistro, l’amour le conduit vers le devoir ». Ce simple précepte montre que cet amour-là n’est ni sentiment ni passion, mais force de l’âme capable de guider l’être. Lorsque Tamino tombe amoureux de Pamina il a la vision d’une image divine, autrement dit la déesse Isis, inaltérable et « toujours semblable à elle-même » malgré souffrance, violence et flatterie.

 

Les Noces de Figaro, Don Juan Cosi fan tutte et la Flûte enchantée forment un plan d’œuvre d’une parfaite cohérence qui retrace à la fois le parcours des grades maçonniques (Apprenti, Compagnon, Maître) et la formation du couple royal, formé du Frère et de la Sœur, dont le mariage alchimique s’accomplira au terme du rituel de La Flûte. « Il n’y a rien de plus noble que d’être épouse et mari. Mari et épouse, épouse et mari atteignent à la divinité » : encore faut-il que le couple soit initié aux grands mystères et rituellement consacré. « Une femme qui ne craint ni la nuit ni la mort est Vénérable et sera initiée ».

 

Le couple doit affronter l’épreuve suprême et grâce à la Règle et à sa puissance, il chemine, joyeux à travers la sombre nuit de la mort et atteint le temple où lui sont accordés l’esprit de sagesse et la consécration d’Isis. En mettant l’accent sur la formation et l’initiation du couple royal, Mozart écartait les élucubrations des hauts grades qui avaient conduit la Franc-maçonnerie dans l’impasse. Ainsi, il restitue le concept central de l’initiation égyptienne.

 

Alors, il devenait possible de travailler réellement à la construction du « Grand édifice », « le sanctuaire qui doit nous déchiffrer le grand mystère ». Selon la Flûte enchantée il comprend un temple central, celui de la Sagesse, encadré des temples de la Raison et de la Nature. Là résident la sagesse (Pilier de la Sagesse), le travail (Pilier de la Force) et les arts (Pilier de la Beauté). Là règne l’action (le rituel initiatique) et recule le désœuvrement, le fait d’être hors de l’œuvre.

 

Le couronnement de l’œuvre

 

« Celui qui chemine sur cette voie pleine de pénibles charges, annonce Mozart, sera purifié par le feu, l’eau, l’air et la terre ; s’il peut surmonter l’effroi de la mort, il s’élancera de la terre jusqu’au ciel. Illuminé, il sera alors capable de se consacrer totalement aux mystères d’Isis. » Au sein du temple, en effet, l’initié reçoit avec dignité « la vraie lumière de l’Orient ». Et seul l’être persévérant « peut s’approcher de la source de la lumière ». « Heureux qui pourra dire un jour : la lumière éclaire ma route. »

 

Sur la poitrine du Vénérable Sarastro brille le cercle solaire aux sept rayons, synthèse de l’initiation masculine et de l’initiation féminine que le « nouveau couple », formé de Tamino et de Pamina, aura pour devoir sacré de transmettre. Consumant toutes choses en les absorbant, ce cercle est l’image du Grand Œuvre alchimique réalisé lors du mariage du Roi et de la Reine.

 

La joie du Maçon ? Voir comment la nature révèle son secret par degrés, comment elle remplit l’esprit et le cœur de haute Sagesse. « Que la connaissance de la Sagesse soit ma victoire », souhaite Tamino, et la victoire de cette Sagesse sur les ténèbres est la condition indispensable pour que la terre devienne un royaume céleste. « La Force a triomphé, conclut le rituel de la Flûte enchantée, et, en guise de récompense, a couronné la Beauté et la Sagesse d’une éternelle couronne ». Ainsi, Mozart évoque-t-il le jeu initiatique des trois Grands Piliers de la Loge – Sagesse, Force et Beauté – élément essentiel de l’Art royal.

 

Mozart fut un authentique Maître spirituelle dont les œuvres majeures offrent une vision inédite de l’aventure initiatique. Véritable passeur, il relie l’au-delà et l’ici-bas, met en lumière les valeurs créatrices et ressuscite la tradition égyptienne qu’il considérait comme la source de l’initiation future.

 

 

Loge Rite Memphis-Misraim


 
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