Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 18:41

Nidâna et Mâya : Les Grandes Causes de la Misère

 

Les Sept Chemins de Béatitude n’étaient pas (a). Les Grandes Causes de la Misère n’étaient pas, car il n’y avait personne pour les produire, et personne pour tomber dans leur piège (b).

   

a) Il y a « Sept Sentiers » ou « Voies » conduisant à la « Béatitude » de la Non-Existence, qui est l’Etre, l’Existence et la Conscience absolus. Ils n’étaient point, parce que l’Univers était jusqu’alors vide, et n’existait que dans la Pensée Divine.

  

 

 

2001 9

 

 

 

b) Car ce sont les douze Nidânas, ou Causes de l’Etre. Chacune est l’effet de la cause antécédente, et, à son tour, la cause de son successeur ; la somme totale des Nidânas est basé sur les Quatre Vérités, doctrine qui caractérise spécialement le système Hînayâna. Elles appartiennent à la théorie qui dit que tout subit le courant de la loi, loi inéluctable qui produit le mérite et le démérite, et finalement met Karma en pleine action. C’est un système basé sur la grande vérité qu’on doit redouter la réincarnation parce que l’existence dans ce monde n’apporte aux hommes que souffrance, misère et douleur ; la mort même étant incapable d’en délivrer les hommes, puisque la mort n’est qu’une porte par laquelle ils passent à une autre vie sur la terre, après un peu de repos sur son seuil, le Dévachan. Le Système Hînayâna, ou Ecole du Petit Véhicule, date de temps très anciens, tandis que le Mahâyâna, ou Ecole du Grand Véhicule, est d’une période plus récente ; il a commencé après la mort de Bouddha. Cependant, les doctrines de cette dernière école sont aussi vieilles que les montagnes qui ont été le siège de pareilles écoles depuis des temps immémoriaux, et, en réalité, l’Ecole Hînayâna et l’Ecole Mahâyâna enseignent toutes les deux la même doctrine. Yâna, ou Véhicule (sanscrit, Vahan) est une expression mystique, les deux « Véhicules » inculquent la doctrine que l’homme peut éviter les souffrances d’une renaissance, et même la fausse béatitude du Dévachan, en obtenant la Sagesse et la Connaissance qui, seules, peuvent dissiper les Fruits de l’Illusion et de l’Ignorance.

  

 

 

2001 10

 

 

Mâya, ou Illusion, est un élément qui entre dans toutes les choses finies, car tout ce qui existe n’a qu’une réalité relative et non absolue, puisque l’apparence, que le noumène caché revêt pour un observateur donné, dépend du pouvoir de discernement de ce dernier. Pour l’œil non exercé du sauvage, une peinture est d’abord une confusion dépourvue de sens, de lignes et de taches de couleurs, tandis qu’un œil cultivé y voit tout de suite un visage ou un paysage. Rien n’est permanent , à l’exception de l’unique Existence cachée et absolue qui contient elle-même les noumènes de toutes réalités. Les existences appartenant à chaque plan d’être, jusqu’aux Dhyân Chôchans les plus élevés, sont, comparativement, comme les ombres jetées par une lanterne magique sur un écran incolore. Néanmoins, toutes ces choses sont relativement réelles, car l’observateur est, lui aussi, une réflexion, et les choses perçues lui sont donc aussi réelles que lui-même. Pour savoir quelle réalité possèdent les choses, il faut les considérer avant ou après qu’elles ont passé comme un éclair à travers le monde matériel ; car nous ne pouvons pas en connaître directement, tant que nous possédons des instruments, des sens qui n’apportent à notre conscience que les éléments de l’existence matérielle. Sur quelque plan que notre conscience agisse, les choses qui appartiennent à ce plan sont, comme nous-même, pour le moment, nos seules réalités. Mais, à mesure que nous nous élevons sur l’échelle du développement, nous nous apercevons que, dans les étapes par lesquelles nous avons passé, nous avons pris des ombres pour des réalités, et que le progrès ascendant de l’Ego est une série d’éveils progressifs, chaque pas en avant apportant avec lui l’idée que maintenant nous avons, enfin, atteint la « réalité » ; mais ce n’est seulement que lorsque nous aurons atteint la Conscience absolue et fusionné la nôtre en elle, que nous serons délivrés des illusions produites par Mâya.

 

Les causes de l’Existence : Etre et Non-Etre

 

 

Les causes de l’Existence (a) avaient été éliminées. Le Visible qui avait été, et l’Invisible qui est, se reposaient dans le Non-Etre Eternel, Etre Unique (b).

  

a) « Les Causes de l’Existence » signifient non seulement les causes physiques connues de la Science, mais les causes métaphysiques, dont la principale est le désir d’exister, produit de Nidâna et de Mâya. Ce désir d’une vie sensible se montre en tout, de l’atome au soleil, et c’est une réflexion de la Pensée Divine projetée dans l’existence objective comme loi qui veut que l’Univers existe. Selon l’enseignement ésotérique, la cause réelle de ce désir supposé et de toute existence reste à jamais cachée, et ses premières émanations sont les abstractions les plus complètes que le mental puisse concevoir. Il nous faut postuler ces abstractions comme cause de cet Univers matériel qui se présente aux sens et à l’intelligence ; elles doivent nécessairement être sous-jacentes aux pouvoirs secondaires et subordonnés de la Nature, que la multitude de tous les âges a anthropomorphisés et adorés comme « Dieu » et « dieux ». Il est impossible de concevoir quoi que ce soit sans une cause ; essayer de le faire serait réduire le mental à zéro. C’est virtuellement l’état dans lequel le mental doit finalement se trouver lorsque nous essayons de remonter la chaîne des causes et des effets ; mais la Science et la Religion se jettent beaucoup plus vite dans cet état qu’il n’est nécessaire, car elles ignorent les abstractions métaphysiques qui sont les seules causes concevables des concrétisations physiques. Ces abstractions deviennent de plus en plus concrètes à mesure qu’elles s’approchent de notre plan d’existence, jusqu’à ce que, finalement, elles deviennent phénoménales, sous forme d’Univers matériel, par un procédé de conversion de métaphysique en physique analogue à celui par lequel la vapeur se condense en eau, et l’eau se congèle en glace.

  

 

 

evil dead 08

 

    

b) L’idée de « l’Eternel Non-Etre » qui est « l’Etre Unique » paraîtra un paradoxe à quiconque ne se rappelle pas que nous limitons nos idées d’Etre à notre conscience présente de l’Existence, en faisant un terme spécifique plutôt que générique. Un enfant non encore né, s’il pouvait penser, dans l’acceptation que nous donnons à ce mot, limiterait nécessairement de la même manière sa conception de l’Etre à la vie intra-utérine, - la seule qu’il connaisse, - et s’il cherchait à exprimer à sa conscience l’idée de la vie après la naissance (pour lui, la mort), il arriverait probablement, faute de données de bases et de facultés pour comprendre celles-ci, à exprimer cette vie comme le « Non-Etre qui est l’Etre Réel ». Dans notre cas, l’Etre Unique est le noumène de tous les noumènes que nous savons être sous-jacents à tous les phénomènes et leur donner le peu d’ombre de réalité qu’ils possèdent, mais pour lesquels nous manquons des sens et de l’intelligence nécessaires à leur connaissance. Les atomes impalpables d’or parsemés à travers la substance d’une tonne de quartz aurifiée sont peut-être imperceptibles à l’œil nu du mineur, cependant celui-ci sait que non seulement ils y sont, mais qu’eux seuls donnent à son quartz une valeur appréciable ; et cette relation entre l’or et le quartz ne peut que faiblement esquisser celle qui existe entre le noumène et le phénomène. Mais le mineur sait ce que sera l’or extrait, tandis que le mortel ordinaire ne peut avoir aucune conception de la réalité des choses séparée de la Mâya qui les voile et où elles sont cachées. L’Initié seul, riche de la science acquise par les nombreuses générations de ses devanciers, dirige « l’œil de Dangma » vers l’essence des choses sur lesquelles Mâya ne peut avoir d’influence. C’est ici que les enseignements de la Philosophie ésotérique, dans ses relations avec les Nidânas et les Quatre Vérités, deviennent d’une grande importance, mais ils sont secrets.

 

L’Absolu ne se connaît pas

 

Où était le Silence ? Où se trouvaient les oreilles pour le percevoir ? Non, il n’y avait si Silence ni Son (a) ; rien que le Souffle Eternel qui ne cesse jamais, ne se connaît pas lui-même (b).

  

a) L’idée que les choses peuvent cesser d’exister sans cesser d’être est fondamentale dans la psychologie de l’Orient. Sous cette contradiction apparente de termes, il y a un fait de la Nature, qu’il est plus important de saisir par le mental que d’en discuter les mots. Un exemple vulgaire d’un paradoxe semblable nous est donné dans une combinaison chimique. La question n’est pas encore résolue de savoir si l’hydrogène et l’oxygène cessent d’exister lorsqu’ils se combinent pour former l’eau : les uns disent que, puisqu’on les retrouve lorsque l’eau est décomposée, il faut qu’ils y aient été tout le temps ; d’autres prétendent que, puisqu’ils se transforment à ce moment en quelque chose entièrement différent, il faut qu’ils cessent d’exister, comme tels, pendant ce temps ; mais ni les uns ni les autres n’ont pu former la moindre conception de la condition actuelle d’une chose, qui est devenue autre, et qui, pourtant n’a pas cessé d’être elle-même. Pour l’oxygène et l’hydrogène, l’existence – comme eau – peut être appelée un état de Non-Etre, qui est un « Etre plus réel » que leur existence comme gaz, et cela peut faiblement symboliser la condition de l’Univers lorsqu’il s’endort, ou cesse d’être, durant les Nuits de Brahmâ, - pour se réveiller et réapparaître lorsque l’aurore du nouveau Manvantara le rappelle à ce que nous appelons l’existence.

 

 

b) Le « Souffle » de l’Existence Unique est une expression que l’Esotérisme Archaïque n’emploi qu’en ce qui concerne l’aspect spirituel de la Cosmogonie ; dans les autres cas, elle le remplace par son équivalent sur le plan matériel, le Mouvement. L’Elément Unique Eternel, ou Véhicule contenant l’élément, est l’Espace, l’espace qui est sans dimensions dans tous les sens : avec quoi coexistent la Durée sans Fin, la Matière Primordiale (et par conséquent indestructible), et le Mouvement, - le « Mouvement Perpétuel » Absolu, qui le « Souffle » de l’Elément « Unique ». Ce souffle, comme on l’a vu, ne peut jamais cesser, pas même pendant les Eternités Pralayiques.

  

 

 

Le mandala éternel

 

 

 

Mais le nom de « Souffle de l’Existence Unique » ne s’applique cependant pas à la Cause Une sans Cause, ou « Tout-Etreté », par opposition au « Tout-Etre », qui est Brahmâ ou l’Univers. Brahmâ, le dieu aux quatre faces, qui, après avoir tiré la Terre des eaux, « accomplit la création », - est tenu pour la Cause Instrumentale seulement, ce qui implique clairement qu’on ne le considère pas comme la Cause Idéale. Aucun Orientaliste, jusqu’ici, ne paraît pas avoir complètement compris le sens réel des versets qui traient de la « création » dans les Purânas.  

  

Brahmâ y est la cause des pouvoirs qui doivent être plus tard générés pour l’œuvre de la « création ». Par exemple, dans le Vishnu Purâna, cette partie de la traduction qui dit : « Et de lui procèdent les pouvoirs qui doivent être créés après qu’ils sont devenus la cause réelle », serait peut-être mieux rendue ainsi : « Et de cela procèdent les pouvoirs qui créeront en devenant la cause réelle (sur le plan matériel). » A l’exception de cette Cause Unique (sans Cause) et Idéale, il n’est pas de cause à laquelle on puisse rapporter l’Univers. « Cette cause est le plus parfait des ascètes, et c’est par son pouvoir (par le pouvoir de cette cause), que tout ce qui est créé se développe par la nature qui lui est propre ou inhérente. » Si, « dans le Védânta et le Nyâya, nimitta est la cause efficiente opposée à Upâdâna, la cause matérielle, et dans le Sânkhya, pradhâna implique les fonctions des deux réunies » ; dans la Philosophie Esotérique, qui réconcilie tous ces systèmes et dont la meilleure interprétation est le Védânta telle qu’il est expliqué par les Védântistes Advaïtistes, on ne peut faire de spéculations que sur l’oupâdâna. Ce que les Vaïshnavas (partisans du Visishthadvaïtisme) tiennent pour l’idéal, par opposition au réel, - ou Parabrahman et Ishvara, - ne peut trouver place dans aucune spéculation publiée, puisque cet idéal même est un terme trompeur lorsqu’il s’applique à ce qu’aucune raison humaine, pas même celle d’un Adepte ne peut concevoir.  

 

Se connaître soi-même nécessite que la conscience et la perception soient connues, et ces deux facultés sont limitées par rapport à n’importe quel sujet, sauf Parabrahman. C’est pourquoi l’on dit que « le Souffle Eternel ne se connaît pas ». L’Infini ne peut comprendre le Fini (et vice-versa). Le sans Bornes ne peut avoir de relations avec le Borné et le Conditionné. Dans la donnée Occulte, l’Inconnu et le Moteur Inconnaissable, ou le Soi-Existant c’est l’Essence Divine Absolue. Et du moment que c’est la Conscience Absolue et le Mouvement Absolu, - pour les sens limités de ceux qui essaient de décrire ce qui est indescriptible, - c’est l’inconscience et l’immuabilité. La conscience concrète ne peut être l’attribut de la conscience abstraite, pas plus que le mouillé n’est une qualité inhérente à l’eau, - l’humidité est son propre attribut et la cause de la qualité humide en d’autres choses. Conscience implique limitations et qualifications : quelque chose dont il y ait à être conscient, et quelqu’un pour en être conscient. Mais la Conscience Absolue contient celui qui connaît, la chose connue et la connaissance ; les trois choses sont à la fois en elle et ne font qu’un. Nul n’est conscient que de la partie de sa connaissance qui peut, à un moment donné, être rappelée à son mental ; mais le langage humain est si pauvre que nous n’avons pas de termes pour distinguer la connaissance que nous n’évoquons pas de celle que nous ne pourrions pas rappeler à la mémoire. Oublier est synonyme de ne passe souvenir. Combien plus difficile nous est-il, dès lors, de trouver des termes pour décrire et distinguer les faits métaphysiques abstraits, et leurs différences ! Il ne faut pas oublier, non plus, que nous nommons les choses selon les apparences qu’elles présentent pour nous. Nous appelons la Conscience Absolue « inconscience » parce qu’il nous semble qu’il doit en être nécessairement ainsi ; de même que nous appelons l’Absolu « Obscurité », parce que, à notre compréhension finie, cela semble absolument impénétrable ; mais nous reconnaissons pleinement que notre perception de ces choses ne leur rend pas justice. Nous distinguons involontairement dans notre mental, par exemple, entre la Conscience Absolue inconsciente, et l’Inconscience, en donnant secrètement à la première une certaine qualité indéterminée qui correspond, sur un plan plus élevé que celui que nos pensées peuvent atteindre avec ce que nous connaissons comme la conscience en nous-même. Mais ce n’est pas là un genre de conscience que nous puissions distinguer de ce qui nous apparaît comme inconscience.

 

L’Univers était encore caché dans la Pensée Divine

 

La « Pensée divine » n’implique pas l’idée d’un Penseur Divin. L’Univers, non seulement passé, présent et futur – idée humaine et finie, rendue par une pensée finie – mais l’univers total, le Sat (terme intraduisible), l’Etre Absolu avec le Passé et l’Avenir cristallisés dans un éternel Présent, voilà cette Pensée, réfléchie dans une cause secondaire ou manifestée. Brahman (neutre), comme le Mysterium Magnum de Paracelse, est un mystère absolu pour le mental humain. Brahmâ, le mâle-femelle, aspect et réflexion anthropomorphiques de Brahman est concevable aux perceptions de la foi aveugle quoique rejeté par l’intellect humain parvenu à sa majorité.

  

C’est pourquoi il est dit que pendant le prologue, pour ainsi dire, du drame de la création, ou le commencement de l’évolution cosmique, l’Univers, ou le « Fils », est encore caché « dans la Pensée Divine » qui n’avait pas encore pénétré le « Sein Divin ». Cette idée – qu’on le remarque bien – se trouve à la base et forme l’origine de toutes les allégories au sujet des « Fils de Dieu » nés de vierges immaculées.

  

 

 

Le souffle d'or

 

 

 

Les Transmigrations de l’Ego

 

Pour aider ceux qui n’ont pas lu, ou qui n’ont pas clairement compris dans les écrits théosophiques la doctrine des Chaînes septénaires de Mondes dans le Cosmos Solaire, nous allons donner ici un abrégé de l’enseignement.

  

1. Tout dans l’Univers métaphysique comme dans l’Univers physique, est septénaire. Par conséquent, chaque corps sidéral, chaque planète, visible ou invisible, est supposée avoir six Globes-compagnons. L’évolution de la vie se fait sur ces sept Globes, ou corps, du Premier au Septième, en sept Rondes ou Cycles.

 

 

 

2001part43

 

 

 

2. Ces Globes sont formés par un processus que les Occultistes appellent « la renaissance des Chaînes (ou Anneaux) Planétaires ». Lorsque la Septième ou dernière Ronde d’un de ces Anneaux a commencé, le Globe supérieur, ou premier, A, - et avec lui, tous les autres successivement, jusqu’au dernier, - au lieu d’entrer dans une période plus ou moins longue de repos – ou « observations », comme dans les Rondes précédentes, - commence à s’éteindre. La dissolution « planétaire » (Pralaya) s’approche, son heure a sonné ; chaque Globe doit transférer sa vie et son énergie à une autre planète.

  

 

 

2001part41a

 

 

 

3. Notre Terre étant le représentant visible de ses globes-compagnons supérieurs et invisibles, ses « Seigneurs » ou « Principes », doit exister, comme les autres, durant sept Rondes. Pendant les trois premières, elle se forme et se consolide ; pendant la quatrième, s’installe et se durcit ; pendant les trois dernières, elle revient peu à peu à sa forme éthérique primitive ; elle est, pour ainsi dire, spiritualisée.

  

 

 

2001part41b

 

 

 

4. Son Humanité ne se développe pleinement que dans sa Quatrième Ronde – la nôtre. Jusqu’à ce Quatrième Cycle de Vie, cette Humanité n’est ainsi appelée que faute d’un meilleur terme. De même que la larve devient chrysalide, puis papillon, l’Homme, ou plutôt ce qui devient plus tard l’Homme, passe à travers toutes les formes et toutes les règles pendant la Première Ronde, et à travers toutes les formes humaines pendant les deux Rondes suivantes. Arrivé sur notre Terre, au commencement de la Quatrième, dans la série actuelle de Races et de Cycles de Vie l’Homme est, pour ainsi dire, la première forme qui y apparaisse, puisqu’il n’est précédé que par les règnes minéral et végétal – et ce dernier doit d’ailleurs continuer à parachever son évolution par l’intermédiaire de l’homme. Pendant les trois Rondes à venir, l’Humanité, comme le Globe sur lequel elle vit, tendra sans cesse à reprendre sa forme primitive, celle d’une collectivité Dhyân Chôhanique. L’Homme, en effet, comme tout autre atome de l’Univers, tend à devenir un Dieu, et ensuite, - Dieu.

  

 

 

2001part46

 

 

5. Chaque Cycle de Vie sur le Globe D (notre Terre) se compose de sept Races-Racines. Elles commencent par l’éthéré et finissent par le spirituel, sur la double ligne de l’évolution physique et morale – du commencement de notre Ronde Terrestre à sa fin. L’une est une « Ronde Planétaire » allant du Globe A au Globe G, le septième ; l’autre, la « Ronde Globale » ou Terrestre.

 

 

 

infinite125B

 

 

 

6. La Première Race-Racine, c’est-à-dire les premiers « Hommes » sur la Terre (quelle qu’en fût la forme) étaient les descendants des « Hommes Célestes » correctement nommés, dans la philosophie Indienne, les « Ancêtres Lunaires » ou Pitris, lesquels étaient composés de sept Classes ou Hiérarchies.

 

.../...

     

 

 

 

  

Partager cet article
Repost0
1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 18:01

Les doctrines orphiques

 

Avant d’en venir à l’énumération et à l’analyse des principes sur quoi s’appuient les doctrines dites orphiques et les règles de vie qui en découlent, il faut s’arrêter quelque temps sur un détail d’où naît la fascination. Un détail qui comble l’Imaginaire.

   

Quand il eut été mis en pièces par les Ménades (les raisons de cet attentat seront plus loin explicitées), la tête d’Orphée demeura vive. En elle se condensa tout ce qui avait été lui. En elle perdura son ineffable savoir. Orphée continua à chanter. Nul ne parvint à tarir le flot de cette jubilation qui se répandait comme le vent tombé des étoiles. Orphée, dans le halo de sa douceur irréductible, fut porté par les vagues de l’Egée jusqu’à Lesbos. On lui consacra un sanctuaire où se rendaient des oracles.

 

Sans doute Dionysos, le dieu vénéré par les Thraces, parmi lesquels avait grandi Orphée, prônait-il un retour vers l’état originel. Et peut-être fallait-il passer par les transes bestiales, par la découverte des frémissements d’un horrible plaisir carnassier (plaisir de loup, de renard affamés), pour épuiser le désir humain de braver les interdits. Peut-être par la mania, conduisant à une folie exterminatrice, voulait-on apaiser en soi-même l’inextinguible soif, la curiosité liée au mal-faire (les bêtes sauvages en sont dépourvues). Peut-être Dionysos, du monstrueux dérèglement poussé jusqu’à ses extrêmes, voulait-il faire jaillir la Règle d’or, provoquer une coïncidence avec l’Un éternel, source de délices apaisées ?

 

Le « silence hébété » suivant le terrible vacarme que suscitaient les porteurs de thyrses, suivant le paroxysme aigu des musiques de flûtes (et l’oreille lésée provoquait un vertige), ce « silence hébété » pouvait-il engendrer un choc en retour, tout physiologique, une saturation par l’excessif, conduisant vers la délivrance, l’être étant enfin vidé des poisons qu’il recèle ?

 

Retrouver un « âge d’or » par la voie du monstrueux ? Le risque est trop grand d’une accoutumance au pire. D’une accoutumance à cette drogue qu’est le délire et à ses imageries fabuleuses. D’une telle proposition, Orphée évidemment se détourne. D’un tel exercice que pratiquèrent pendant des siècles les fidèles de ces « sectes » qu’étaient les thiases, et qui se perpétuaient au temps où Socrate s’escrimait en dialogues avec les sophistes, sous les platanes de l’agora d’Athènes.

 

Première affirmation et, d’entrée de jeu, scandaleuse : le corps est un tombeau. Du même coup se trouve renversée la relation des hommes avec leur propre vie. Du même coup on accède à une liberté de manœuvre insoupçonnable. Sortir du corps devient non un désastre, un deuil, une perte irréparable, mais la découverte que commencement et fin coïncident et sont indissociables. Cela jusqu’à ce que, se glissant d’une enveloppe corporelle dans une autre, l’âme, rassasiée d’un tel jeu trompeur, se délivre de son propre mouvement, de sa propre autorité. Et se reconnaisse pour ce qu’elle est : parcelle divine, molécule du grand Corps omniscient, parachevé mais créateur, en perpétuelle osmose avec ce qu’il suscite inlassablement.

 

Orphée devient conducteur de ceux que la Roue des réincarnations tient prisonniers. Il incante, il charme, il rassemble les mots précieux que psalmodient les magiciens d’Egypte et qui sont rassemblés dans le Livre des morts, lequel s’apparente à celui qu’utilise le rituel tibétain, guide des âmes ayant franchi les bornes de ce monde et se trouvant, dans le Bardo Thödol, en présence des plus redoutables forces.

 

 

 

orphee001

 

 

Les fidèles d’Orphée célébraient les mystères qu’il avait institués et qui fournissaient les indications nécessaires, les « mots de passe » devant désarmer Perséphone. D’après Hérodote (Enquête, 2, 123), « les Grecs ont appris ce savoir-faire des Egyptiens. Les Egyptiens furent les premiers à émettre l’affirmation que l’âme humaine est immortelle, mais qu’au moment où succombe le corps elle pénètre dans le corps de différents animaux. Lorsque l’âme a épuisé le cycle de toutes les créatures peuplant la terre, la mer et l’air, elle s’introduit à nouveau dans une apparence d’homme. » Les preuves irréfutables de ces conceptions qu’on croyait réservées aux philosophes et sages de l’Orient sont restées inscrites sur des feuilles d’or découvertes dans des tombes.

 

Apparaissent – parfois sous forme de dialogues – des fragments de poèmes, remontant au moins au Ve siècle avant J.-C. et certainement d’époque plus ancienne. La plupart des tombes se situent en Italie méridionale, lieu de prédilection du mouvement orphique (Pétélia, Thourioï). La Crète aussi (Eleutherna) apporte un témoignage parfois formulé dans des termes presque identiques.

 

Certaines des feuilles avaient été placées près de la main du mort, d’autres près de sa tête. Celle que l’on exhuma de la tombe de Pétélia avait été roulée dans un cylindre à porter en guise d’amulette. « L’utilité de ces feuilles s’explique nettement par leur contenu : le mort a là des extraits de textes sacrés qui lui disent comment il doit se conduire pendant son passage dans l’autre monde. On lui indique le chemin à prendre et les paroles à prononcer. »

 

Il s’agit de se concilier les divinités infernales en énonçant les raisons qu’elles doivent avoir – prières, conduite pure, foi en une métamorphose attendue et presque due – de bien accueillir l’émigrant venu de la terre.

 

« A gauche de la demeure d’Hadès, tu trouveras une source devant laquelle se dresse un cyprès blanc. De cette source ne t’approche absolument pas. Tu en trouveras une autre qui, elle, vient du lac de Mémoire. Prononce alors ces simples mots : « Je suis enfant de la Terre et du Ciel étoilé. »

 

Sur l’une des feuilles trouvées à Thourioï, la conclusion est celle de l’accès à un état glorieux, que le fidèle savait recéler en lui-même, un état de bonheur absolu :

 

« D’homme, te voilà devenu dieu. Chevreau, tu es tombé dans le lait… »

 

Mystérieuse redécouverte d’un primitif état d’accord, de plénitude, de simplicité oubliée : blancheur du lait si pur, nourriture de qui entre, par une naissance ultime, au sein de la Totalité. « Puisse Osiris t’accorder l’eau fraîche ! » spécifie une formule incluse dans le Livre des morts égyptien.

 

Tout orphique initié et pratiquant les rites qui menaient à la purification avait la certitude d’être tiré hors du cycle des renaissances. Choisir de perpétuer cet état, il n’en était plus question. Le mérite importait-il ? Sans doute n’était-il pas nécessaire d’atteindre à un état de sagesse absolue. La lucidité enfin obtenue tenait lieu de rémission et de passeport.

 

Comme le clame, dans son exultation, Empédocle d’Akragas, se voyant arrivé au terme : « Je vous dis que je suis devenu un dieu immortel, que je ne serai jamais plus un mortel ! »

 

Un des symboles orphiques est la Roue, dont le Bouddha en Inde, au temps même où se répandent en Grande Grèce les doctrines orphiques, dévoile le fonctionnement répétitif, monotone. Comment ne pas penser au mythe de Sisyphe, condamné à hisser au sommet d’une montagne un rocher qui lui échappe et que la pente fait dévaler aussitôt ? De vie en vie, les humains reproduisent leurs propres erreurs, font les mêmes choix ineptes, s’obstinent et s’arc-boutent contre l’évidence.

 

Avec la Roue – comme en contrepartie -, Orphée propose l’Echelle, par où patiemment s’élever et glisser vers l’immatériel. La doctrine de réincarnation, et la libération qui doit s’ensuivre, après la prise de conscience et les rites purificateurs, sont abondamment exposés chez les philosophes et les poètes des Ve et IVe siècles avant J.-C.

 

A la vérité, l’âme, de ses avatars successifs, finit-elle par se lasser ? Le jeu cosmique où elle se trouve incluse malgré elle – de son propre consentement aussi, ou consentement à demi puisqu’elle regimbe et se révolte – n’est pas à sa mesure. Elle, elle aspire aux délices de la paix et, pour Platon, à ces contrées superlativement bienheureuses où règnent les Idées. Si elle désire échapper aux tourments de l’Hadès, l’âme n’a d’autres alternative que l’expiation.

 

On a dit des orphiques qu’ils se sont complus, les premiers, à décrire avec un luxe de détails particulièrement cruels les châtiments qui échoient aux « damnés » (le christianisme ensuite a trouvé là de quoi susciter un effroi qu’il voulait salutaire). Sans doute est-il dit communément que la peur du gendarme est le commencement de la sagesse. La peur tout court engendre-t-elle le meilleur, puisqu’elle gêne le libre choix, qu’elle contraint et non convainc ?

  

 

 

Orphée1                                  La roue de la vie Samasara

 

 

 

Certes Orphée, auquel se référaient les adeptes de la doctrine issue de lui et appelée l’orphisme, ne s’est pas attardé dans de pareilles descriptions. Orphée a simplement donné des règles de vie. C’est elles qu’il convient d’énumérer. Ensuite les appliqueront ceux qui se disent orphiques et dont il faudra suivre la démarche marquée par un prosélytisme gagnant d’abord l’Athènes de Pisistrate, tyran éclairé, puis l’Athènes de Périklès.

 

Comment les mortels peuvent-ils être rendus responsables de fautes qui sont inhérentes à leur nature même ? C’est, répondent les orphiques, qu’ils portent le poids comme du crime de leurs dieux de leurs aïeux, étant nés des Titans qui ont dévoré l’enfant Dionysos.

 

Et comment Oreste peut-il être tenu pour responsable de son crime, lui qui a tué sa propre mère, puisque ce crime lui a été ordonné par Apollon ? se demande Eschyle. « Tu ne tueras point ! » avait ordonné la Bible. Mais ici, l’interdit s’étend à tout ce qui respire, à ce qui peut être accablé par la souffrance. Le « Tu ne tueras point » englobe les créatures peuplant la terre, mystérieusement diverses, d’une beauté souvent éblouissante, dont la proximité déconcerte et souvent effraie les humains, à savoir les bêtes sauvages. Et bien entendu les bêtes dites domestiques.

 

Dans ses Lois, Platon mentionne « ces communautés où l’on ne goûtait pas la chair des bœufs et où jamais les animaux n’étaient sur les autels sacrifiés ». Cette règle majeure contrastait fortement avec les diverses obligations sociales et morales édictées à l’âge archaïque et à l’époque classique. Il s’agissait là d’une conversion profonde, venue du cœur. D’une attitude remettant en cause la conduite à tenir dans toutes les circonstances. Orphée préconise déjà la « non-violence ».

 

Euripide, dans un fragment des Crétois, une tragédie perdue, fournit quelques détails précieux : « Portant un vêtement tout blanc, je m’écarte des naissances humaines, j’évite tout contact avec les cercueils renfermant des morts, et je me refuse à manger une nourriture qui a été vivante. »

 

Il semble que soient rassemblées là les recommandations essentielles. Ne pas manger de chair animale, c’est se défendre par là, au premier chef, d’une tentation d’anthropophagie toujours latente et qui fut dénoncée encore au siège de Potidée, après 432, Alcibiade et Socrate participant ensemble aux opérations militaires.

 

Pas de différence de nature entre tout ce qui vit. L’animal reste aussi intouchable qu’un jeune enfant dont la succulence pourrait éveiller – a déjà éveillé – des convoitises. D’autre part, le concept de la transmigration des âmes interdit de consommer ce qui fut sûrement un humain, à quelques années ou à des siècles de là. Thèse officielle justifiant la prohibition.

 

Disons encore que le prédateur, dont nous portons en nous les instincts (il suffit de considérer l’exaltation malsaine où l’exercice de la tuerie met les chasseurs, le plus souvent braves gens dans le quotidien, et devenus dangereux pour leurs semblables dont ils feraient, s’ils deviennent des gêneurs, bon marché), ce prédateur-là perdure, menaçant notre équilibre même. Manger de la chair réveille, attise chez l’homme ce qu’il n’a pas intérêt (la guerre, d’où vient-elle, sinon de là) à entretenir dans son économie physique toujours si trouble.

 

Les orphiques savourent les légumes, l’orge, le blé, les olives, le miel, les fruits, les baies, mais ils s’abstiennent de poissons et d’œufs. Du lait, de ce délectable manger que constitue pour un Grec le fromage de chèvre, il n’est nulle part question. Venu de l’animal et lié à la génération maudite, puisque sans fécondation et sans naissance, le lait n’existe pas – ce sont probablement des nourritures défendues. Quant à la laine, dont nul n’a le droit de se vêtir sans souillure, elle est aussi rejetée. Certes, elle appartient à la brebis, elle la couvre comme la chevelure (et la barbe pour les hommes) protège la tête des humains. Mais il est singulier (l’émanation même de la bête étant redoutable ?) que la brebis soit considérée comme lésée, puisque la tonte est pour elle un soulagement à l’époque de la canicule.

 

Quoi qu’il en soit, l’adepte est tenu de se vêtir uniquement de lin (ce lin venu de Colchide et d’Egypte, d’après Hérodote, et dont on fait les bandelettes enveloppant les morts). La couleur par excellence est le blanc pur. Couleur (ou plutôt absence de couleur, comme l’est la lumière) si chère aux Egyptiens. S’en vêtir demande, pour ne point se souiller, de continuelles précautions. Comment cultiver la terre, traire les chèvres, bâtir une maison et cheminer sur les routes dans cette tenue rituelle ?

 

Autre interdit rapporté par Euripide : ne s’approcher ni des femmes en couches ni des morts. Source de contamination. Mais qui alors, se demande-t-on, était autorisé à secourir parturientes et moribonds, éminemment en détresse les uns et les autres ?

 

Ici s’arrête la liste des prohibitions, si multiples et parfois si déconcertantes chez les pythagoriciens, continuateurs avérés des orphiques, et leurs contemporains. Des prières, des cérémonies d’initiation aux mystères orphiques, on ne connaît guère le contenu, sinon dans la mesure où ils s’apparentaient de fort près à ceux de Dionysos, au cours desquels était rappelée et sans doute minée « la passion » du dieu-enfant. Des tardifs Hymnes orphiques, on fera la présentation et l’analyse.

 

Revenant sur ce qui causa le plus de scandale en Grèce (et néanmoins Athènes accueillait, à cause de ses esclaves, nombre de cultes venus d’Asie Mineure, le plus souvent célébrés au Pirée), à savoir l’interdit concernant le sacrifice des bêtes, on peut en conclure que cet interdit fut cause de la mort d’Orphée.

 

De cette mort, plusieurs versions nous sont parvenues. La religion officielle, dont l’assise tenait toute aux offrandes (hécatombes de bœufs surtout, de brebis, de chèvres à Delphes particulièrement, dans les grandes circonstances, où le sang ruisselait), ne pouvait admettre telle abstinence. On festoyait ensuite longuement des chairs rôties sur place ou emportées dans les maisons. La fête remplissait son rôle double : honorer les dieux et remplir la panse des fidèles.

 

 

 

15pythagoras[1]                                      Orphée et Eurydice3

 

 

Orphée, quand Athènes n’avait encore ni métèques ni abondance d’esclaves, avait joué son rôle de réformateur, comme le fit en Perse Zarathushtra. D’où pouvait venir ce défi porté aux convoitises premières du corps ? De l’Inde où, à présent encore, depuis des millénaires, on pratique un religieux respect de toute créature vivante. De l’Inde, par l’entremise de peuples nomadisant sans cesse à travers le plateau d’Iran, par les caravanes suivant le cours de l’Euphrate qui se jette dans le golfe Persique qu’empruntent les navires indiens, ou suivant la route royale de Suse à Sardes, qui avait 2700 kilomètres de long et que parcouraient en sept jours les courriers du Grand Roi.

 

A propos de Dionysos, un rapprochement s’est déjà imposé avec le dieu Shiva, certains considérant que Dionysos a mêmes attributs et possiblement même origine indienne. Dans des contrées étrangères mais plus proches a eu lieu cette réforme voulue par Orphée, à savoir en Perse. Zarathushtra (le Zoroastre des Grecs, 660-583 avant J.-C.) dut affermir encore dans leur position intransigeante les orphiques.

 

Ce Zarathushtra, originaire du nord-est de l’Iran, naît dans une famille sacerdotale (ou princière). Prêtre et officiant, il sait par cœur les dix mille strophes que compte son « hymnaire ». Pris par cet « enthousiasmos » dont les Grecs sont coutumiers et qu’ils attribuent à Dionysos, il honore avec passion les divinités non anthropomorphes : le Ciel, le Soleil, la Lune, l’Eau, le Feu, les Vents et en premier lieu le Dieu ailé, Ahura Mazda, le Seigneur par excellence.

 

Considéré plus tard par les Grecs comme le « chef des mages », Zarathushtra en réalité s’oppose à ces derniers qu’il accuse de verser dans la sorcellerie. Il instaure un nouveau mode de célébration religieuse, les dieux étant en rivalité continuelle, deva et asura rappelant les combats entre dieux grecs et Titans, entre le Bien et le Mal. Sont par Zarathushtra exclus – grâce à l’appui d’un souverain nommé Vishtâspa que le réformateur convertit et qui le protège des persécutions nombreuses – tous les sacrifices sanglants traditionnellement en usage. Boucs, brebis, taureaux, chevaux et même jadis des victimes humaines, étaient immolés pour honorer les Invisibles.

 

 

 

BoschEnfer

 

 

En place des scènes de boucherie rituelles, Zarathushtra prône les libations de lait, de beurre, l’offrande de grains jetés dans le feu qui est le purificateur par excellence. Enfin, il consomme le Haoma, tiré d’une plante dont le jus fermente, comme le font les dieux et qui est boisson d’immortalité.

 

Avec le souverain Vishtâspa, le prophète partage les drâonô, hosties rondes faites de pain azyme, et le vin consacré (un rapprochement s’impose, qui nous surprend, avec le rituel chrétien).

 

C’est à pareil commandements, inopportuns, qu’Orphée dut d’être mis en pièces par les Ménades. Parmi les versions de sa mort, beaucoup opinent en faveur d’une vengeance des femmes thraces qui accusaient Orphée de détourner d’elles leurs maris accourus pour recevoir l’enseignement et se laisser aller au bonheur d’une musique qui les rendait plus pacifiques donc plus heureux.

 

A propos d’Apollon, contrairement à Dionysos, et à beaucoup d’autres dieux, n’a jamais été célébré par des mystères. Pour Apollon, pour Phoïbos le Lumineux, nulle initiation n’est convenable. Il profère, par la bouche de ses élus, ce qui doit éclairer les hommes et les guérir.

 

En l’occurrence, qui fut victime d’une antinomie nécessaire entre le ténébreux Dionysos et l’Apollon solaire ? Qui s’aliéna Dionysos en proscrivant tout sacrifice animal, et à plus forte raison ces sauvages déchirements de bêtes vives que les Ménades, en état de possession, consommaient avec une avidité pour nous intolérable ?

 

L’instigateur du meurtre fut évidemment Dionysos. Orphée outrepassait ses droits. Les humains n’ont jamais à faire la leçon aux dieux. Dernières considérations que suggère la pauvreté des détails concernant le mode de vie orphique, par rapport à ce que surent développer, avec une profusion d’activités dans tous les domaines, les pythagoriciens, héritiers directs d’Orphée.

  

 

 

Master Universe by ANTIFAN REAL 

 

 

Pythagore a fondé sur la musique tout un système de découvertes progressives, concernant le monde, son approche étant à la fois scientifique et mystique. Il est étrange que nul n’incite les adeptes de l’orphisme à pratiquer l’art par excellence, l’art qui aide à une désincarnation, c’est-à-dire la musique. Le chant non plus n’est pas mentionné, le chant et son emprise, le chant incantatoire, que l’on retrouve dans certaines liturgies, la liturgie orthodoxe par exemple où chant et psalmodie tiennent une place prépondérante, et la liturgie de rite grec catholique, comme elle est encore d’usage à Saint-Julien-le-Pauvre, à Paris, dans la tradition de saint Jean Chrysostome (Bouche d’or, né vers 345 après J.-C.).

 

Pourtant on cite des noms, ceux de Grecs d’Occident tels que Zopyros d’Hérakléia, Orphée de Crotone, Orphée de Camarina, sans doute rhapsodes et célébrant les dieux et les mythes de la théogonie orphique.

 

Si l’on examine le vigoureux essor donné par Pythagore à ce centre d’expérimentations multiples qu’était son hétairie, l’adepte de l’orphisme apparaît comme défavorisé. En premier lieu, il n’est pas question d’un mouvement structuré, reposant sur une communauté régie par une discipline et des préceptes clairs. Chaque fidèle d’Orphée assumait seul, semble-t-il, la responsabilité de sa démarche et de sa vie intérieure. A coup sûr, la célébration des mystères était l’occasion de rencontres attisant la ferveur. Mais de la possibilité de discussions quotidiennes fructueuses, des retraites nécessaires au mûrissement lent de l’être, il n’est nulle part fait mention. Alors qu’ils sont la base même du mouvement créé par Pythagore.

 

C’est sur la musique que tout a reposé des découvertes faites, de manière tout empirique et avec une magnifique hardiesse dans les intuitions, par le maître de Crotone. Cela à l’aube d’une quête scientifique que déjà les « physiologues ioniens » avaient entreprise ou menaient à bien. La vie des membres permanents de l’hétairie (environ trois cents) était chaleureuse, les relations très fraternelles. Ceux qui venaient là du dehors pour s’instruire, dans quelque matière par eux choisie (géométrie, mathématiques, astronomie, médecine, physiologie, musicologie), s’en retournaient chaque soir. Des prières, des célébrations collectives, permettaient d’honorer Apollon, le dispensateur de la lumière et donc de toute vie.

 

 

 

Mist angel1               offering1

 

 

 

Fascinant personnage du maître, dont on ne se détache qu’à regret, et dont l’apport reste lié au Nombre, à l’Harmonie universelle et à l’Unité des structures se répétant à travers leurs manifestations multiples. L’examen des rapports musicaux entre la quarte, la quinte et l’octave permet à Pythagore d’établir la base des mathématiques. Mais avant toute chose, il soutient que la musique a le pouvoir de guérir les maux de l’âme. C’est donc bien à Orphée qu’il se réfère.

 

Comme tout mouvement novateur, réformateur, l’orphisme provoque réticences et scandale. Solon avait proclamé, au VIe siècle, la liberté d’association, donc de religion, à condition que ne fussent pas violées les lois de l’Etat. Or les fidèles d’Orphée les violent, comme les pythagoriciens, en stigmatisant les sacrifices sanglants. Parce que les exploits des héros guerriers, tant prisés par les générations successives, modèles pour la jeunesse grecque, ne leur inspirent que de la réprobation, on les tient pour des orgueilleux, capables d’ébranler les assises de la religion officielle. Le fait de ne pas participer aux rites en fait de dangereux hors-la-loi.

 

Pythagore payera cela d’un exil volontaire le sauvant d’une mort violente, puisqu’on incendia sa maison. Mais ses disciples vont essaimer à travers le monde grec et barbare, du VIe siècle au IVe siècle, et ceux qu’on appelle néo-pythagoriciens transmettront la parole du maître, reprise par les néo-platoniciens jusqu’au VIe siècle de notre ère, comme le fit Damaskios.

 

Quant aux orphiques, ils sont redevables au tyran Pisistrate et à celui qu’il chargea de rassembler les textes sacrés – cet Onomakritos convaincu ensuite d’être un faussaire – d’avoir pris une place active et quasiment officielle dans une société où la plupart les considéraient comme des puritains ou des attardés.

 

C’est au VIe siècle que le tyran Pisistrate, qui, après différentes péripéties tumultueuses, avait conquis le pouvoir une première fois en 560, devint tyran d’Athènes. Entre 561 et 528, il en fut chassé à deux reprises, gouverna dix-neuf ans et passa quatorze ans en exil. Il s’enrichit, à cette occasion, en Thrace où il exploite des mines d’or et recrute des mercenaires.

 

 

 

FSM

 

 

 

Le personnage a une réputation qu’il ne mérite pas. Sans doute n’hésite-t-il pas à s’emparer de vive force de l’Acropole, avec sa garde de cinquante hommes armés de gourdins. Cette garde ayant été d’ailleurs obtenue grâce à une supercherie. A pareille usurpation, Solon s’oppose en vain (Solon meurt en 560). Mais Solon n’avait pu mettre véritablement en œuvre les célèbres réformes qu’il avait édictées. C’est Pisistrate, ayant tous les moyens de coercition que lui donne le pouvoir, qui va continuer l’œuvre en cours.

 

Le caractère du régime de Pisistrate demeure très modéré. Rien des exactions et de l’arbitraire qui s’attache pour nous à l’idée de tyrannie. Pisistrate vit modestement, mais il s’entoure de gardes et particulièrement d’archers de Thrace. Par précaution, il enlève quelques enfants aux familles de l’aristocratie, toujours suspectes, puisqu’il est lui, par principe, du côté des paysans. Il en fait des otages confiés à Lygdamis, tyran de Naxos.

 

Sous son gouvernement, l’Attique devient un pays de moyennes et petite propriété. Les oisifs rassemblés sur l’agora sont impérativement incités au retour à la terre. Il institue des juges itinérants, pour éviter aux paysans cette perte de temps que constitue un voyage à la ville (Périklès reprendra la même politique dans les dèmes, avec des tribunaux locaux).

 

Ce qui caractérise l’avènement de Pisistrate est la multiplicité de travaux judicieux : adduction d’eau, système d’égouts, entre autres. Par ailleurs les Pisistratides – à savoir Pisistrate et ses fils – manifestent un goût inattendu pour les arts et les lettres. Des architectes, des sculpteurs, des peintres, des musiciens sont conviés, par le pouvoir, à exercer leurs talents dans la cité. Ils viennent surtout d’Ionie, c’est-à-dire de la façade grecque située en Asie Mineure. Les monuments se multiplient à Athènes. L’Hécatompédon, ce temple à Athéna long de cent pieds, est remanié, et une frise y représente déjà la Procession des Panathénées. Dans la ville basse sont érigés des temples à Zeus, à Apollon, à Dionysos.

 

Naturellement les fêtes si chères aux Athéniens, parce qu’elles renouvellent l’alliance avec les dieux, prennent un éclat encore accru. Telles les Panathénées (instituées en 566) et les Dionysies qui, de champêtres originellement, se font urbaines, et deviennent les Grandes Dionysies. Les premières tragédies, encore sommaires, comme celles de Thespis d’Icaria, vainqueur au concours de 534, montrent des choreutes vêtus de peaux de boucs.

  

 

 

2001 3

 

 

 

Une extraordinaire fermentation des croyances remet en honneur des cultes anciens, des divinités rustiques que vénèrent les laboureurs, les vignerons. L’attachement se fait plus grand aux déesses d’Eleusis : Déméter et Koré, dès le VIIe siècle, qui est celui des colonisations intensives, rassemblent la foule des mystes. De telle sorte que Pisitrate doit faire agrandir au double la salle d’initiation, le télestèrion d’Eleusis.

 

C’est alors, c’est dans ces circonstances assez exceptionnelles, que l’orphisme, qui s’était déjà largement répandu en Grande Grèce, gagne l’Attique. Répandu là-bas parce que les Ioniens, fuyant l’invasion perse, avaient émigré vers le sud de l’Italie et la Sicile, emportant avec eux un foisonnement de croyances orientalisantes.

 

Pisistrate, bien que son goût et sa politique adroite le portent vers les cultes populaires, accueille volontiers tout chresmologue capable d’interpréter des oracles. Son fils Hipparque, qui lui succédera (et fut assassiné en 514, partageant le pouvoir avec son frère Hippias, lequel se réfugia en Perse en 510), s’était fort lié avec un certain Onomakritos, originaire d’Athènes, lequel avait rassemblé les prophéties de Musée, personnage « légendaire » dont le nom est souvent associé à celui d’Orphée.

  

 

 

2001 4

 

 

Certains des Pisistratides se trouvaient à Suse et tenaient à Xerxès les mêmes discours que les Aleuades, avec plus d’ardeur encore ; ils avaient avec eux un Athénien, Onomacrite, un chresmologue, qui avait recueilli les oracles de Musée. Ils s’étaient réconciliés avec cet Onomacrite qu’Hipparque, fils de Pisistrate, avait autrefois chassé d’Athènes parce que Lasos d’Hermionè l’avait surpris en train d’introduire un faux dans les oracles de Musée, une prophétie selon laquelle les îles proches de Lemnos allaient être englouties par la mer ; Hipparque l’avait alors chassé d’Athènes, en dépit de la grande amitié qui les unissait jusque-là. A cette époque, Onomacrite les avait accompagnés à Suse et, à chaque audience du roi, les Pisistratides le vantaient en termes emphatiques, et il récitait quelques oracles ; mais il passait sous silence tous ceux qui annonçaient un malheur aux Barbares, et il proclamait que l’Hellespont devait être enchaîné un jour par un Perse et annonçait toute l’expédition (Hérodote, Enquête, VII, 6). Il s’agit là de la seconde guerre médique.

 

Curieux personnage que cet Onomakritos. Il est chargé par Pisistrate, avec trois autres rédacteurs, de transcrire les poèmes d’Homère. Il semble bien que, dans ce travail, il se livre à des interpolations, qui expliquent certains disparates.

 

Il apparaît, sans contredit, qu’Onomakritos fut un des promoteurs du mouvement orphique. Sa manière d’opérer avec les textes anciens n’exclut pas que certains poèmes fussent, bien avant le VIe siècle, attribués à Orphée. Qu’en est-il au juste de ces Hymnes, dont la profusion d’épithètes et le flamboiement lyrique sont de la même veine que celle de Pindare ? Où Pindare, mieux informé que nous, puisa-t-il la très haute couleur de ses audacieuses célébrations ?

 

A la vérité, au VIe siècle, un esprit nouveau fut introduit dans la religion grecque par des hommes qui avaient choisi Orphée comme prophète. De ces hommes, aucun nom ne nous est parvenu. Mais les textes retouchés à coup sûr par Onomacrite leur servaient à donner son impulsion au culte instauré sous l’égide de Dionysos et sous celle d’Apollon.

  

 

 

2001 5

 

 

 

« Orphée a montré le flambeau des mystères indicibles ». Euripide, Rhésos, 943-944.

 

« Orphée nous montre les télété et nous apprit à nous abstenir du meurtre ». Aristophane, Grenouilles, 1032.

 

« Orphée a trouvé les mystères de Dionysos ». Apollodore, 1-2-3.

 

« Aussi les télété apportées par Dionysos ont-elles été appelées télété orphiques ». Diodore, II, 65-66.

 

« Orphée en vint à un haut degré de puissance, car il avait la réputation d’avoir trouvé les télété, les purifications des crimes commis, les guérisons des maladies et la conjuration du mécontentement des dieux ». Pausanias, IX, 30

 

Obscurité troublante de ces origines qui mettent le mouvement dans un porte-à-faux. Les seules références étant quelques interdits et deux dogmes majeur : celui de la réincarnation et celui de l’immortalité de l’âme.

 

Certains auteurs sont enclins à considérer le mouvement orphique comme une sorte d’Eglise ou une secte comparable à celle des pythagoriciens. Il est pourtant peu probable que l’orphisme se soit constitué en Eglise ou en une organisation secrète semblable aux religions à mystères. Ce qui le caractérise – mouvement à la fois populaire et séduisant les élites, comportant des initiations et disposant de livres – le rapproche plutôt du tantrisme indien et du néotaoïsme.

 

Quoi qu’il en soit, l’influence d’Orphée fut unique et ne cessa de ressurgir à travers la pensée grecque, durant l’époque hellénistique, et même au-delà des premiers siècles de notre ère, à travers les néopythagoriciens et les néoplatoniciens.

 

Comment fonder une opinion sur les écrits qui nous restent, quand on les sait fruit de manipulations certes ferventes, mais manipulations tout de même ? S’y mêlent des éléments extrêmement archaïques et des sédiments peu à peu ajoutés.

 

Sont-ils aussi tardifs qu’on le dit ? Certains d’entre eux semblent en effet porter trace d’influences romaines ou même de croyances chrétiennes, mais il est non moins évident qu’ils comportent parfois des mots, des expressions, voire un style archaïques. On trouve fréquemment dans ces hymnes des épithètes propres à Homère ou à Hésiode.

 

A travers les œuvres nombreuses où les poètes de la Grèce et les philosophes ont fait allusion soit aux croyances que professaient les orphiques, soit à Orphée lui-même, il sera possible de prendre la mesure de l’émotion durable, des harmoniques, que suscitèrent les enseignements, à la fois simples et subtils, de celui qui se portait garant, chez toute créature, de la présence d’un même souffle divin. S’imposent, dans tout leur éclat, quelques témoignages comme ceux de Pythagore, d’Anaximandre, de Parménide, d’Empédocle, d’Anaxagore, de Pindare, d’Eschyle, de Platon, et même du conseiller secret de Périklès, le musicien Damon d’Oa. A nous de mesurer la profondeur, plus ou moins grande, de leur engagement.

 

 .../...

 

Partager cet article
Repost0
1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 17:32

Orphée l’enchanteur

 

Introduction et Initiation aux Mystères

 

 

 

Pourquoi aujourd’hui Orphée ? Et de quel Orphée s’agit-il ? Le personnage est protéiforme, fuyant, mystérieux. Est-ce un mythe, une légende ? A-t-il jamais vécu ailleurs que dans l’imaginaire des hommes ? Pourtant il est toujours parmi eux, toujours nouveau, présent partout. Il ne disparaît que pour reparaître là où on ne l’attendait pas.

 

Quel est, en vérité, cet enchanteur qui, à travers les siècles, hante poètes et artistes, que rencontre un jour ou l’autre, sur son parcours, tout être en quête de sens, tout amoureux de la sagesse, ce qui, en grec, se dit « philosophe » ? Afin de connaître, de reconnaître, Orphée et de comprendre ce que pour nous il peut encore signifier, il faut remonter, sinon aux origines qui finalement nous échappent dans une brumeuse Thrace intemporelle, du moins aussi haut que possible, dans la Grèce du VIe siècle avant J.-C. où il était célébré depuis longtemps.

    

 

Michel Martin Drolling - Orphée et Eurydice[1]

 

 

Orphée y apparaît comme le poète par excellence, le poète au sens premier du mot : « qui fait », « qui crée ». Il est l’inventeur de la poésie, mais aussi de la musique. Celle-ci est la voix de la nature, la confuse rumeur des éléments, le bruit du vent et des ruisseaux ; celle-ci est surtout le chant des oiseaux qu’Orphée élabore et humaine, mais que les bêtes écoutent, fascinées, et au son de laquelle les arbres se meuvent. Celle-là, humaine à coup sûr, n’en est pas moins, pour le chantre inspiré, don divin, Verbe créateur, moyen de communiquer avec l’invisible, mais aussi de transmettre aux hommes les directives des dieux.

 

 

Orphée est le héros qui descend aux Enfers, afin d’arracher aux ombres leur secret, celui de notre mort, de notre éventuelle survie. En remontant, il devient l’initiateur, le « fondateur des mystères », chargé d’apprendre aux hommes que la vie elle-même est sacrée et qu’en tant que telle elle est promesse d’immortalité.

 

La révélation orphique de la véritable destinée de l’homme, créature de lumière et de boue, de cendre et de foudre, qui peut choisir entre l’une et l’autre, cette révélation qui, de siècle en siècle, résonne, sommes-nous capables de l’entendre encore ? Dans l’actuel désarroi, Orphée, en qui les premiers chrétiens voyaient un précurseur, n’ouvre-t-il pas une voie possible ? C’est à chacun, confronté avec ce qui n’est pas seulement une émouvante histoire, mais un enseignement profond, qu’il appartient de répondre.

 

 

Portrait d’Orphée

 

 

C’est par la bouche d’un autre poète, qui lui aussi périt de mort violente, que retentit pour nous, à travers les siècles, le nom d’Orphée, auréolé des prestiges d’un mythe dont la fascination demeure entière.

 

 

La présence du chantre aux pouvoirs magiques, qui accompagna les Argonautes dans leur quête de la Toison d’or, et fut célèbre, croit-on, bien avant Homère, ne devient manifeste que grâce à une allusion d’Ibykos de Rhégion, poète grec vivant au VIe siècle. Alors résonne une épithète inattendue : Orphée au nom fameux.

  

Fameux pour les Grecs, certes. Mais comment, mais pourquoi ?

   

Né à Rhégion, en Grande Grèce, Ibykos séjourne longtemps à la cour du tyran Polycrate de Samos, ayant renoncé à se mêler dans sa patrie aux affaires publiques, pour trouver aide et protection auprès de celui qui accueille également Anacréon de Téos. Au cours d’un voyage à Corinthe, il est surpris par des malfaiteurs qui le dépouillent et le font périr. Passe à ce moment précis dans le ciel un vol de grues que le poète prend à témoin. Et ces mêmes grues, quelques jours plus tard, se mettent à tournoyer de façon menaçante, en pleine cité, au-dessus des assassins, de telle sorte que la panique, provoquée en eux par la peur du châtiment, les fait s’écrier : « Ah, les voilà que viennent venger Ibykos ! » S’étant par là trahis, ils sont appréhendés et avouent aussitôt leur forfait.

 

 

 

orback[1]                             orphee[1]

 

 

Ainsi donc, par l’intervention d’oiseaux qu’avaient suscités les Immortels (les oiseaux, chez les Grecs, étant porteurs de messages, d’indications majeures), Ibykos de Rhégion eut accès à la mémoire universelle et y fît entrer celui qui miroitait dans les lointains, avec l’envergure qu’on connaît.

 

 

Car d’Orphée, personnage unique, parmi les trésors qu’amoncela l’héritage grec, on a toujours cru, on a toujours su qu’il était à la fois chantre inspiré par les dieux, musicien, poète, mage, devin, guérisseur et enfin « fondateur de mystères ».

  

N’est-ce pas trop attribuer à ce héros ayant pour pairs Héraclès et Jason entre autres, dans l’expédition de la Toison d’or ?

   

Mais d’abord exista-t-il réellement ? En douter serait faire insulte à ce qu’il instaura au moment où allaient émerger toutes les potentialités d’une civilisation dont nous restons intimement tributaires. Orphée n’est pas de ceux qu’un désir collectif tire du néant et façonne. Orphée, largement mis à contribution par les générations qui ont suivi, et plus ou moins altéré quant à son essence primitive, Orphée est pour l’âme grecque le miroir le plus pur où elle puisse se voir et se reconnaître. Orphée a vécu. Orphée vit à jamais.

   

Bien entendu, sa naissance ne peut être ordinaire. Fut-il fils de roi (comme le Bouddha), ou celui d’un certain Oeagre, assimilé à un fleuve thrace, vraisemblablement propriétaire de troupeaux, chasseur de lynx et d’ours ? Fut-il proprement fils d’Apollon et de la muse Calliope ? Nul ne le saura jamais, mais l’énigme ajoute à l’étrangeté du personnage. Enraciné comme nous, par son corps, dans le matériau, il a reçu l’apanage des Immortels : une profusion de pouvoirs et la légèreté lumineuse qu’infusent les sèves divines.

   

Pindare (Pyth., IV, 177) l’évoque comme « le joueur de phorminx, père des incantations mélodieuses », et Eschyle reconnaît qu’il « charme la nature entière » (Agamemnon, 1830). Mais auparavant la littérature grecque devait abonder en allusions, aujourd’hui perdues, au fameux voyage des Argonautes, et c’est à ce propos qu’Orphée figure, jouant de la lyre sur le navire qui a mis le cap vers la Colchide où le dragon veille sur la Toison. Tel il apparaît sur une métope du VIe siècle appartenant au trésor des Sycioniens à Delphes, et tel le dévoile au Ve siècle une Nekya du peintre Polygnote, visite aux Enfers, ou plus exactement évocation de l’Hadès, exécutée pour les habitants de Cnide qui avaient édifié un trésor à Delphes. De la main droite (tandis que de la main gauche il serre contre lui sa lyre) il tend une branche de saule, peut-être le « rameau d’or » qui lui a permis de descendre vivant aux Enfers, non pour y revenir chargé des enseignements nécessaires aux fidèles qu’il initie.

   

Dans le même temps – c’est-à-dire au Ve siècle -, Hérodote d’Halicarnasse faisait allusion (Enquête, II, 81) aux « cultes orphiques et dionysiaques, qui sont en fait d’origine égyptienne ».

   

Ce qui demeure pour nous singulier, c’est que la céramique grecque le montre toujours, quoique d’origine thrace, en costume grec, même au milieu de guerriers thraces qu’il gratifie d’une musique visiblement capable de les charmer, voire de les envoûter, comme il le fait pour les oiseaux et les bêtes fauves.

   

C’est en Thrace qu’il fut mis en pièces par les Ménades. La pièce perdue d’Eschyle, Les Bassarides, le montrait gravissant à chaque aube le mont Pangée, pour y adorer Apollon qui se révèle à lui sous la forme du soleil. Ce fut pour cette raison et pour d’autres que Dionysos, vénéré par les Thraces, résolut sa perte. L’Enchanteur, tel un bouvillon ou un faon, fut démantelé vif par une troupe de femmes en délire, ne faisant qu’exécuter la sentence divine. Les membres d’Orphée (comme ceux de l’Osiris égyptien) furent dispersés et sa tête, jetée dans le fleuve Ebros, dériva jusqu’à l’île de Lesbos. On dit qu’elle ne cessa de chanter, portée par les vagues, qui tant de fois avaient obéi aux puissantes injonctions de celui qui apaisait les tempêtes. Recueillie sur la grève, elle fut vénérée dans un sanctuaire où l’on rendait des oracles.

   

Orphée apparaît pour la première fois comme accomplissant un périple où il s’agit autant de l’or du Phasis que d’une quête spirituelle. Avec Jason et les Argonautes, il a vogué vers ce mystérieux, ce redoutable Pont-Euxin où, un peu plus tard, se multiplieront les comptoirs de Milet, mais où présentement abondent les dragons, les chimères, les nuées d’oiseaux marins aux clameurs suraiguës, les Sirènes dont les voix sont maléfiques (au contraire de celle d’Orphée), parmi les nuées lourdes et les vents furieux. L’arrière-pays, au-delà des rivages déserts, recèle des steppes sans fin, parcourues au galop par des cavaliers montés sur de petits chevaux hirsutes, et décochant, avec une sûreté redoutable, leurs volées de flèches.

 

 

 

Le-mythe-d-orphee-v001                                      orphee2[1]

 

 

Orphée, qu’avait-il à faire avec cette poignée d’arrogants faiseurs d’exploits, qui sont tenus – et se tiennent – pour des héros, comme Amphion, les Dioscures, Héraclès, Pélée, Thésée, Méléagre ?

   

On a enchâssé dans le navire Argô (le Rapide) un morceau du chêne prophétique de Dodone. Néanmoins l’embarcation ne parvient à quitter la rade d’Iolkos, où elle demeure mystérieusement immobile, que grâce aux savantes incantations mélodiques d’Orphée, devenu par là le guide et le protecteur des compagnons de Jason. Ces derniers avaient tenu à embarquer avec eux l’homme couronné de fleurs, qui n’était rien moins que guerrier, mais que le Centaure Chiron avait désigné comme seul capable de les tirer des périls, et en particulier de lutter d’égal à égal, vocalise contre vocalise, avec les Sirènes.

   

Judicieux conseil du précepteur d’Achille, puisque Orphée parvint à apaiser une tempête qui eût englouti l’Argô, qu’il immobilisa les Symplégades, ces Roches Errantes, toujours prêtes à se refermer sur les navigateurs, à l’entrée du Bosphore, rendit sans effet les clameurs mélodieuses des Sirènes et, une fois atteinte la Colchide, parvint à endormir le dragon qui veillait sur la Toison d’or.

   

Dès le début, le personnage d’Orphée recèle une ambivalence qui le caractérise, à savoir qu’il se réclame à la fois d’Apollon et de Dionysos.

   

Sans doute ces dieux, aux rôles apparemment antinomiques, étaient-ils les seuls dieux de l’Olympe dont le culte comportât des extases, voire des possessions. Mais ces mêmes possessions avaient un caractère absolument opposé. Sauvages et sanguinaires dans la transgression des interdits, en ce qui concerne Dionysos ; hantées par des clartés vertigineuses, par le dépouillement toujours abrupt qu’exige la connaissance pure, en ce qui concerne Apollon.

   

De toute manière, ce fut le rôle que choisit Orphée de se tenir sur l’un et l’autre versant, à ses risques et périls. Voilà donc une première approche de celui qui commande aux éléments et charme les hommes, les bêtes et les plantes. D’une émouvante toute-puissance, parce qu’elle n’aspire qu’à la paix.

   

En vérité, ils durent être abondants les commentaires faits à son sujet, les célébrations poétiques, entre cette aube du monde grec sur lequel se profile, comme un soleil, sa stature de poète inspiré, et l’époque précédant de peu le siècle où brilla Périklès et où l’on retrouve enfin les traces d’Orphée. L’étrange est que de ces témoignages, à coup sûr troublés, troublants, il ne soit rien resté. Comme si le message, si pur, s’était lui-même résorbé. Comme s’il suffisait que cela vibre encore dans les mémoires. Comme s’il importait que les mémoires seules assurent la croissance d’un mythe et de ses secrets. Et alors tardivement se multiplient les allusions, les commentaires.

 

 

 

Orphée et Eurydice2

 

 

Il apparaît d’abord qu’aux yeux de tous Orphée fut un poète. La poésie est pour lui beaucoup plus qu’un flux lyrique. Elle est saisie du réel par le martèlement des mots apparentés aux sons et les doublant. Orphée connaît les pouvoirs de la vibration, et sa poésie encercle, enserre, illumine un fragment de l’espace où toutes choses se meuvent, y compris les dieux. Le mot, le son juste du mot, des mots assemblés, est possiblement, pour qui en connaît le maniement, verbe créateur. Mots et sons fusionnent et forment une nappe magnétique, chargée d’une efficacité qui n’a pas de limites. Les sages rishis qui méditent dans l’Himalaya, les mages de la Perse, les adeptes de la Mésopotamie, les prêtres d’Egypte, demeurent par le son et le mot incantatoire en relation directe avec les structures de l’univers.

   

Orphée n’est certes pas un poète attaché aux seules délectations verbales. Il manie l’arme de combat contre les forces destructrices que recèle le cosmos : tous les corps célestes, étoiles et planètes, comme les atomes dont notre enveloppe matérielle se compose, du fait de leur mouvement, de leur rythme, émettent une note particulière. C’est ce que découvre, quelques siècle plus tard, Pythagore de Samos, héritier direct du Maître des mots, du Maître des sons.

 

En bref la magie des mots éclatant dans l’espace ressemble au choc de deux silex : l’étincelle en jaillit. Ainsi des innombrables voix des cigales dont Orphée reçut l’enseignement et la révélation. Car au creuset de leur immobilité, les cigales, avec une monotonie violente, ne cessent de forger leur propre fluidité, leur propre délivrance. A travers ce cadencement sec, régulier, cette fuite sur place, un phonème rêche, boiseux, un mot de passe répété. Doit-on entendre « Thalassa », origine de toute vie ? Parfois le son file, le mot chavire dans l’infini. Empruntée à l’arbre sur lequel la cigale est posée la sève du mot se fait lumière.

   

Indubitablement (comment ne pas songer aux mantras tibétains qui ne possèdent en soi aucun pouvoir propre et ne sont qu’un moyen de concentrer des forces déjà prêtes à agir ?), Orphée connaît le maniement des mots et des vibrations par eux déclenchées.

   

Il convient d’appeler hors de l’ombre des hypogées le savant Ibis égyptien, le dieu Thot que les Grecs nommèrent Hermès Trismégiste, c’est-à-dire Thot, « trois fois grand ». Lui aussi, archiviste des dieux, qui inventa les sciences (arithmétique, arpentage, géométrie, astronomie, divination, magie, médecine, musique, dessin, écriture), connaissait la puissance incommensurable de la voix et du son. Il en usait avec art et une efficience redoutée.

   

Parce qu’il est poète, Orphée est musicien. Ses incantations sont essentiellement musicales, et sans doute empruntées à la magie égyptienne, Isis étant reconnue comme la plus puissante des divinités en fait de sortilèges.

   

Nul ne peut affirmer qu’Orphée reçut des Egyptiens l’essentiel de son savoir. Mais quel Grec ne se sent tributaire de l’Egypte, de Pythagore à Démocrite, d’Héraclite à Hérodote ? Quoi qu’il en soit, il psalmodie et s’adresse aux dieux dans leur langue même, celle des orbes invisibles que décrivent les planètes, la musique habitant le vide sans laisser nulle trace de son passage.

   

Sa voix, tantôt rauque et tantôt suraiguë, nous l’imaginons bien. Sa voix, lorsque suave, ressemblait à celle des oiseaux dont les célébrations accompagnent les saisons de l’homme. Voyons-le assis à la proue du vaisseau, défiant les périls à venir, pendant que les oiseaux marins créent une houle de leurs ailes halliers, des futaies d’où sortent pas à pas genettes et renards, chevreuils et loups, obéissant à cette curiosité pleine de trouble qui saisit les bêtes sauvages devant une apparition inexplicable. Il chante pour elles, Orphée le poète. Il les convie, ces créatures libres, à la joie. Il les remercie d’être plus belles, plus proches des perfections divines que la plupart des humains.

   

De la musique en soi, comment tirer une définition puisque aussitôt née elle s’efface, qu’elle efface tout ce qui l’englobe, plus vraie et plus réelle dans son impalpabilité, dans son absence totale de contour, que le lieu où elle danse comme une flamme. « La sagesse antique des Grecs est liée à la musique. Le plus musicien et le plus sage d’entre les dieux était Apollon, et parmi les demi-dieux Orphée. »

   

Comment apparut-elle, sinon grâce à l’enchantement dès l’origine suscité par les mélodies des oiseaux ? Inventions savantes, subtiles improvisations, ou phrasés spécifiques et nets de l’espèce, sans une retouche, se transmet de siècle en siècle. Une fauvette Orphée, depuis l’époque d’Homère, trace exactement la même géométrie dans l’espace, à l’aide d’un aigu, d’un impérieux exposé mélodique. Qu’a-t-elle à dire, sinon l’excellence de l’instant emporté dans le courant qu’elle crée et qui l’emporte aussi ?

 

L’oiseau est source de la musique qui est liée au temps et illustre sa fuite. L’oiseau est source de la musique qui apaise et guérit, ce que Pythagore comprit et fit mettre en pratique. Simplicité de la cure, parachevant ce que l’interprétation des songes, et donc du plus obscur chez un patient, peut révéler.

   

 

Orphee                           Orphée-v002

 

 

La voix d’Orphée a même perfection inaltérable, même sûreté que celle des oiseaux. Obliquant vers l’aigu, vers le grave, elle visite du monde tous les étages.

   

Détentrice du rythme de la vie, porteuse du souffle, la voix est semblable au vent : la voix comme le vent gémit et exulte. La voix, tout comme le vent qui siffle dans les mâtures des voiliers, entre Thasos et Lesbos, et crée des inflexions harmonieuses ou stridentes (n’est-ce pas là le chant même des Sirènes ?), la voix est appel avant d’être réponse. Et si ses modulations différent du chant initial, du chant des oiseaux, c’est qu’elle porte le message des mots. Elle double son pouvoir de celui d’un sens. Tout comme la musique exalte en dilatant le dedans et le dehors, la voix magnifie quelque chose qui n’existe pas, qui n’existe plus, qui existera. La voix démesure. La voix est promesse de survie. Elle évoque, elle provoque l’immortalité.

   

Surgissent de ce fait les prérogatives qui font d’un chantre et d’un musicien – d’un joueur de cithare ou de lyre célébrant les hauts faits des hommes et le monde des dieux – un être capable d’affronter le plus grand des périls, à savoir l’entrée dans les Enfers, dans l’Hadès, et d’en rapporter les secrets dont il fera usage pour conduire les vivants vers la destinée heureuse qu’ils auront méritée.

   

Orphée accomplit là les rites d’une quête qui est proprement celle d’un « chaman ». Tous ses attributs relèvent d’un domaine très archaïque et contrastent de manière étonnante avec la spiritualité du VIe et du Ve siècle, même quand il s’agit des Mystères.

   

Faut-il, pour mieux saisir ce disparate, mettre en valeur le fait qu’Orphée approcha des personnages fabuleux, comme Abaris et Aristéas, tous deux détenteurs de pouvoirs, et accoutumés à la transe, aux extases ? N’omettons pas les liens qui rattachaient Orphée à Apollon, venu sans doute, avec l’invasion dorienne, du pays des Hyperboréens où il retournait pendant trois mois, en hiver. Le pays des Hyperboréens ne désigne-t-il pas un au-delà de Borée, ce vent du nord redouté, un au-delà des vastes étendues que recouvrent la glace et la neige ? C’est le pays des Bienheureux, hors de toute atteinte, et plein d’étrangetés.

   

Dans ces contrées nordiques, des hommes doués de facultés supranormales prophétisent, guérissent les malades, voire ressuscitent les morts et se déplacent invisiblement à travers l’espace. Ils circulent sans difficulté entre les trois zones : l’Enfer, la Terre et le Ciel. Souvent ils se servent d’esprits auxiliaires qui ont pris la forme d’un animal, et grâce auquel ils sont en relation directe avec l’Au-Delà (d’où cette connivence constante entre Orphée et les bêtes sauvages). Bien entendu, au cours des transes qui les dépossèdent de leurs contraignantes limites humaines, ils comprennent le langage de la nature entière.

   

Le chant incantatoire est leur outil, leur truchement. A travers ces chants, ils imitent les cris des fauves, le brame des cerfs et surtout les vocalises des oiseaux. Nul chez eux ne peut prédire l’avenir s’il n’est capable de saisir le message d’un courlis, d’une grue, d’une sterne, d’une hirondelle.

   

Les oiseaux sont souvent réceptacles des âmes des morts ou de personnages divins. En premier lieu, les oiseaux sont capables de guider les défunts vers leur future demeure. Devenir un oiseau ou être accompagné par un oiseau permet, dès ici-bas, à l’officiant d’entreprendre le périple dangereux qui le fera sortir des sphères terrestres. L’initiation peut être secondée par l’apparition de rêves instructeurs. Mais toujours a lieu l’envol magique, du haut d’une échelle à sept échelons (l’échelle étant un symbole orphique, et le chiffre sept représentant le dieu Apollon).

   

C’est donc du nord, pays des Hyperboréens, que ces hommes doués de pouvoirs redoutables parviennent jusqu’en Grèce. Abaris porte une flèche d’or sur laquelle il vole. Il écarte les fléaux de toutes sortes, prédit les tremblements de terre (la flèche est en honneur dans les rites de vol magique, chez les Scythes. Apollon est le dieu-archer). Quant à Aristéas de Proconnèse, il lui est loisible d’apparaître simultanément dans des lieux éloignés, et il accompagne Apollon sous l’apparence d’un corbeau. Il n’y a donc rien de surprenant à ce que ces prophètes se réclament d’Apollon, citharède, archer et devin.

   

Doit-on attribuer à Orphée – comme à tout prêtre-chaman – l’usage de drogues magiques et particulièrement du chanvre, si prisé par les Scythes ? Les probabilités sont grandes, surtout si l’on songe qu’Orphée utilisait des charmes et des sortilèges, servant non point à la malfaisance mais à l’apaisement, à la guérison. Il fallait bien que, par l’extase, il touche aux limites de l’être et même les franchisse pour revenir chargé du poids des connaissances.

 

Doit-on comprendre que c’est par la voix, par le déferlement, par la perdition haute de l’extase que l’homme peut découvrir le rôle qui lui échoit dans le monde ?

   

Un dieu-renard thrace ? Tel le voient certains commentateurs. Car c’est d’une peau de renard que se couvraient les Bacchantes de Thrace. De toute évidence, Orphée trouve dans de complexes origines l’enracinement de son personnage. Malgré un comportement, si rare en Grèce, de modération exemplaire, il force le destin pour descendre avec intrépidité dans l’Hadès, confiant dans la sollicitude amusée des Invisibles à l’égard de ceux qui se voudraient divins.

   

Reste à délimiter la part qu’eut Orphée dans l’établissement des mystères. On peut à son propos évoquer Zalmoxis, lui aussi fondateur de mystères, divinité ou héros vénéré par les Gètes, peuple de Thrace, qui se proclamaient immortels.

   

 

orphee-mort-v1                           sceau theosophique-v2

 

 

Selon Euripide (Rhésos, 943), « Orphée a montré les initiations les plus sacrées ». S’agirait-il des mystères d’Eleusis, premiers en date de ceux qu’Athènes célébra officiellement ? « Orphée aurait apporté d’Egypte la plupart des télétés mystiques et les cérémonies célébrées en orgiase concernant son propre voyage, et le récit mythique de ce qui a lieu chez Hadès », rapporte Diodore de Sicile (I,96).

   

Néanmoins, il importe de ne pas oublier que la « religion d’Eleusis demeura fondamentalement différente de celle d’Orphée. […] L’orphisme était une façon de vivre imposant une règle ascétique qui devait se faire sentir dans la vie de chaque jour. Eleusis n’avait pas de pareilles prétentions : ce culte ne comportait pas de morale et n’imposait pas de règle de vie. Son idée de base se rapproche de la magie : livrez-vous aux rites voulus, contemplez ce qu’il faut voir, et dites les paroles nécessaires, la protection des puissantes déesses vous sera assurée, entraînant avec elle la certitude d’une vie bienheureuse après la mort. »

   

Orphée – et c’est à ce titre que sa mémoire traverse les siècles – ne se contente pas de guérir et de prophétiser, de maîtriser les éléments et les puissances maléfiques, de tenir sous l’emprise de ses musiques divines les bêtes et les hommes. Il conçoit et répand des préceptes moraux, des rituels de purification, grâce à quoi tout fidèle est assurée de n’être pas, après la mort, jeté dans les ténèbres ou le feu de l’Hadès.

   

Au reste, les courants mystiques de son époque contenaient des éléments d’origines diverses, thraces et phrygiens, égyptiens, indo-iraniens, et il apparaît très nettement qu’il fît des emprunts à toutes ces antiques traditions religieuses.

 

.../...

 

 

Partager cet article
Repost0
25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 18:34

L’identité du Soleil

 

Quelle est maintenant son identité, à ce Soleil, à ce Christ ou – si vous préférez – à ce Bouddha visitant périodiquement votre monde ? Que dire d’un Feu qui aspire tout vers Lui, de l’atome au Maître de Sagesse en passant par la cellule, l’organe, puis par toutes les manifestations de l’âme et les mille formes du Divin fourmillant à travers la Nature. Peut-on percer son mystère ? Est-ce Lui, Dieu ?

 

On pourrait en effet s’arrêter là, à son rayonnement aveuglant tant physiquement que symboliquement. Cela pourrait suffire… Et c’est ce que font l’immense majorité de ceux qui se disent croyants… Mais notre propos n’est pas de nous adresser ici aux « croyants ». Nous avons pour mission d’enseigner les amants de la Vie, ceux qui veulent toujours aller plus loin, ceux pour qui l’arrêt en un point de sécurité intellectuelle correspond au tracé de nouvelles frontières et marque le début d’un sommeil insidieux. Croire n’est pas suffisant. Vivre et grandir, c’est explorer pour tenter de comprendre et de comprendre encore…

 

Qu’est-ce donc que le Soleil ? De quoi est-il fait et d’où vient-il ?

 

Laissons de côté toutes les considérations cosmologiques. C’est l’essence du Soleil qui nous intéresse, son identité profonde en tant que Conscience. Parlons-en le plus clairement possible tout en gardant bien à l’esprit que nous sommes limités par un vocabulaire approximatif.

 



 

sonne3

 

 

 

Les concepts que nous tentons d’aborder n’ont pas encore leur place sur Terre. Qu’il soit donc dit que nous sommes tenus de schématiser…

 

La Conscience du Soleil, sa réalité en tant qu’Etre et non pas en tant qu’objet céleste est le résultat d’une fusion. Nous parlons d’un état de transmutation si particulier et à un si haut degré que nul ne saurait s’en faire une idée juste.

 

Il s’agit de la fusion, en une seule Puissance, des Maîtres de Sagesse ayant atteint les plus hauts niveaux de réalisation de leur monde lors d’une vague de Création antérieure à la nôtre. Chacun de ces Maîtres était originaire d’une planète appartenant à un système gravitant autour d’un soleil central. Il était l’Etre le plus ascensionné que cette planète ait jamais porté. En termes d’analogie, il en était le Krishna, ou le Bouddha ou encore le Jésus, pour ne citer que quelques noms symboliques.

 

En tant que Maîtres de Sagesse pleinement accomplis et parfaits pour le type de monde où ils s’étaient développés et où ils avaient œuvré, ils étaient parvenus au bout de leur évolution… Voilà pourquoi ils ont été appelés à passer à un autre degré de perfection, à un stade qu’il nous faut qualifier de fusionnel, faute de terme plus adéquat.

 

Des Etres analogues à Jésus ou au Bouddha Gautama ont ainsi « marié » leur conscience deux par deux, puis quatre par quatre jusqu’à ce que leurs Présences de type solaire n’en fassent plus qu’une : Un Soleil à part entière, un astre ayant en charge un ensemble de planètes pour la vague de Création à venir.

 

Intègre cela… Digère-le dans ton cœur avant d’aller plus loin. Prends un temps d’assimilation tout comme le Divin en observe un entre deux phases de Création. Inspire pour ramener à toi les matériaux de ce qui a été et qui va te faire grandir. Pratique l’exercice du Divin en accueillant puis en absorbant totalement le sens de l’expérience élaborée par le Vivant.

 

La fusion solaire

 

Et puis… essaie de comprendre le principe du Mariage ou de la Fusion solaire. Celui-ci est au centre absolu de tout ce que nous avons à te confier. Dans la multitude de ses développements imaginables et… inimaginables, il en est la clé. Ce Mariage constitue l’affirmation ultime de l’Amour au point où nous sommes capable de le concevoir.

 

Comment deux Consciences pleinement réalisées, c’est-à-dire dont toutes les dimensions – de la plus dense à la plus subtile – sont alignées, peuvent-elles fusionner jusqu’à ne plus en faire qu’une ? Seul l’Etre qui expérimente directement un pareil mystère pourrait en témoigner…

 

Mais n’allons pas trop vite ! Il faut connaître dans tous ses rouages un tel mécanisme sacré… Ce ne sont pas les âmes des plus grands Maîtres ascensionnés qui s’épousent ainsi lors de ces Noces cosmiques si particulières. Ce sont leurs esprits, c’est-à-dire leur réalité première androgyne. Il aura fallu que chacun de ces grands Réalisés – soleils de leur planète – aient réuni en lui ses polarités masculine et féminine.



 

planete bulle

 

 

 

En vérité, aucun être ne peut pleinement prétendre à la Libération que constitue une Ascension sans être passé par les épousailles avec lui-même. Le passage est obligatoire parce que logique et logique parce que correspondant à l’abolition de la dualité en soi.

 

Lorsque le Un et le Deux s’unissent dans la matière, ils appellent à la manifestation du Trois… mais lorsqu’ils parviennent à fusionner dans les degrés les plus élevés de l’être, c’est l’image préfigurant celle d’un Douze solaire idéal qu’ils évoquent déjà.

 

Oui, dans le type de schéma évolutif inscrit en nous, l’esprit androgyne cherche à s’expanser jusqu’à trouver une forme de réalisation l’amenant à la perfection du Douze.

 

Ecoute maintenant ceci : Dans la Vague de Création précédant la nôtre, ce sont les huit plus grands Maîtres ascensionnés issus de huit planètes vibratoirement proches qui se sont unis afin de générer le soleil qui nous rassemble aujourd’hui.

 

Si ce soleil a, à son tour et autour de lui, les neuf planètes que nous lui connaissons actuellement, c’est pour participer à l’expansion inévitable de la Vie vers la perfection du douze. Dès lors, tu peux concevoir que les neuf Maîtres les plus réalisés de ces neuf planètes, seront eux-mêmes amenés, un « jour » du Grand Calendrier céleste à faire fusionner leur esprit afin de donner naissance à un autre noyau solaire destiné à un autre univers.

 

Ce n’est pas si complexe… Il faut juste toujours pousser lentement les portes afin que la vastitude des horizons nouveaux ne devienne pas effrayante.

 

L’Esprit d’une planète

 

Mais tandis qu’un Mariage cosmique aussi élevé que celui-ci se déroule, que deviennent les autres Maîtres réalisés d’une planète et qui ne figurent pas au rang de ceux qui fusionnent, c’est-à-dire au rang des huit ou des neuf, par exemple ? Ils sont destinés, eux aussi, à vivre un union cosmique d’une intensité tout à fait particulière. Ils ont la possibilité de fusionner leurs esprits afin de permettre l’émergence de ce qui sera le soleil intérieur d’une planète lors d’une Vague de Création à venir.

 

Oui, toute planète possède son soleil central. Celui-ci est son feu sacré, son cœur palpitant, sa force de cohésion. Il est aussi vital que peut l’être le noyau d’une cellule au sein de celle-ci.


 

terre1

 

 

Ce qu’il faut bien comprendre, surtout, c’est qu’il est le gardien de ses mémoires, c’est-à-dire de la somme incalculable des expériences vécues globalement par les formes de vie que les Maîtres ascensionnés qui lui ont donné naissance ont emportée avec eux à partir de la dernière Vague de Création dont ils sont issus.

 

En termes appartenant à l’actuelle civilisation terrestre, on pourrait affirmer qu’un tel noyau solaire représente la « banque de données centrale » de l’ordinateur phénoménal que constitue l’univers d’une planète et de toutes les expressions de vie qui s’y développe au fil des Temps.

 

Le soleil intérieur d’une planète est donc d’une importance capitale. Sa mémoire est son dynamisateur. En effet, une mémoire n’a de raison d’être que si elle s’inscrit dans un plan d’évolution. Toute notion de « passé » - bien que celle-ci soit relative au sein d’un temps illusoire – est nécessairement liée à celle d’un devenir.

 

Le soleil interne d’une planète comme la Terre, par exemple, contient en lui le programme des mondes qui sont appelés à s’y développer. Cela signifie que le noyau qu’il représente condense en son centre un multitude de germes dont le plan d’ensemble correspond à un projet de vie spécifique.

 

Par ailleurs, sachez que sa force le conduit à tenter d’absorber constamment les coups que les humanités qui se développent à sa surface ne manquent pas de lui infliger. Il est question ici de tous les types de pollution possibles dont le plus terrible est incontestablement de nature psychique.

 

L’un des rôles du soleil central d’une planète est donc, par amour pur, de tenter d’absorber, âge après âge, la masse des pesanteurs psychiques collectives générée par la succession des civilisations qui s’y manifestent. Il joue, par conséquent, le rôle de régulateur du karma collectif des peuples… jusqu’à atteindre parfois la saturation.

 

 

La libération des karmas collectifs

 

Lorsqu’on saisit l’importance d’un tel Feu de Vie ou plutôt d’une telle Conscience de Compassion, on est en mesure de commencer à comprendre pourquoi il est dit qu’à l’heure de la Crucifixion, le Christ est « descendu aux Enfers ». Cette notion représente tout simplement la distorsion et la puérilisation d’un événement majeur.

 

En fait, en quittant le corps du Maître Jésus porté en croix, la Conscience du Christ – celle du Soleil de notre système planétaire – a eu pour mission d’aller décharger le Soleil intérieur de la Terre du surplus de karma collectif des humanités qu’elle a portées. Analogiquement à ce qui se passe dans vos ordinateurs, il arrive toujours un temps où la capacité d’absorption mémorielle d’une planète vient à saturation, rendant impossible toute avancée.

 

L’œuvre du Principe christique, en tant que Soleil central d’un système planétaire – ou, si vous préférez, son dieu – a été, par conséquent, de laver une mémoire, de débarrasser celle-ci de tous les résidus de souffrance entravant sa croissance et l’empêchant d’apprendre « autre chose ». Comprends ceci : « Laver les péchés » d’une communauté, c’est purifier et alléger sa mémoire afin d’y faire de la place pour avancer vers une conscience plus aimante.

 

N’est-il pas temps que vous vous desinfantilisiez quant qu fonctionnement de la Vie et au sens du Divin à travers elle ?




Maitreya4                        Sceau de la Théosophie

 

 

Mais revenons au projet de la Création concernant une planète comme la Terre… Il ne faudrait pas s’imaginer que la Vision qui est à son origine ne cherche qu’à permettre la croissance, c’est-à-dire la montée en conscience d’une forme de vie nécessairement humanoïde. D’une part, le stade humain tel que vous l’entendez aujourd’hui n’est que transitoire et, d’autre part, il ne représente qu’une simple manifestation du Vivant parmi les milliards d’autres.

 

Aux yeux de la Conscience Suprême vers laquelle nous nous dirigeons tous, la plus infime des expressions de la Vie est dotée d’un total potentiel de « divinisation ». L’Absolu étant l’unité de mesure de la Conscience ultime, aucune forme de vie n’a donc véritablement préséance sur une autre, même s’il est évident qu’il y en ait de plus avancées sur l’échelle de l’Evolution. La « première » ne fait pas l’objet de plus de soins que la « dernière ». L’humilité face à l’immensité de ce qui Est n’est pas simplement le résultat d’une compassion active, mais la juste conséquence d’une compréhension claire et logique de l’Ordre universel.

 

L’homme et la femme dont vous portez l’image idéale en vous ne sont pas davantage que l’un des innombrables aspects par lesquels le Divin s’exprime et cherche son propre accomplissement…

 

Tout comme un noyau ou un soleil, ils portent en eux le programme d’une perfection à atteindre, laquelle il faudra sublimer encore et toujours à travers la découverte d’autres contextes d’évolution.

 

Croyez-vous que le Soleil – appelez-le christique ou bouddhique selon votre sensibilité – se soit arrêté dans sa course ? Croyez-vous qu’il se repose au sein de sa perfection ? Non, il œuvre plus que jamais. Il avance vers un Infini dont même les plus grands Maîtres ascensionnés ne peuvent pas rêver.

 

N’oubliez pas ceci : il y a sans cesse un autre horizon derrière celui entrevu… De même, soyez certains que, pour le Parfait, il existe toujours un Plus que Parfait dont Lui seul peut deviner les contours et l’identité.

 

Que cela ne vous décourage cependant pas et ne vous effraie nullement ! Lorsque des œillères sautent, il y a souvent un instant d’égarement ou d’aveuglement… puis le regard s’accommode et s’habitue jusqu’à trouver enfin normales ses nouvelles perspectives.

 

Si vous avez décidé de vraiment vivre, sachez que « trop grand » n’existe pas mais que c’est de « trop petit » que l’on meurt. Qu’est-ce qui vous fait peur ? Le fait de ne pas parvenir à mémoriser ce qui vous est offert ? Celui de ne pas le comprendre dans tous ses développements ? Décrispez-vous donc ! la crispation fait rétrécir alors que c’est l’inverse qui vous est demandé.

 

Laissez plutôt mûrir… Laissez aussi pourrir en vous tout ce qui ressemble à une résistance. Vous êtes véritablement un noyau et, en tant que tel, vous avez une coquille qui nécessite un peu de temps et d’attention pour vivre l’éclatement. Aucun germe ne verra jamais le soleil sans l’explosion de la frontière que représente la gangue qui le renferme.

 

La peur des Noces cosmiques

 

Qu’est-ce qui vous inquiète encore ? Le principe de la Fusion ? Vous vous demandez si l’on y perd sa propre conscience de soi ? Eh bien non ; en réalité, c’est exactement le contraire ! On y gagne la conscience de soi… tandis que se désagrège celle du « moi-je ». C’est bien cela… La petite identité, aussi belle et respectable soit-elle devenue au fil des incarnations et des polissages de la vie, vient tout naturellement à se dissoudre sous l’action du feu de la Fusion.

 

Il est cependant important de ne pas aborder cela comme une annihilation de Ce qui a conscience d’Etre en nous. Nous parlons plutôt d’une merveilleuse expansion de Ce qui fait que nous sommes nous avec les galaxies de nos expériences accumulées.

 

Mais savez-vous seulement ce qu’est une expansion durable de la conscience ? C’est une surmultiplication de celle-ci. L’incroyable découverte de sa capacité à tout pénétrer, au-delà de l’intellect le plus brillant, au-delà des formes concevables… pour entrer, radicalement, en un inébranlable espace de Paix. A partir de là, apparaît une multitude de « champs du possible » qui annonce une perspective si sublime que les plus belles nostalgies du « moi-je » y perdent alors toute saveur.

 

Vous souvenez-vous de ces livres d’images qui vous émerveillaient étant enfants ? S’il arrivait que vous les retrouviez, vous jetteriez peut-être sur leurs pages un regard ému mais, simultanément, vous seriez surpris de la naïveté et, sans doute aussi, de la pauvreté des éléments qui, autrefois, vous comblaient de joie…

 


 
 

Galaxie-collision

 


Ainsi donc, le phénomène d’aspiration vers le haut, vers quelque chose de plus grand, jusqu’à un état de fusion solaire, s’avère être le moteur de la quête du bonheur. Tout ce qui Est est alimenté par lui, comme si le souvenir du futur et de sa promesse de Noces cosmiques était imprimé en tout, en deçà même de l’univers atomique.

 

C’est ce type de perception intime et pacifiant que tout être approche lorsque survient sa mort physique, du moins lorsque celle-ci est harmonieuse. Il s’agit d’une communion transcendantale avec l’essence même de la Vie et qui fait que tout se simplifie à l’extrême dans l’instant présent. Plus d’ombre pour s’opposer à la Lumière, plus de rancœurs ni de colères, pas même le souvenir d’un combat à mener…

 

Tout ce qui ne transpire pas la Grâce et la Joie est désamorcé. La seule différence tient dans le fait que l’extase vécue à l’instant de la mort est passagère alors que celle qui surgit lors de l’union d’une âme avec son exacte polarité complémentaire – ou de la fusion de plusieurs esprits – est stable et durable.

 

Ainsi, la mort, telle que vous pouvez l’approcher et la vivre, préfigure-t-elle, à son niveau, les métamorphoses successives vers lesquelles vous allez nécessairement. Tout est mort et résurrection, voyez-vous !

 

Un soleil n’est devenu soleil que parce qu’il résulte de davantage de mutations que n’importe quelle autre forme de vie dans le « coin de galaxie » où il se trouve.

 

Comprenez-vous maintenant pourquoi, sur le plan archétypal, le nombre 8 est associé au Christ dans sa descente verticale sur Terre et pourquoi le signe de l’infini dans ce que nous pouvons matériellement en appréhender n’est autre qu’un 8 couché, c’est-à-dire à l’horizontale ? De leur rencontre naît spontanément une croix ou un double dorje, archétypes de puissance et de résurrection, signes, enfin, d’une clé suprême.

 

Comprenez-vous aussi pourquoi, dans ce même type de considération, le 17 est à la fois relié aux Etoiles et au symbolisme du Graal à travers toutes les Traditions ? Dans l’univers des énergies subtiles, le 17 se résout à un 8 ; il représente un code d’accès, une clé conduisant à la conscience solaire. Cette connaissance ne demande pas à être stocké dans la mémoire… Elle se médite.

 

Quant aux neuf plus grands Maîtres ascensionnés qui seront issus de votre actuel système solaire, ils s’uniront en esprit à la fin de la présente Vague de Création… initialisant ainsi un Soleil pour la suivante… lequel fera sortir de son sein non pas neuf mais dix planètes, donc dix Maîtres majeurs en potentiel… et ainsi de suite.

 

Si l’analogie est la loi stable et générale du développement de l’univers appréhendable, elle suscite en même temps un mouvement d’expansion. Ainsi, l’analogue n’est-il jamais de l’ordre du répétitif.

 

Entre le choix et la nécessité

 

Une question se pose maintenant… La fusion des âmes complémentaires, puis celle des esprits réalisés à des fins que nous appellerons solaires, est-ce inéluctable ? Résulte-t-elle d’une obligation ou d’un choix ?

 

Lorsque la méditation a opéré son œuvre, on répond sans hésiter : « Les deux à la fois ».

 

Le principe de l’Union sacrée est inéluctable dans la mesure où il résulte d’une aimantation naturelle. Je te l’ai enseigné : Le singulier et le pluriel ne se contredisent pas. Ils déclinent la Divinité selon les nécessités et les niveaux d’expression de celle-ci. Le Un réclame la séparation pour savoir qu’il existe, alors que le Deux aspire à l’union pour pouvoir ensemencer et propulser ainsi l’Etre à un autre stade de Réalisation.



 

EQUINOX

 

 

Cependant… Cependant, malgré cette logique incontournable, le choix que procure le principe de Liberté demeure. N’importe quel être – même un Maître en pleine conscience de soi – peut ne pas opter pour une Union sacrée lorsque celle-ci se présente. Il peut décider de poursuivre sa route d’une façon plus « solitaire ». Nous ne disons pas « individuelle » car, lorsqu’une proposition de type transcendantal s’offre à une forme de vie autonome, c’est le signe que celle-ci a déjà atteint un état avance de communion avec le Tout.

 

Dans ce cas, la notion d’individu ou d’individualité perd le sens qu’on lui donne habituellement, elle ne sous-entend pas un ego ou une personnalité en attitude de séparativité par rapport au monde. Le seuil d’un Mariage cosmique peut donc ne pas être alors franchi afin de poursuivre une tâche spécifique, dans la matière, par exemple.

 

C’est ce qui se passe pour un certain nombre d’êtres que vous nommez Boddhisatvas. Ceux-ci acceptent de conserver un bagage de caractéristiques humaines et de continuer par conséquent à s’incarner dans la densité plutôt que d’ascensionner vers une autre réalité fusionnelle. Bien évidemment, ce n’est pas le choix d’une stagnation. Je te dirais qu’il s’agit là d’une ascension par la « méthode horizontale », une voie qui a sa grandeur incontestable et se beautés. C’est une voie de labeur… et de labour.

 

Tu comprends aussi que tous ceux qui font un tel choix se retrouvent, malgré tout, un jour du Grand Calendrier cosmique, face à la nécessité de passer à « autre chose » et de vivre une symbiose qui les propulsera vers un état de plus parfaite maîtrise. Analogiquement, ils seront semblables à un ballon gonflé d’hélium dont la nacelle ne peut plus supporter d’être lestée davantage et qu’il est donc temps et logique de « soulager de son plomb ».

 

Faisons maintenant le point… En dégageant une partie du voile recouvrant l’identité du Soleil, c’est-à-dire de la Conscience christique ou encore de la nature de Dieu au sein de notre présent système, nous avons été amenés à te parler de certains aspects du schéma évolutif : Celui des âmes jumelles se retrouvant en un seul esprit, celui concernant les Maîtres de Sagesse et la façon dont ceux-ci peuvent fusionner afin de générer de véritables batteries d’amour et de compassion s’engendrant à l’infini.

 

Une immense question demeure pourtant… Une question qui doit pointer en toi comme chez tous ceux qui, découvrant cet enseignement, ne voudront pas en rester à sa surface. Ce que nous te délivrons, vois-tu, doit pouvoir, au-delà de son aridité, se ramener à la fonction et à l’utilité de ce que vous vivez quotidiennement. Parler du jeu des mille divinités imprégnant la Nature, évoquer les Maîtres ainsi que la Divine Réalité solaire ne servirait pas à grand chose si cela demeurait coupé de la réalité humaine terrestre de chaque instant qui passe.

 

Le devenir de l'Humanité

 

Alors la question est celle-ci : Et le reste de l’humanité, que devient-t-il ? Qu’est-ce qui l’attend, tandis que de mystérieux et grands Réalisés oeuvrent, avancent, puis fusionnent et qu’un Soleil-Christ se propulse encore vers une autre dimension de l’Univers ? Est-elle abandonnée à un sommeil sans fin ? Serait-elle comme le résidu stagnant et sans grand espoir possible d’une Vague de Création ?

 

Commençons par le commencement… D’où viennent les Maîtres qui guident l’humanité plus ou moins discrètement ? De vous-même ou, plus précisément, du cœur du grand corps constitué par cette humanité. Ce sont des humains, comme vous, et non pas des « élus » désignés par quelque divine et énigmatique Autorité. Ils sont les cellules les plus « affinées » - ce qui veut dire les plus conscientes – de l’ensemble de votre collectivité planétaire. Ils n’ont reçu de grandeur que d’eux-mêmes, à force d’avoir voulu insuffler à chaque parcelle de leur être toujours plus de paix, d’amour et, en résumé, de Lumière.

 

C’est la divinisation de chacune de leurs cellules qui leur a procuré la Maîtrise. Certains d’entre eux sont, certes, issus d’autres planètes que la Terre mais cela n’y change rien. Même le parcours de ceux-là a été identique à celui qui est le vôtre aujourd’hui.

 


 

HologramUniverse2

 

 

 

Le fait de conscientiser de telles données devrait  impérativement vous ramener à votre propre responsabilité. La Lumière de la Réalisation n’est jamais offerte à qui que ce soit par quelque Puissance céleste que ce soit. Elle est simplement montrée en modèle, comme source d’inspiration et d’aspiration vers le haut. Elle est aussi une main qui se tend vers ceux qui font l’effort de tendre la leur. Jamais une main qui contraint… car la Présence du Divin ne se révèle que là où on L’invite.

 

Aucune manifestation de vie n’accouche de l’Amour par césarienne ! Elle le fait harmonieusement lorsque le corps et l’âme ont dépassé leurs peurs, se sont décrispés… et que le temps en est venu. Ceci afin que vous compreniez que toute expression de la Vie, par conséquent, chaque femme et chaque homme, est invité à la Maîtrise.

 

Tous les degrés de l’ascension solaire vous sont proposés parce qu’ils sont, par essence, de l’ordre du logique et du naturel.

 

Devenir un être réalisé ne signifie pas nécessairement – et loin s’en faut – laisser un nom dans l’Histoire et siéger au sein d’un Conseil de Sages. Cela ne signifie pas non plus se voir ouvrir les portes du monde subtil de Shambhalla. Il existe une multitude d’autres dimensions, que ce soit dans ce monde ou dans d’autres.

 

On parle du Bouddha sous les traits de Gautama, on parle toujours également du Christ historique ayant emprunté l’identité de Jésus… mais il ne faut pas oublier qu’il existe un grand nombre d’êtres qui sont parvenus à l’état de bouddha ou de christ sans avoir pour cela impressionné la mémoire collective. Ces êtres-là ont connu et connaissent encore leurs propres rendez-vois fusionnels. Ils sont des soleils « quelque part » dans l’univers, en charge du développement d’un monde, parmi la multitude des dimensions existantes.

 

Connaître l’état de soleil n’implique pas nécessairement le fait de se transmuer en une « boule de feu » suspendue dans l’immensité du cosmos. C’est être une constante source de prolongation et de transformation de la Vie, c’est-à-dire un jaillissement d’Amour.

 

Les soleils ont aussi pour mission naturelle et spontanée de réinventer constamment la vie en générant de nouvelles propositions à son développement. Ils portent le masque de Dieu dans un « ailleurs » qui n’est pas imaginable pour vous. Chaque monde engendré et soutenu par un soleil expérimente une tonalité de l’arc-en-ciel divin, il entonne une note de sa Grande Partition et en éprouve les harmoniques.

 



 

La Porte de Jade

 

 

Partager cet article
Repost0
25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 18:07

Le regard animiste

 

Vous les appelez animistes en posant trop souvent sur eux un regard condescendant. Quel être sensé, dites-vous, accorderait une âme aux animaux, aux phénomènes et à certaines créations de la Nature ? Et pourtant ! Votre malheur à vous, hommes et femmes de la fin d’un Temps, est d’avoir savamment tout désacralisé. Est-ce la frayeur de ce que signifie véritablement la Vie qui vous dicte cela ?

 

C’est une évidence… car le regard que pose l’animiste sur le monde est un regard qui oblige au respect. Que peut-on exploiter et respecter en même temps ? Rien !

 

On ne saigne pas à blanc ce à quoi on accorde une vie digne de ce nom, c’est-à-dire une conscience, ne serait-ce qu’à l’état de bourgeon. On ne le fait pas… à moins de s’être soi-même privé de son âme. Et c’est ce qui est arrivé à beaucoup d’entre vous ! Comment tomber plus bas qu’en amputant le monde et même l’univers de Ce qui en constitue l’Essence ?


 

20 ErnstTempStAnt 1945

 

 

Tu le sais, il ne saurait y avoir la moindre manifestation de vie sans que celle-ci ne soit habitée par une âme. Je n’ai pas dit « une âme humaine », mais simplement une âme. Le principe de cette dimension n’est pas votre privilège exclusif, loin s’en faut !

 

Vous avez développé une forme d’intelligence… mais certes pas l’Intelligence. Il en est de même pour l’âme. Vous n’extériorisez que l’une des facettes du principe absolu de celle-ci. L’un de ses aspects qui, en vérité, est encore bien embryonnaire. Ah, le privilège de l’exclusivité ! Apprenez qu’au lieu d’enrichir, il ne fait jamais que tracer une voie de pauvreté.

 

Oui, la Divinité vous fait peur parce qu’Elle vous parle à chaque seconde qui passe sans que vous vous attardiez à l’écouter. Elle vous murmure constamment Sa présence à travers la multitude des divinités dont elle use afin de conjuguer la Vie.

 

Que diriez-vous d’un peintre qui limiterait sa palette à une seule couleur ? La dimension symphonique, vois-tu, est celle de l’Univers. Si le Compositeur est le seul créateur de son œuvre, il a néanmoins besoin d’une multitude d’instruments et d’interprètes pour lui donner vie et sens. Peut-être fera-t-il appel au talent d’un premier violon, cependant la plénitude de sa symphonie ne se réalisera que par l’exemple du jeu de ses musiciens…

 

La loi de l’analogie est celle du Cosmos. Lorsque l’on a compris une telle vérité et ce qu’elle implique, on est alors prêt à faire un grand pas vers une compréhension globale de la Vie et du respect qui lui est dû…

 

Honore donc un tronc d’arbre si tu le veux ou même une pierre… car toute « chose » est habituée à sa façon et à un degré qui lui est propre par l’un des aspects de Ce qui Est et qui imprègne l’Univers.

 

Si tu pouvais écouter le flot circulatoire de la sève au sein d’un végétal, tu y reconnaîtrais des battements comparables à ceux d’un cœur. Si ton oreille était assez subtile pour se prolonger au centre d’une pierre et y condenser le temps, elle y percevrait une respiration. Tout vit de la vie qui lui est propre… et tout est donc mémoire car, répète-le : Ainsi qu’il ne saurait y avoir de vie sans une forme d’âme, il ne peut non plus y avoir de vie sans mémoire.

 

Je ne parle pas simplement d’une mémoire assujettie au temps tel que vous le concevez mais d’une mémoire de l’Origine, c’est-à-dire de l’appartenance au Divin. Tout palpite dans la nostalgie sacrée de son Point de Création et de sa destination ultime.  Reconnaître cela, comprends-tu, c’est déjà respecter l’Un en Tout. C’est aussi apprendre dans le Multiple, les premières lettres de cet alphabet par lequel nous sommes destinés à composer des syllabes, puis des mots, des phrases et, finalement, une œuvre entière afin d’Etre et de se souvenir de soi… en tant que Créateur.

 

Le Créateur est un compositeur qui joue de la flûte de Pan. Au risque de paraître blasphématoire, je dirai qu’Il souffle amoureusement le paganisme, c’est-à-dire le chant choral de tout ce qui est ! Mais il n’y a de blasphème que dans le cœur de celui qui connaît l’idée de salir et de rétrécir l’onde de la Vie. Le blasphème réside dans l’ignorance des consciences qui se figent et des mains qui se ferment en se crispant. Ce que vous appelez Dieu ne peut être ni comprimé ni étouffé dans la définition qu’en invente une foi… quelle que soit celle-ci.

 

Pour les Serviteurs des Anges du Seigneur, vos amis dans l’Eternité, toute religion est, en ce sens, un pis-aller et, ultimement, la traduction d’une erreur fondamentale de la conscience humaine. Un enclos sera toujours un enclos. Quand bien même ses barrières seraient du plus bel or, elles ne gommeront jamais, par leur seule présence rassurante, l’infinitude des horizons qui se déroulent au-delà d’elles.

 

La flûte de Pan

 

Ainsi, ne vous méprenez pas : le dieu Pan des Temps anciens, celui qui invite à danser les mille formes de vie de la Création, est l’un des plus grands interprètes de l’Unité absolue. Même aujourd’hui, il est bon de passer par lui en acceptant de reconnaître la ronde sacrée des beautés de l’Univers afin de s’y intégrer. Pas en idée, mais dans les faits.

 

Comment ? D’abord en respectant toute chose qui se trouve à portée de main à chaque instant. Ensuite, en développant le même état d’esprit face à chaque regard croisé. Enfin, en bénissant du dedans de l’être la multitude des circonstances qui, tôt ou tard, feront exploser les frontières.

 

Vois-tu, il existe une façon de croire dans la force de l’Unité mais qui, pourtant, ne fait qu’engendrer la Séparation. C’est celle qui consiste à se fabriquer un système de certitudes au centre duquel tout est ordonné de manière autobloquante. Ce « merveilleusement rassurant » est avant tout du « désespérément desséchant ». Pire… il rétrécit au lavage de la véritable Vie ! C’est pour cela que périra toute religion en continuel état de protection derrière ses dogmes.

 


 

Edward Burne-Jones Pan and Psyche

 

 

Un dogme, il faut le comprendre, ne permet aucune respiration ; dans une enceinte close, il souffle le même air vicié qui tourne en circuit fermé. Les âmes s’y conditionnent au contact d’une profusion de virus. Celui, par exemple, de la bonne conscience, celui du sentiment de supériorité ou du « bon droit » et donc de tous les droits… La liste pourrait s’en étirer presque indéfiniment, nous ramenant elle aussi, dans sa multiplicité, à l’unité d’un seul grand virus, celui du sommeil de la conscience.

 

Cette mécanique, ou plutôt cette maladie, n’est-elle pas simple à analyser et à diagnostiquer ? A voir l’état de votre planète, il semblerait que non. Voilà pourquoi nous venons aussi en tant que réveilleurs.

 

Retournons au dieu Pan… Crois-tu qu’il soit un symbole ? Pas du tout. Il représente une force effective douée d’autonomie, d’intelligence et d’une merveilleuse conscience de soi. Pan est la somme globale de toutes les formes de vie, donc de toutes les âmes qui tissent la trame de la Nature. Il est leur Champ de Conscience collectif, le grand Etre accompli qui résulte de leur harmonie…

 

En ce sens, tous les éléments qui participent à la Nature deviennent les cellules de son corps. C’est leur complicité profonde, leur entente intime, leur volonté aimante fusionnée qui, orientée et sublimée, lui donnent vie pour maintenir la cohésion de la Création. Il ne se passe rien d’autre au niveau du corps humain… Sur les plans subtils, tu trouveras la même complicité, la même union autour d’un but unique entre les cellules qui vont s’assembler afin de constituer un organe… puis encore une complicité analogue entre la somme des organes qui chercheront à se compléter afin que naisse un corps… Un corps qui jouera le rôle de la Divinité !

 

Médite ceci : Si le Divin est notre origine… Il est également notre résultante commune. Nous le nourrissons. Au fur et à mesure que nous t’enseignerons, ces paroles s’éclaireront.

 

Les divinités en devenir

 

Observe d’un œil nouveau ce corps que tu habites. Il est analogue à la Nature tout entière, il la résume… Et toi, et vous, dont la responsabilité est d’en prendre soin pour l’amener à un stade de réalisation plus grand encore, tu en es, vous en êtes, le dieu. Ceci est vrai tant sur les plans subtils que dans la densité matérielle.

 

Chaque conscience animale ou humaine est la divinité de ses propres organes, de ses cellules et, bien sûr, des molécules qui génèrent celles-ci.

 

Il serait possible de remonter plus loin encore, très au-delà même de la structure atomique. On y verrait non seulement des systèmes solaires avec leurs planètes en orbite mais des nébuleuses et des galaxies en marche vers… la même Réalité que celle qui aimante l’humain. Cette Puissance que nous appelons Dieu est donc la nature même de toute chose et non pas un principe philosophique auquel il serait possible d’adhérer ou pas…

 

Chaque manifestation de vie, où qu’elle en soit de sa floraison, représente une divinité pour l’infinité des particules qui la composent. Parallèlement à cela, elle est aussi une sorte de poussière en devenir de divinité, une particule de Dieu qui se construit avec elle en l’aspirant vers un « toujours plus ».



 

Creation 316

 

 

Voici avec quel œil nous approchons la Création : Nous regardons un homme et nous y voyons un dieu. Nous regardons une femme et nous savons qu’elle est déesse. Si nous les contemplons tous deux dans l’Union, c’est une Divinité encore un peu plus accomplie qui se révèle à nous, la fusion de deux cellules initialisant l’idée d’un « organe » à venir… Comprends-tu ? Comprenez-vous ?

 

Oui… la première approche d’une telle réflexion se traduit par un vertige… presque désespérant. Voilà pourquoi ce n’est pas dans la seule sphère du mentale que tout ceci peut se capter puis être intégré. Il existe un mur intérieur à dépasser. De façon imagée, je dirais que c’est une sorte de « mur de l’ultrason ». Il se franchit au sein d’une qualité de silence et d’amour que l’on découvre seulement en se lançant dans le vide caché entre deux pensées. Loin des points de repère et dans la confiance totale. C’est une aventure à mettre au nombre de celles qui ne peuvent se vivre à moitié.

 

Quand vous saurez verser une larme de joie devant la beauté d’un brin d’herbe ou face à la mémoire contenue dans un simple caillou, alors vous commencerez vraiment à comprendre. Le soleil en vous parlera mieux à ses planètes…

 

Cette compréhension est la base de la véritable ascension de la conscience. Elle permet de ne plus opérer de cassure entre ce qui, en chacun, affirme « moi-je » et les milliards de milliards de manifestations de vie traversant la Création. L’attitude qu’elle implique permet de ne plus stériliser mentalement l’être incarné ; elle fait exploser la paroi de sa bulle d’isolement. En fait, elle suggère un état de communion permanente qui se rit des distances physiques et temporelles avec tout ce qui a été, est et sera.

 

Comment mieux établir un contact direct et spontané avec la Présence du Divin ? C’est si simple que c’est sans doute cela qui vous trouble et vous indispose. Les frontières sont en vous, juste une illusion entretenue…

 

  

L’illusion des frontières

 

Prenez un stylo et tracez une ligne horizontale sur une feuille de papier afin de séparer celle-ci en deux parties… Vous êtes persuadé avoir établi une rupture entre le haut et le bas de votre page. C’est ce que votre œil perçoit et que votre mental accepte.

 

Prenez maintenant une loupe et regardez différemment votre ligne ; vous verrez déjà que votre tracé n’est plus aussi dense que vous l’imaginiez et qu’il présente une multitude de petites irrégularités.



 

Solaris-v1

 

 

Munissez-vous ensuite d’un microscope classique et observez de plus près cette même ligne. Non seulement son manque de densité vous frappera davantage mais vous constaterez aussi que votre œil peut se faufiler aisément dans les entrelacs de ses imperfections au point de pouvoir presque pénétrer dans sa matière. Votre ligne ne sera déjà plus une frontière mais une zone poreuse, quelque part sur une page que vous aurez perdue de vue.

 

En supposant enfin que vous puissiez disposer du plus puissant des microscopes électroniques et que vous analysiez votre tracé, vous n’auriez même plus sous votre œil l’image d’une ligne de démarcation mais vous seriez obligé de reconnaître qu’entre les infimes particules de l’encre déposée sur la feuille, il existe des espaces vides qui communiquent tous entre eux, rendant votre « frontière » totalement illusoire.

 

Ainsi, dans l’univers, tout communique-t-il avec tout. Ainsi, tous les aspects du « haut » sont-ils en constante relation avec ceux du « bas »… à tel point que ces deux notions traditionnellement contraires ne peuvent plus s’opposer mais se retrouvent en une réalité unique.

 

Ne crois pas que tout cela soit un jeu du mental cherchant à se persuader de quelque chose. C’est un fait absolu. De façon analogue, il n’y a pas de frontière réelle possible entre les éléments qui constituent une cellule, les cellules entre elles, ces cellules et l’organe qu’elles génèrent, les organes entre eux puis le corps auquel celles-ci donnent naissance et ainsi de suite à l’infini.

 

Il n’existe donc pas une seule créature qui puisse être coupée de ses semblables, imperméable aux éléments et aux manifestations de la Nature, séparée de la globalité de son monde puis, finalement, en rupture de rapport avec les autres mondes. Par essence, tout fusionne avec tout, aussi bien dans la densité de la matière que sur les plans les plus subtils.

 

Non, ce n’est pas aller vers un casse-tête que d’entrer dans une telle réflexion. C’est seulement prendre le parti d’abolir en soi toutes les lignes de démarcation existantes. C’est respecter les formes divines qui s’expriment et se réalisent à travers soi, tout en nous aidant à nous expanser à notre tour.

 

Le maillon fait corps avec la chaîne tandis que la chaîne n’est rien sans le mariage de ses maillons… C’est l’idée de l’Union entre les pleins et les vides apparents qui fait naître la chaîne. Réfléchis également à cela.

 

 

L’énigme de la Liberté

 

Et la Liberté où se situe-t-elle, diras-tu ? Elle demeure… changeant de visage selon l’altitude à laquelle s’opère la ronde de la Vie, c’est-à-dire selon la maturité des éléments formant la Danse divine.

 

Plus une molécule, une cellule, un organe ou un être humain – ce qui revient au même – grandissent en niveau de conscience, plus ils se détachent de la « loi du nombre » de leur groupe.

 

Chaque élément est ainsi appelée à s’illuminer et à connaître un rayonnement qui finit par en faire un soleil à sa façon dans la sphère où il évolue. Et qu’est-ce que le noyau d’une cellule sinon son soleil central ?

 


 

nde3

 

 

Pourquoi alors certaines cellules se reproduisent-elles harmonieusement et d’autres anarchiquement ? Pourquoi certains organismes microscopiques jouent-ils un rôle constructeur tandis que d’autres semblent voués à tout ravager autour d’eux ? Parce que la liberté qui entoure chaque organisme ou chaque parcelle d’organisme est comparable à un lubrifiant indispensable au moteur de la Création.

 

Certains être humains, tout comme certains cellules, avancent plus vite que d’autres, se font rayonnants plus que d’autres et avant d’autres… La pénétration totale du grand mystère de la Liberté ne peut se communiquer à un esprit simplement humain.

 

La Liberté est sœur de la Vérité. On ne les approche toutes deux que par degrés, à petits pas, faute de quoi elles nous brûleraient. Pourquoi ? Parce qu’elles n’ont pas de définition absolue. Elles s’expansent continuellement puisqu’elles ne connaissent pas de frontière et donc pas de limites !

 

Notre liberté à tous, en tant qu’hommes et femmes parvenus à un certain stade d’humanité, est d’apprendre à choisir, avec une conscience et donc une responsabilité accrues, si nous voulons générer des champs de bataille plutôt que des espaces de paix. Inutile de préciser qu’un tel choix ne se fait pas au niveau de l’intellect isolé des autres dimensions de l’être. L’intellect seul se comporte facilement comme un tyran qui invente les arguments de sa dictature à la mesure de ses besoins. C’est aussi un bâtisseur d’idoles.

 

Tant que l’onde du choix n’est pas descendue jusqu’au noyau de la cellule en étant propulsée par un Amour volontaire et constant, la divinisation de l’être n’est pas réellement amorcée. Elle reste une promesse, un horizon.

 

Dieu pluriel et singulier

 

Comprends-tu donc où se trouve Dieu sur Terre ? Quel nom Lui donner et comment accéder à Sa Présence ? Si tes neurones seuls se mettent en mouvement pour formuler une réponse articulée, tu es encore à côté du Sujet de ta réflexion.

 

Que nul n’aille donc plus loin dans l’enseignement que je te délivre s’il n’est pas capable de le recevoir autrement qu’au premier degré de son mental.

 

Le Dieu de la Terre n’a ni langage favori, ni demeure privilégiée. Il ne crie pas au blasphème si l’on préfère conjuguer Son nom au pluriel plutôt qu’au singulier. En Lui, l’opposition n’a pas de place. Il disperse et rassemble en même temps. Il est l’inspir et l’expir. Il est même l’apnée car, en vérité, Il englobe tout.




L'Archipel des 7 étoiles

 

Rien n’est à rejeter de ce qui est différencié par le jeu du grand Prisme. Les dieux et les déesses sont les qualités et les fonctions au moyen desquelles l’ultimement Sacré se manifeste… et que vous nourrissez aussi à votre façon en les colorant de vos sentiments, de vos craintes comme de vos aspirations.

 

Quel être se doute qu’il alimente le corps du Divin ? Le courant de Vie n’est pas une émission à sens unique, vois-tu. Il est pareil à une double colonne d’air où l’ascendant rencontre constamment le descendant. Chaque organe est essentiel au corps qui l’héberge. Il assimile et redistribue ce dont celui-ci a besoin… mais dès que le besoin ne s’en fait plus sentir, la fonction s’atrophie puis l’organe disparaît.

 

Dans la grande manifestation du Divin, il est d’anciennes divinités qui sont ainsi comparables à l’appendice dans le corps de l’homme. Le principe de Vie qui leur donnait forme et raison d’être s’est déplacé.

 

Ainsi, dieux et déesses apparaissent puis disparaissent au rythme des besoins et des appels humains. Ils ont les visages et le regard que la puissance énergétiques de la multitude des prières répétées leur confectionne. Un dieu n’agit que le temps où les pensées humaines lui prêtent vie…

 

Cela ne signifie pas pour autant qu’il soit le résultat d’une invention collective. Cela veut dire que si la Conscience qui est à son origine n’est plus alimentée par un besoin et une ferveur. Il n’y a plus raison pour qu’elle pousse la porte subtile qui la fera se manifester.

 

Sur le chemin de son évolution, chaque peuple comme chaque être participe à l’activation du grand Prisme de la Création. Il suffit de ressentir la nécessité d’une « couleur » et d’appeler celle-ci avec force pour qu’elle finisse par se révéler… et qu’enfin on lui voue un culte. Il vous suffit donc de penser, de désirer, d’appeler… et d’être nombreux à le faire pour qu’une réponse jaillisse finalement de ce que vous nommez l’Invisible. Une Présence, elle aussi en évolution mais appartenant à une sphère de vie différente de la vôtre, empruntera alors le « moule énergétique » que vous lui aurez préparé et s’exprimera.

 

Le dieu de la fourmi

 

Voyez-vous… il existe autant de manifestations associées au Divin qu’il est de types de niveaux de conscience. Toute forme de vie peut endosser la fonction d’une divinité ou de la Divinité aux yeux d’une autre forme de vie.

 

En regard d’une fourmi, qu’êtes-vous sinon un dieu pleinement réalisé ? D’un geste du doigt, vous pouvez la détourner de son chemin ; d’un coup de pied, vous êtes capable de bouleverser sa collectivité… et, en quelques mouvements de pelle, vous savez créer un cataclysme qui anéantira la géographie de son monde.

 

Pourtant, si vous avez conscience du respect dû à sa vie en tant que cellule en quête de divinisation, vous n’agirez pas inconsidérément vis-à-vis d’elle. Vous ne créerez la « fin de son monde » que par nécessité absolue. Déduisez-en ce qu’il convient d’en déduire…

 


 

eclipse-solaire-soleil 236

 

 

Faire l’effort de plonger dans une telle compréhension, c’est accomplir un grand pas à l’horizontale. Prolonger ensuite un tel pas à la totalité d’un environnement puis de la Nature, c’est faire de soi le dieu plus conscient et plus responsable de celle-ci. Etre maintenant enfin capable d’opérer un mouvement analogue intérieur, à la verticale, représente un bien plus grand pas encore. Plus grand parce que faisant appel à une logique d’humilité.

 

En vérité, pour certaines Présences qui peuplent l’univers et que vous pourriez, à juste titre, appeler déesses et dieux, vous n’êtes guère autre chose que des fourmis dont les cataclysmes successifs et les apocalypses répétées correspondent à des nécessités en raison de leur état de conscience…

 

Certes, cette vision de l’infiniment petit conjointe à celle de l’infiniment grand n’est pas nouvelle. Elle peut toutefois le devenir si vous la faites quitter votre zone cérébrale, c’est-à-dire si vous vous laissez imprégner par ce que cela implique réellement.

 

En effet, réalisez ceci : Lorsque nous disons « infiniment grand », vous devez entendre « infiniment subtil ». La vraie grandeur, voyez-vous, n’est jamais affaire de dimension. Elle résulte de l’élévation du taux vibratoire, celui qu’une âme va imprimer à un corps… puis celui qu’un regroupement d’êtres offrira à un monde.

 

C’est un tel saut, à la verticale, qui vous est demandé sans plus attendre… faute de quoi votre fourmilière pourrait être balayée assez radicalement et sans que vous en reconnaissiez la raison. Ne voyez surtout là aucune menace, aucun châtiment édicté par une Puissance divine dont nous serions les annonciateurs. Voyez simplement dans ces paroles le rappel ferme et compatissant d’une loi universelle à l’élaboration de laquelle vous participez constamment. Une loi qui attire vers un haut toujours plus haut que le haut. Une loi aussi qui respecte et conjugue les beautés de l’horizontalité des mondes comme autant de propulseurs de la Conscience.

 

Ecoutez encore… Tout dieu a une responsabilité, celle de maintenir l’harmonie au sein de l’univers dont il a généré la définition. Est-il besoin d’en dire plus quant à votre participation inévitable et nécessaire à la Force du Vivant qui, par essence, se dilate à l’Infini ?

 

Dieu du Soleil

 

Montons maintenant plus encore à la verticale… C’est simple, il suffit de suivre le fil directeur que nous venons de lancer en direction de toutes les formes de soleils. Prolongeons notre regard au-delà du et des dieux planétaires. Regardons derrière le voile de cet Invisible qui entretient directement la cohérence de votre monde immédiat.

 

Il existe là un autre voile à découvrir et à soulever. C’est un rideau de lumière qui, contrairement à ce que l’on croit,  n’ignore pas, ne rejette pas et ne méprise pas les beautés du précédent. Un rideau qui en est l’évidente continuité et non l’opposé. Si, jusqu’ici, vous avez pu concilier en vous la merveilleuse unité du Singulier et du Pluriel, c’est parce que, déjà, son reflet agit en vous.




Mariage des temps nouveaux

 

 

Nous parlions de la Liberté et de son principe déposé à la façon d’un ferment au sein de toute forme de vie, de la plus apparemment insignifiante à la plus incommensurable. Nous parlions de cette Force qui offre la possibilité à chacune d’elles de progresser vers l’état de soleil. Le soleil d’une cellule puis d’un organe. Le soleil d’un corps, son cœur. Le soleil suscitant un regroupement de femmes et d’hommes : un sage. Le soleil aussi illuminant la marche de quelques sages : un Maître de Sagesse. Le soleil, enfin, des Maîtres ascensionnés : celui de l’état de Christ ou de Bouddha…

 

Nous avons dit « enfin » simplement pour stopper le vertige, afin d’opérer une pause dans le mécanisme de la compréhension. Marche par marche, c’est ainsi qu’il faut avancer… Bien ancrer les racines de l’Arbre avant de songer à déployer la totalité de ses branches et des ramifications de celles-ci.

 

L’homme-épine

 

Imaginez… Imaginez maintenant que, au fil des Temps, le cœur d’un homme se soit ensoleillé au point que celui-ci ne puisse faire autrement que sortir du rang de ses semblables… Imaginez aussi qu’il se soit tellement empli de soleil qu’il devienne inévitablement un astre scintillant aux yeux même de tous ceux qui, depuis longtemps, ont commencé à s’illuminer. Qu’advient-il d’un tel homme ? Est-il vénéré de son vivant par les multitudes ?

 

Vous savez bien que non, car sa différence fait peur. Il éblouit. Il blesse les yeux de tous ceux qui vivent encore dans l’ombre de la conscience en hibernation. Il est une épine dans le talon de « l’humanité animale », une écharde qu’il faut expulser de toute urgence. On en fait, soit un démon venu troubler les cœurs, soit une divinité à laquelle il faut vouer un culte. A moins que l’on en fasse le prophète d’une règle de vie figée, c’est dire qu’on le rétrécisse…

 



Maitreya1                                   Morya6
 


 

La vérité est qu’un tel homme n’a pas de réelle place possible au sein du monde où il est né. En tant que Maître de Sagesse, il le sait mais, en s’incarnant, il a choisi, coûte que coûte, d’importer vers l’humanité un éclat de ce plus grand Soleil qu’il a su capter et qui a fait s’expanser le sien.

 

Soleil véhiculant un autre soleil, il se présente alors comme un messager divin à ceux qui l’écoutent. Puisqu’il est soleil, la loi universelle des analogies fait que s’installe rapidement et tout naturellement autour de lui un système de planètes : ses disciples. Autant de sensibilités diverses et donc d’orbites différentes.

 

Poussons plus loin la comparaison. Après le départ d’un tel homme, chacun de ses disciples se trouve être, à son tour, source de lumière. Tous ne sont pourtant encore qu’une réflexion de celle-ci. Ils n’entraîneront pas de planètes autour d’eux mais engendreront des sortes de lunes, telles les reflets d’un reflet…

 

Ainsi, voyez-vous, le voyageur de l’Esprit, celui qui se pose les vraies questions, est quelque peu comparable au voyageur interstellaire. Il peut s’intéresser aux lunes, aux planètes et à la multitude des corps célestes mais, ce qui l’habite, c’est la nostalgie joyeuse du Soleil de l’Origine.

 

Le rôle de l’Avatar

 

Tournons maintenant plus intimement nos regards vers ce Maître de Sagesse qui se révèle comme porteur d’un autre Soleil plus intense que le sien… Les Traditions l’appellent Avatar – ce qui signifie incarnation du Divin – parce qu’il est habité par une Puissance issue du Soleil. Un tel Avatar devient alors « Christ » (c’est-à-dire « béni », « oint » par le Divin. Ce terme n’est pas à comprendre ici dans le contexte du christianisme. Hors de notre contexte historique, il peut y avoir une multitude de christs) car il véhicule une onde de purification et de bénédiction adaptée à l’ensemble du monde où il a choisi de s’incarner.

 

Ainsi que peu d’entre vous sont parvenus à le comprendre, il y a donc lieu d’établir une distinction nette entre, par exemple, le Maître Jésus et le Christ. Le Maître de Sagesse portant le nom de Jésus fut, en fait, un Avatar dont le rôle a été d’être « adombré » durant quelques années par la Présence solaire du Christ.

 


 

jesus-gnose


 

 

Lorsqu’on réalise la nature subtile d’une telle investiture, on peut mieux saisir le sens de certaines de ses paroles. Le « Je » qui sortait de ses lèvres n’était pas celui d’un homme de la Terre, fût-il le plus réalisé d’entre eux.

 

Il était prononcé par la Conscience de la plus grande source de Lumière existant dans le système solaire auquel vous appartenez, celle du Christ.

 

Du Christ non réduit à une religion ou à une foi particulière, du Christ en tant que Principe divin se manifestant sous différents noms, sous toutes les latitudes de votre monde et appelant à une montée de la conscience. Comprends-tu ? Comprenez-vous ? Faites une pause en vous-même afin de bien intégrer la nature d’un tel phénomène et de ses conséquences.

 

L’adombrement est quelque peu comparable à une incorporation ultime et éminemment sacrée. Crois bien que nous ne disons pas « sacrée » par convention mais parce que cela touche à l’essence de la plus pure Lumière, celle devant laquelle on ne peut que spontanément s’incliner.

 

Aux yeux des « Serviteurs des Anges du Seigneur », le sacré n’implique pas la religiosité. Il fait partie intégrante de ce que la Vie a de fondamentalement noble, de mystérieux et de beau. Il traduit le miracle permanent de la Création.

 

Le « Je » fusionnel

 

Retournons à l’enseignement de l’Avatar… Le « Je » prononcé par ses lèvres est d’abord un souffle sortant de sa poitrine. Les hommes de la Terre le comprennent soit comme l’affirmation personnelle émanant d’un être « illuminé » au sens péjoratif du terme, soit comme la marque d’un état de divinité exclusif et final. Rien de tout cela n’est juste…

 

Le « Je » de l’Avatar est le signe de l’identification et de la fusion avec le Divin dans ce que Celui-ci a de présentement concevable. L’ultime « Je » n’existe pas. Son Idée se crée, se transforme puis se recrée encore, à l’infini.

 

Tout « Je » qui se dirait final ne saurait être qu’un « moi-je » même subtilement dissimulé. Oui, l’Avatar est un être parvenu au stade d’une fusion de conscience exceptionnelle avec le Principe solaire régissant le système planétaire auquel son monde appartient.

 

Votre Terre, soyez-en certains, a déjà enfanté de nombreux Avatars. Nous les disons fils du Soleil… et le fait est que l’aspect « filial » du Divin est le seul à pouvoir se manifester dans la densité de la matière au moyen de l’incarnation. Qu’il soit la « deuxième Personne » de la Trinité chrétienne ou Vishnou, le « second Principe » de la Trimourti hindoue, il relève de la même grande vérité sans âge. Vishnou, le Fils, a le Soleil pour demeure.

 

Qu’on lui prête l’identité de Rama, de Krishna, d’Osiris, celle de Jésus ou de Quetzalcoatl, cela n’y change rien. Il s’agit de la même Puissance qui vient, d’époque en époque, dire ce qu’elle a dire.

 
.../...

 

Partager cet article
Repost0
25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 17:13

Le Soleil spirituel central

 

Loin de notre pensée le plus léger manque de respect, encore moins un blasphème à l’égard de la Divine Puissance qui a appelé à la vie toutes choses visibles et invisibles. Nous n’osons pas même penser à Sa majesté et Sa perfection infinies : il nous suffit de savoir qu’Elle existe et qu’Elle est toute Sagesse. Il nous suffit de posséder en commun avec toutes les autres créatures une étincelle de Son essence. La puissance suprême, que nous  révérons sans limite et sans fin, le grand « SOLEIL SPIRITUEL CENTRAL » dont les merveilleux effets nous environnent, le « Dieu » des voyants anciens et modernes. Sa nature ne peut être étudiée que dans les mondes évoqués par son FIAT Tout Puissant. Sa révélation est tracée de sa propre main dans les impérissables formes de l’harmonie universelle, sur le visage majestueux du Cosmos. Tel est le seul évangile INFAILLIBLE que nous reconnaissons.



 

soleil terre

 

 

 

Parlant des anciens géographes, Plutarque remarque, dans Thésée, qu’ils entassent sur les bords de leurs cartes les parties du monde qu’ils ne connaissaient pas. Ils ajoutent en marge des notes pour dire qu’au delà de ces points existent seulement des déserts de sable remplis de bêtes sauvages et de marais impénétrables. Est-ce que nos théologiens et nos savants n’agissent pas de même ? Tandis que les premiers peuplent le monde invisible d’anges et de démons, nos philosophes cherchent à persuader leurs disciples qu’il n’y a rien là où il n’existe pas de matière.

 

Combien de nos sceptiques les plus invétérés appartiennent, malgré leur matérialisme, à des loges maçonniques ? Les Frères Rose-Croix, praticiens mystérieux du moyen âge, existent encore, mais de nom seulement. Ils peuvent « verser des larmes sur la tombe de leur respectable Maître Hiram Abiff », mais ils chercheront en vain la véritable place « où la branche d’acacia fut placée ». La lettre morte demeure seule, l’esprit a fui. Ils sont comme les chœurs anglais ou allemands de l’Opéra Italien qui descendent au quatrième acte d’Hernani, dans la crypte de Charlemagne et chantent leur conspiration dans une langue qui leur est parfaitement inconnue. De même nos modernes chevaliers de l’Arche Sainte peuvent descendre s’ils le veulent, chaque nuit, « par les neuf arches, dans les entrailles de la terre », ils « ne découvriront jamais le Delta sacré d’Enoch ». « Les Seigneurs chevaliers de la vallée du Sud » et ceux de « la vallée du Nord » peuvent essayer de s’assurer que « l’Illumination pointe en leur esprit », et qu’à mesure qu’ils avancent dans la maçonnerie, le voile de la superstition, du despotisme, de la Tyrannie, etc., n’obscurcit plus les visions de leur esprit. Mais ce ne sont que de vains mots tant qu’ils négligent leur mère, la Magie, et qu’ils tournent le dos à son frère jumeau, le Spiritualisme. En vérité, « Seigneurs Chevaliers de l’Orient » vous pouvez « quitter vos sièges et vous asseoir sur le sol en des attitudes de douleur, vos têtes reposant dans vos mains », car vous avez d’amples raisons de déplorer votre destinée. Depuis que Philippe le Bel a chassé les Templiers, personne n’a surgi, malgré toutes prétentions contraires, pour dissiper vos doutes. En vérité, vous êtes « errants loin de Jérusalem, cherchant le trésor perdu du saint lieu ». L’avez-vous trouvé ? Hélas, non ; car le lieu saint a été profané, les colonnes de sagesse, de force et de beauté sont détruites. Désormais, « vous errerez dans les ténèbres » et « vous voyagerez dans l’humilité », par les forêts et les montagnes, à la recherche du « Mot perdu ». « Passez », vous ne le trouverez jamais tant que vous limiterez vos pérégrinations aux sept ou même aux sept fois sept, parce que « vous marchez dans les ténèbres » et qu’il faut pour dissiper cette obscurité l’éclatant flambeau de la vérité que seuls, les légitimes descendants d’Ormazd portent. Ils peuvent seuls vous apprendre la véritable prononciation du nom révélé à Enoch, à Jacob et à Moïse.

 

Dieu existe-t-il ?

 

« Il y a un Dieu personnel et un Diable personnel », dit, de sa voix tonnante, le prédicateur chrétien, « Anathème à celui qui oserait dire non ». – « Il n’y a pas d’autre Dieu personnel que la matière grise enfermée dans notre cerveau », lui répond avec mépris le matérialiste. « Et il n’y a point de Diable. Que celui qui l’affirme soit considéré comme un triple idiot ». Pendant ce temps, les occultistes et les vrais philosophes ne font attention ni à l’un ni à l’autre des deux combattants. Ils persévèrent dans leur œuvre. Aucun d’eux ne croit à l’absurde Dieu passionné et instable de la superstition, mais tous croient au bien et au mal. Notre raison humaine, émanation de notre mental fini, est certainement incapable de comprendre une intelligence divine, une entité infinie et éternelle. Aussi, selon la stricte logique, ce qui transcende notre intelligence, ce qui resterait absolument incompréhensible pour nos sens, ne peut pas exister pour nous. Donc cela n’existe pas. Ce raisonnement borné est d’accord avec celui de la science et dit : « Il n’y a pas de Dieu ». Mais, d’un autre côté, notre Ego, ce qui vit, pense et sent indépendamment de nous, dans notre enveloppe mortelle, notre moi fait plus que croire. Il sait qu’il existe un Dieu dans la nature car le seul et invincible Artisan, vit en nous, comme nous vivons en Lui. Il n’est point de foi dogmatique ni de science exacte qui puisse déraciner ce sentiment intuitif inhérent à l’homme lorsqu’une fois il l’a pleinement perçu en lui.

 

Aspiration de l’homme à l’immortalité

 

La nature humaine est comme la nature universelle dans son horreur du vide. Elle éprouve une aspiration intuitive vers une Puissance Suprême. Faute d’un Dieu, le cosmos lui apparaîtrait comme un corps sans âme. Empêché de Le chercher là où seulement Sa trace pouvait être trouvée, l’homme a rempli ce vide pénible avec le Dieu personnel que ses maîtres spirituels ont façonné exprès pour lui avec des ruines éparses des mythes païens incompris et des philosophies surannées de l’antiquité. Comment expliquer autrement la croissance en champignon de nouvelles sectes dont quelques-unes dépassent le comble de l’absurde ? Le genre humain a un besoin irrépressible, inné ; il lui faut le satisfaire dans une religion quelconque qui supplanterait la théologie dogmatique, indémontrée et indémontrable de nos siècles chrétiens. Ce besoin c’est le désir ardent de preuves de l’immortalité. Sir Thomas Browne l’exprime très bien : « … le plus lourd pavé que la mélancolie puisse lancer à un homme, c’est de lui déclarer qu’il est au bout de sa nature, ou que pour lui il n’est point d’état futur vers lequel il irait progressivement et qu’alors tout serait vain ». Qu’une religion quelconque, capable d’offrir ces preuves de notre immortalité, sous la forme de faits scientifiques, vienne à être proposée : le système actuel se trouvera placé dans l’alternative de renforcer ses dogmes par ces faits mêmes ou de perdre tout droit au respect et à l’affection de la chrétienté. Un ministre du culte chrétien a été forcé de reconnaître qu’il n’y a point de source authentique où l’assurance d’une existence future ait pu être puisée par l’homme. Comment cette croyance se serait-elle donc maintenant pendant des siècles sans nombre si ce n’est parce que parmi toutes les nations, civilisées ou non on a accordé à l’homme cette preuve démonstrative ?



 

Silentium by Ioneek

 

 

 

Est-ce que l’existence de cette croyance ne prouve pas, elle-même, que le penseur philosophe et le sauvage irrationnel ont, tous deux, été forcés d’admettre le témoignage de leur sens ? Si dans des cas déterminés, une illusion spectrale peut être résultée de causes physiques, d’autre part, dans des milliers de cas, il y a eu des apparitions de personnes conversant avec plusieurs individus à la fois : ensemble, ces témoins ont vu et entendu car, certainement tous n’avaient point l’esprit en désordre.

 

Les plus grands penseurs de la Grèce et de Rome considéraient ces apparitions comme des faits démontrés. Ils distinguaient les apparitions par les noms de manès, anima, umbra : les manès descendaient, après la mort de l’individu, dans le monde inférieur, l’anima, esprit pur, remontait au ciel ; enfin l’umbra, inquiète l’âme liée à la terre errait autour de sa tombe parce que l’attraction de la matière et l’affection pour son corps mortel l’emportaient en elle et empêchaient son essor vers les hautes régions.

 

« Terra legit carnem tumulum circumvolet umbra, Orcus habet manes, spiritus astra petit ».

Dit Ovide au sujet des triples constituants de l’âme.

 

Mais toutes ces définitions doivent être soumises à la soigneuse analyse de la philosophie. Trop de nos penseurs ne voient guère que les nombreux changements de langage, la phraséologie allégorique. Le désir évident de secret chez les écrivains Mystiques, car, le secret était obligatoire en ce qui concernait les mystères du sanctuaire, a pu causer de grossières méprises aux traducteurs et aux commentateurs.

 

Les expressions des alchimistes du moyen âge ont été traduites littéralement. Le symbolisme voilé de Platon même, est généralement mal interprété par le lettré moderne. Un jour viendra sans doute où on fera mieux. Alors, on se convaincra que la méthode de l’extrême nécessité fut pratiquée dans l’ancienne philosophie aussi bien que dans la moderne. Dès les premières époques de l’humanité, les vérités fondamentales de tout ce qu’il nous est donné de connaître sur la terre, furent soigneusement confiées à la garde des adeptes du sanctuaire. La différence des croyances et des pratiques religieuses était purement extérieure Ces gardiens de la révélation divine primitive qui avait résolu tous les problèmes accessibles à l’intelligence humaine, étaient liés entre eux par une franc-maçonnerie universelle de science et de philosophie ; ils formaient une chaîne ininterrompue autour du globe. C’est à la philologie et à la psychologie de trouver l’extrémité du fil. Alors, on verra que l’écheveau du mystère peut être débrouillé si l’on dégage une seule boucle des systèmes religieux antiques.

 

Faute d’avoir connu ces preuves ou, pour avoir refusé de les connaître, des hommes comme Hare et Wallace, avec d’autres penseurs de talent, ont été acculés dans l’impasse du spiritisme moderne. Les mêmes raisons ont réduit d’autres esprits, entièrement dépourvus d’intuition spirituelle, à se plonger dans un matérialisme grossier décoré de noms divers.

 

Mais nous ne voyons pas l’utilité de pousser plus loin cette étude. Selon la plupart de nos contemporains, il n’y eut qu’un jour de savoir ; à son aurore assistaient les philosophes anciens, et son midi radieux est à nous. Le témoignage de centaines de penseurs antiques et médiévaux est aussi inutile à nos expérimentateurs modernes que si le monde datait seulement de la première année de notre ère, que tout savoir était de date récente. Cependant, nous ne perdons ni espoir ni courage. Le moment est plus opportun que jamais pour passer en revue les philosophies antiques. Les archéologues, les philologues, les astronomes, les chimistes et les physiciens s’approchent de plus en plus de ce point où ils seront forcés de s’en occuper. La science physique a déjà atteint ses limites d’exploration, la théologie dogmatique voit tarir les sources de son inspiration. A moins que les signes précurseurs ne nous trompent, le jour est proche où le monde accueillera les preuves que les religions anciennes seules étaient en harmonie avec la nature et que la science antique embrassait tout ce qui peut être connu. Des secrets longtemps gardés pourraient être révélés, des livres longtemps oubliés, et des arts depuis longtemps perdus, pourraient être remis en lumière ; des papyrus et des  parchemins d’une importance inestimable se retrouveront entre les mains d’hommes qui déclareront les avoir déroulés autour des momies ou trouvés dans les ténèbres des cryptes : tablettes et piliers pourraient être exhumés, interprétés et leurs révélations sculptées surprendre les théologiens et confondre les savants. Qui connaît les possibilités de l’avenir ? Une ère de désillusion et de reconstruction va commencer. Que dis-je ? Elle est déjà commencée. Le cycle a presque accompli sa course. Un cycle nouveau est sur le point de naître. Les pages futures de l’histoire mettront en pleine évidence et prouveront absolument que :

 

« S’il faut en croire nos ancêtres, des esprits sont descendus converser avec l’homme, et lui ont révélé les secrets du monde inconnu ».

 

Les Serviteurs des Anges du Seigneur

 

« De la cellule au corps puis à l’espace projeté par la conscience du corps, le Divin s’invente, se découvre et s’expanse. C’est ainsi qu’IL EST. De planète en soleil puis en galaxie et en cosmos, il est dit qu’Il s’ensemence Lui-même au rythme où tout cœur bat, où tout âme repousse ses horizons et où l’Esprit contemple sa propre splendeur. De la Cellule au corps puis à l’espace projeté par la conscience du corps, le Sacré dépasse l’illusion du Temps. C’est ainsi qu’Il AIME. Le Un est multiple dans son expansion mais le multiple ne récite que l’Un. Il inspire ce qui Lui est expiré et expire ce qui Lui est inspiré. Il est Respiration. Il est l’acte d’Aimer. La multiplication sacrée ne parle que de la loi de l’Un. Elle la conjugue et se réalise ainsi. Innombrables sont les projets du Divin mais unique est leur but en Soi ».



 

78digitalfantasyart06-m283

 

 

 

Tel est, mon ami, le chant discret, secret et véridique que la Création entonne à travers les mondes. Il est notre nourriture et notre force d’être à nous qui sommes simplement… ceux qui vous tiennent la main, comme des frères aînés. Qui sommes-nous encore pour te ravir et te parler ainsi ? Certains nous appellent Les Serviteurs des Anges du Seigneur… Nous acceptons ce nom au-delà des limitations du langage humain car tout service anoblit ; tout Ange est lui-même Serviteur et tout Seigneur vénère un autre Ange qui le guide.

 

Médite cela comme une simple entrée en matière de ce que nous avons à déposer en ta mémoire. De tels mots sont juste un parfum car tu peux être certain que nous n’utiliserons aucun terme obscur afin de t’enseigner. Ce temps de la Terre est celui de la Révélation. Nous lèverons donc les voiles qui recouvrent les mondes puis les frontières qui inventent ces mondes.

 

Que cela soit dit sans attendre : Ce que nous avons à te confier s’adresse à ceux qui ne craignent pas les explosions, les explosions des structures intimes de leur chair et celles des mirages de leur âme. Oui, nous sommes des dynamiteurs de frontières car les ailes de tout Ange sont, par essence, des détonateurs…

 

Ainsi, seuls ceux qui n’ont pas peur, pas même peur d’une éventuelle peur, nous entendront. Rares, cependant, sont ceux qui ne craignent pas la totale explosion de tous les murs d’enceinte érigés par l’être. Rares sont ceux qui veulent vraiment… vouloir ! Vouloir oser, vouloir voler, vouloir comprendre, vouloir aimer, parfois pleurer, toujours s’expanser pour vouloir enfin tout embrasser et Etre.

 

Saisis-tu là où nous cherchons à t’emmener ? En réalité, nous n’avons pas d’autre choix que cette invitation et vous n’avez pas d’autre que celui de cette audace. Ni les contours d’un enclos, ni les profondeurs d’un précipice n’ont de sens pour l’oiseau. Voilà pourquoi c’est à l’oiseau qui s’ignore dans chacune de vos cellules que nous nous adressons ici.

 

Ecoute et retiens…

 

Il y a des millions et des millions d’années de votre temps que nous observons ta planète et l’entourons de nos soins.

 

D’innombrables fois, nous avons vu celle-ci changer de peau et de vêtement. Nous avons connu et protégé comme nous l’avons pu toutes les saisons de son âme et de son corps. Inlassablement, nous avons aussi regardé les brouillons que vous y faisiez de vos propres existences et avons tenté d’intervenir entre leurs lignes.

 

C’est une interminable histoire de tracés au crayon, de coups de gomme, de tâches d’encre, de pages froissées, arrachées puis ré-écrites sur le livre de l’âme. Chacun se perd dans ses chapitres, ses alinéas et ses notes de bas de page. S’y attarder encore, ce serait prolonger l’égarement dans un labyrinthe de prétextes, ce serait perpétuer le virus du dessèchement à l’abri des mêmes vieilles frontières.

 

Alors non… Cassons tout cela sans lancer un seul regard par-dessus l’épaule, hormis celui de la compassion. Simplifions et visons le cœur de la Cible jusqu’à être le cœur de cette Cible. La question est donc directe…

 

Qu’est-ce qui fait de vous, amis de la Terre, ces boules de souffrances en épuisante errance au fil des âges ?

 

Une divinité à retrouver

 

Ne crois pas que cette interrogation cache une énigme. En vérité, la réponse est on ne peut plus simple dans sa racine, même si ses ramifications sont des milliers à se développer dans la sphère du mental… Vous avez fait de vous des étrangers à l’état de Divinité. Vous vous êtes séparés de vous-même en inventant l’illusion de ne pas être Tout ! C’est l’ivresse de la Séparation et donc du sentiment de Liberté qui a fait de vous des égarés. Vous êtes à la fois orphelins et veufs de vous-même !

 

Dans cette affirmation, il n’y a, vois-tu, aucun reproche, aucune condamnation. Seulement une constatation ou, mieux, le diagnostic aimant de ceux qui ont fait le vœu de lever en vous barricades, barrières et remparts.



 

creation du monde

 

 

Ainsi, nous réapparaissons aujourd’hui afin de vous rappeler que la souffrance n’est ni une nécessité ni une fatalité mais une option que vous avez choisie. Une option que vous seuls pouvez gommer de votre feuille de route. Une option au choix de laquelle nuls autres que vous, dans le jeu de la complexité, ne vous a contraints. L’accès au bonheur et à la déclinaison de toutes les joies de la Vie est simple, de toute éternité. La découverte de la simplicité est complexe, dites-vous ? Soyez détrompés ! Il est bien plus difficile de serrer le poing pour frapper en prétextant la défense que de l’ouvrir afin d’accueillir.

 

Que risque-t-on de perdre ? Rien, hormis la douleur de la crispation. Ne pas tout maîtriser ? Mais qu’est-ce que maîtriser, dites-le nous, quand on ne se possède pas soi-même, c’est-à-dire quand on ne s’est pas reconnu ?

 

Y a-t-il enfin un credo que nous cherchons à vous inculquer et auquel vous devriez vous accrocher ? Certainement pas… Les croyances ont déjà suffisamment fait leurs nids en vous, de même que vous avez fait vos nids en elles !

 

Abolir la différence

 

Nous sommes seulement de retour afin de vous apprendre à désapprendre. Désapprendre, c’est ne plus être différent du rocher où l’on pose sa main, du tronc d’arbre sur lequel on s’adosse, de l’animal que l’on s’imagine dominer, de l’autre que l’on ne peut s’empêcher de juger, de la Terre que l’on foule du pied, de l’eau qui nous lave, du feu, de l’air, des cieux auxquels on aspire et même du soleil qui nous aveugle.

 

J’ai bien dit « ne plus être différent », mon ami, et non pas « ne plus se sentir différent »…. Car c’est dans l’Union puis dans la Fusion que tout se résout.

 

Là se tient le cœur de ce que j’ai à te confier afin que tu les confies à ton tour à d’autres qui le confieront encore… Je ne cherche qu’une tendre contagion de simplicité rien de plus.

 

Au nom des Serviteurs des Anges du Seigneur, je ne parlerai que de ce que je connais pour l’avoir vécu et parce que je continue à le vivre. Seul, ce qui est éprouvé a valeur d’enseignement… le reste n’étant que renseignement.

 

Sache enfin que, par ma voix, le tu et le vous se mélangeront ainsi que le je et le nous puisque, en vérité, nous ne faisons qu’Un…

 

Dieu de la planète

 

Qui est le Seigneur ? Je pourrais tout simplement répondre : « Le Seigneur ? Mais… c’est vous ! ». Cependant, rassure-toi, rassurez-vous, ce n’est que progressivement que j’entrerai dans une aussi grande simplification. Un écheveau ne se déroule que peu à peu ; c’est la condition pour ne pas en faire un sac de nœuds.

 



Solaris-v2

 

 

Le Seigneur, dis-je ? Mais… dans un premier temps, n’est-ce pas tout naturellement l’ensemble des manifestations de la vie de cette planète qui vous porte et de la Conscience globale qui les rassemble ?

 

Ecoute-moi… Ton siècle s’amuse de ces peuples que l’on dit primitifs et qui adorent les forces terrestres comme autant de dieux et de déesses. Depuis l’aube des Temps, il est des hommes qui ont pour usage sacré de parler aux arbres afin de leur confier des messages ; il en est pour écouter la voix profonde d’un cristal de roche, pour manier le feu dans leurs mains ou pour implorer d’une rivière qu’elle change de lit. Il en est aussi pour connaître la famille des nuages, les sons qui les dissolvent ou, au contraire, les font se déverser en pluie et se mêler au vent. Superstitions et illusions ? Simplement connaissance d’une langue, de ses mots et de sa grammaire secrète et intime.

 

Pour ces hommes-là, le Seigneur se manifeste à travers une multitude de formes qui sont autant de présences divines portant un nom et endossant une fonction. Ils voient juste… Leurs yeux sont semblables au prisme qui décompose la lumière. Au cœur du blanc virginal, ils perçoivent, aiment et honorent toute la gamme des couleurs du Vivant. Ils y perçoivent même des nuances qui sont étrangères aux autres hommes. Des nuances qui ont leur propre intelligence, leur propre vie… car tout ce qui est EST.

 

.../...
 

Partager cet article
Repost0
25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 16:46

Le Soleil comme Dieu

 

Jamblique appelle le Soleil « l’image de l’intelligence divine ou Sagesse ». Eusèbe, répétant les paroles de Philon, appelle le Soleil levant, l’Ange principal, le plus ancien, en ajoutant que l’Archange, qui est polyonymous (titulaire de nombreux noms) est le Verbe ou Christ. Le mot Sol (Soleil) étant tiré de solus, l’Unique, ou de « Lui seul » et son nom grec de Hélios signifiant le « Très-Haut », l’emblème devient compréhensible. Néanmoins, les Anciens établissaient une différence entre le Soleil et son prototype.


 

soleil

 

 

Socrate saluait le Soleil levant, comme de nos jours le véritable Pârsi ou Zoroastrien et Homère ainsi qu’Euripide, comme souvent Platon après eux, font mention du Jupiter-Logos, le « Verbe » ou Soleil. Les Chrétiens soutiennent pourtant que l’oracle consulté au sujet du Dieu Iao ayant répondu : « C’est le Soleil », il en résulte que :

 

« Le Jéhovah des Juifs était bien connu des Païens et des Grecs ».

 

et que « Iao est notre Jéhovah ». La première partie de la proposition n’a, semble-t-il, rien à faire avec la seconde et la conclusion, surtout, ne peut être considérée comme correcte ; mais si les Chrétiens sont tellement anxieux d’établir l’identité, les Occultistes n’y voient aucun inconvénient. Seulement, dans ce cas, Jéhovah est aussi Bacchus. Il est bien étrange que les peuples de la Chrétienté civilisée continuent jusqu’à présent à se cramponner aussi désespérément aux vêtements des Juifs idolâtres – qui étaient Sabéens et adorateurs du Soleil, comme la phèbe de la Chaldée – et n’arrivent pas à se rendre compte que le Jéhovah postérieur n’est qu’un développement Juif du Ja-va ou Iao des Phéniciens ; bref, que ce nom était le nom secret d’un Dieu Mystère, d’un des nombreux Kabires. Considéré comme le « Dieu suprême » par une petite nation, il ne fut jamais tel pour les Initiés qui dirigeaient les Mystères ; pour eux, ce n’était qu’un Esprit Planétaire attaché au Soleil visible, et le Soleil visible n’est que l’Etoile centrale et non pas le Soleil spirituel central.

 

« Et l’Ange du Seigneur lui dit (à Manué) : Pourquoi m’interroges-tu sur mon nom, voyant qu’il est secret ».

 

Quoi qu’il en soit, il n’est guère possible de discuter l’identité du Jéhovah du mont Sinaï avec le Dieu Bacchus et il est certainement – comme cela est déjà exposé dans Isis Dévoilée – Dionysos. Partout où Bacchus était l’objet d’un culte, il existait une tradition au sujet de Nyssa et une caverne où il avait été élevé. En dehors de la Grèce, Bacchus était le tout-puissant « Zagreus, le plus haut des Dieux », au service duquel était attaché Orphée, fondateur des Mystères. A moins, donc, de concéder que Moïse était un Prêtre-Initié, un Adepte, dont toutes les actions sont allégoriquement racontées, il faut admettre qu’il était personnellement et toutes ses légions d’Israélites avec lui, des adorateurs de Bacchus.

 

« Et Moïse construisit un autel et lui donna le nom de Jéhovah Nissi (ou Iao-nisi, ou encore Dionisi) ».

 

Pour appuyer ce que nous disons, nous n’avons qu’à rappeler que l’endroit où naquit Osiris, le Zagreus ou Bacchus Egyptien était le Mont Sinaï, qui est appelé par les Egyptiens le Mont Nissa. Le serpent d’airain était un nis et le mois de la pâque juive est Nisan.

 

Symbolisme du Soleil et des Etoiles

 

Et le Ciel était visible dans Sept Cercles et les planètes apparaissaient avec tous leurs signes, sous la forme d’étoiles et les étoiles étaient divisées et dénombrées avec les Chefs qui s’y trouvaient et le cours de leur évolution grâce à l’action de l’Esprit divin.

 

Ici Esprit veut dire Pneuma, la Divinité collective, manifestée dans ses « Constructeurs » ou, suivant l’expression de l’Eglise, « les Sept Esprits de la Présence », les mediantibus angelis dont saint Thomas d’Aquin dit que « Dieu n’œuvre jamais que par leur entremise ».

 

Ces sept « chefs » ou Anges médiateurs étaient les Dieux Kabires des Anciens. C’était si évident que l’Eglise fut obligée, à la fois d’admettre le fait et d’en donner une explication et une théorie dont la maladresse et les sophismes évidents les rendaient incapables de faire impression. On invite le monde à croire qu’alors que les Anges Planétaires de l’Eglise sont des Etres divins, sont les véritables « Séraphins »[1], ces mêmes anges, avec des noms et des planètes identiques, étaient et sont encore « faux » - en tant que Dieux des Anciens. Ce ne sont que des simulateurs ; les artificieuses copies des véritables Anges, exécutées d’avance grâce à l’habileté et à la puissance de Lucifer et des Anges déchus. Que sont donc les Kabires ?

 


 

betel

 

 

Kabires, en tant que nom, est dérivé de Habir, grand, et aussi de Vénus, cette Déesse étant appelée jusqu’à présent Kabar, comme l’est aussi son étoile. Les Kabires étaient l’objet d’un culte à Hébron, la ville des Anakim ou anakas (rois, princes). Ce sont les plus hauts Esprits Planétaires, les « plus grands Dieux » et « les puissants ». Varron, suivant l’exemple d’Orphée, appelle ces Dieux bonnes forces. « Puissances divines ». Le mot Kabirim, lorsqu’il s’applique à des hommes et les mots Héber, Ghéber (par rapport à Nemrod ou aux « géants » de la Genèse, VI) et Kabir, sont tous dérivés du « Mot mystérieux » l’Ineffable et l’Imprononçable. Aussi que ce sont eux qui représentent tsaba la « légion du ciel ». Cependant l’Eglise qui s’incline devant l’ange Anael (le régent de Vénus), rattache la planète Vénus à Lucifer, chef des rebelles sous Satan que le prophète Isaïe apostrophe si poétiquement en ces termes : « ô Lucifer, fils du matin ». Tous les Dieux de Mystères étaient des Kabires. Comme ces « sept licteurs » se rapportent directement à la Doctrine Secrète, leur statut réel a la plus grande importance.

 

Suidas définit les Kabires comme les Dieux qui commandent à tous les autres daemons (Esprit) [Kabeirons daimonas]. Macrobe les présente comme

 

« Les Pénates et divinités tutélaires, par lesquelles nous vivons, nous apprenons et nous savons » (Saturne I, III, ch. IV).

 

Les Téraphims, par lesquels les Hébreux consultaient les oracles des Urim et des Thummim, étaient les hiéroglyphes symboliques des Kabires. Néanmoins, les bons Pères ont fait de Kabir le synonyme de diable et de daïmon (esprit), un démon.

 

A Hébron, les Mystères des Kabires (Païens et Juifs) étaient présidés par les sept Dieux Planétaires, entre autres par Jupiter et Saturne sous leurs noms de mystères et ils sont désignés comme les axiochersos et axiochersa et par Euripide comme le dieu le plus remarquable. Creuzer monter en outre que, tant en Phénicie qu’en Egypte, les Kabires furent toujours les sept planètes connues dans l’antiquité et qui, avec leur Père le Soleil – mentionné ailleurs comme leur « frère aîné » - composaient une puissance ogdoade ; les huit puissances supérieures, en qualité de Paredoi ou assesseurs solaires, exécutaient autour de lui la danse circulaire sacrée, symbole de la rotation des planètes autour du Soleil. De plus Jéhovah et Saturne ne font qu’un.

 

Il est donc tout naturel de voir un auteur français, d’Anselme, appliquer ces mêmes termes à Jéhovah et à son verbe et cette application est correcte. En effet, si la « danse circulaire » prescrite par les Amazones pour les Mystères – et qui est la « danse circulaire » des planètes, caractérisée comme « le mouvement de l’Esprit divin porté sur les vagues du grand Abîme » - peut être qualifiée aujourd’hui « d’infernale » et de « lascive » lorsqu’elle est exécutée par les Païens, les mêmes épithètes devront alors être appliquées à la danse de David et à la danse des filles de Shiloh, ainsi qu’aux bonds des prophètes de Baal ; tout cela était identique et appartenait au culte Sabéen. La danse du roi David, durant laquelle il se découvrit sur une voie publique en présence de ses servantes, en disant :

 

« Je jouerai (j’agirai lascivement) devant le Seigneur [Jéhovah] et je serai encore plus vil que cela ».

 

était assurément plus répréhensible que toutes les « danses circulaires » des Mystères, ou même que la moderne Râsa Mandala de l’Inde, qui est la même chose. Ce fut David qui introduisit le culte de Jéhovah en Judée, après un long séjour au milieu des Tyriens et des Philistins, chez qui ces rites étaient communs.


 

Syst Solaire

 

 

 

David ignorait Moïse et s’il introduisit le culte de Jéhovah, ce ne fut pas sous son caractère monothéiste, mais simplement comme le culte de l’un des nombreux dieux (Kabiriens) des nations voisines, comme une divinité tutélaire qui lui était propre, et à laquelle il avait donné la préférence – qu’il avait choisie parmi « tous les autres dieux (Kabiri) ».

 

Et qui était l’un des « associés », Chabir, du Soleil. Les Shakers exécutent la « danse circulaire » jusqu’à présent, lorsqu’ils tournoient pour que le Saint-Esprit les mette en mouvement. Dans l’Inde, c’est Nârâ-yana qui est « celui qui se meut sur les eaux » ; or Nârâyana, c’est Vishnou sous la forme secondaire et Vishnou a pour Avatar, Krishna, en l’honneur duquel la « danse circulaire » est encore exécutée par les Nautch-girls (danseuses) des temples ; lui, représentant le Dieu-Soleil et elles les planètes symbolisées par les Gopis.

 

Que le lecteur se reporte aux œuvres de Mirville, écrivain Catholique Romain, ou à Monumental Christianity du Dr Lundy, pasteur Protestant, s’il veut apprécier jusqu’à un certain point la subtilité casuistique de leurs raisonnements. Aucune personne ignorant les versions occultes, ne peut manquer d’être impressionnée par les preuves mises en avant pour établir l’habileté et la persévérance avec lesquelles « Satan a travaillé durant de longs millénaires pour tenter une humanité » qui n’avait pas la bénédiction d’une Eglise infaillible, afin d’arriver à se faire reconnaître, lui, comme « l’Unique Dieu Vivant » et ses démons comme de saints Anges. Le lecteur doit faire preuve de patience et étudier avec attention ce que dit l’auteur pour le compte de son Eglise. Afin de les mieux comparer à la version des Occultistes, il est bon de citer ici quelques points, textuellement.

 

Saint Pierre, nous dit : « Puisse le divin Lucifer se lever dans vos cœurs ». [Or, le Soleil, c’est le Christ]… « J’enverrai mon Fils, du Soleil », dit l’Eternel par la voix des traditions prophétiques, et la prophétie étant devenue histoire, les Evangélistes répétèrent à leur tour : « Le Soleil se levant d’en haut nous a visités ».



 

ronmiller

 

 

Or, Dieu dit, par l’entremise de Malachie, que le Soleil se lèvera pour ceux qui craignent son nom. Ce que voulait dire Malachie par « Soleil de Justice », les Cabalistes seuls peuvent le dire, mais ce que les théologiens grecs et même protestants entendaient par ce terme est naturellement le Christ, auquel il serait métaphoriquement fait allusion. Seulement comme la phrase : « J’enverrai mon Fils du Soleil », est empruntée textuellement à un Livre Sibyllin, il devient très difficile de comprendre comment on pourrait l’attribuer à une prophétie ayant trait au Sauveur Chrétien, ou la classer avec de telles prophéties, à moins toutefois d’identifier ce dernier avec Apollon. Virgile aussi dit : « Voici venir le règne de la Vierge et d’Apollon » et, jusqu’à présent, Apollon, ou Appolyon, est considéré comme une forme de Satan et comme signifiant l’Antéchrist. Si la promesse Sibylline : « Il enverra son Fils du Soleil » se rapporte au Christ, il s’ensuit que le Christ et Apollon ne font qu’un – et dans ce cas pourquoi appeler ce dernier un démon ? – ou bien que la prophétie n’a aucun rapport avec le Sauveur Chrétien et, dans ce cas, pourquoi se l’approprie-t-on ?

 

Mais de Mirville va plus loin. Il montre saint Denis l’Aéropagite nous affirmant que :

 

« Le Soleil est la signification spéciale et la statue de Dieu… C’est par la porte Orientale que la gloire du Seigneur pénétra dans les temples (des Juifs et des Chrétiens, cette gloire divine étant la lumière du Soleil)… « Nous construisons nos églises face à l’orient, dit à son tour saint Ambroise, car durant les Mystères nous commençons par renoncer à celui qui est à l’occident ».

 

« Celui qui est à l’Occident », c’est Typhon, le dieu Egyptien des ténèbres – car ils considéraient l’Occident comme la « Porte Typhonique de la Mort ». Ayant ainsi emprunté Osiris aux Egyptiens, les Pères de l’Eglise se préoccupèrent fort peu de se servir de son frère Typhon. Puis :

 

« Le prophète Baruch parle des étoiles qui se réjouissent dans leurs vaisseaux et leurs citadelles (Chap. III) et l’Ecclésiaste applique les mêmes termes au soleil, qui est représenté comme « l’admirable vaisseau du Très-Haut » et la « citadelle du Seigneur ».

 

En tout cas, la chose ne fait point de doute, car l’auteur sacré dit que c’est un Esprit qui gouverne la course du soleil. Ecoutez ce qu’il dit (dans l’Ecclésiaste, I, 5) : « Le Soleil aussi se lève – et son esprit éclairant tout sur sa route circulaire (gyrat gyrans) retourne suivant ses circuits ».

 

De Mirville semble citer des textes repoussés par les Protestants ou inconnus d’eux, car dans leur Bible il n’existe pas un quarante-troisième chapitre de l’Eccléciaste ; en outre, ce n’est pas le soleil qui s’y meut « en circuit » mais le vent. C’est une question à régler entre l’Eglise Romaine et l’Eglise Protestante. Ce que nous signalons c’est le puissant élément de Sabéisme ou d’Héliolâtrie qui existe dans le Christianisme.

 

Un Concile Œcuménique ayant mis, d’autorité, un terme à l’Astrolâtrie Chrétienne en déclarant qu’il n’existait pas d’Ames sidérales dans le soleil, la lune ou les planètes, saint Thomas prit sur lui de trancher la question. Le « docteur angélique » déclara que ces expressions ne voulaient pas dire une « âme », mais simplement une Intelligence, non pas résidant dans le soleil ou les étoiles, mais les assistant ; « une intelligence dirigeante et guidante ».

 

Là-dessus, l’auteur, réconforté par l’explication, cite Clément d’Alexandrie et rappelle au lecteur l’opinion de ce philosophe, le rapport qui existe « entre les sept branches du chandelier – les sept étoiles de l’Apocalypse » et le soleil :

 

« Les six branches fixées au chandelier central, dit Clément, ont des lampes, mais le soleil, placé au milieu des errants déverse ses rayons sur eux tous ; ce chandelier d’or cache encore un autre mystère ; c’est le signe du Christ, non seulement par la forme, mais parce qu’il répand sa lumière par l’entremise des sept esprits primitivement créés et qui sont les Sept Yeux du Seigneur.

 

En conséquence, plaide de Mirville, les principales planètes sont, pour les sept esprits primordiaux, suivant saint Clément, ce que le chandelier-soleil est pour le Christ Lui-même, savoir – leurs vaisseaux.

 

C’est assez clair assurément, bien que l’on ne parvienne pas à voir en quoi cette explication aide à éclairer la situation. Le chandelier à sept branches des Israélites, de même que les « errants » des Grecs, avaient une signification bien plus naturelle et surtout un sens purement astrologique. En fait, depuis les Mages et les Chaldéens jusqu’aux Zadkiels dont on se moque tant, tous les ouvrages astrologiques diront à leurs lecteurs que le Soleil placé au milieu des planètes, avec Saturne, Jupiter et Mars d’un côté et Vénus, Mercure et la Lune de l’autre – la ligne des planètes traversant toute la Terre – a toujours signifié ce que nous dit Hermès, c’est-à-dire le fil de la destinée, ou ce dont l’action (l’influence) est appelée la destinée. Mais, en fait de symbole, nous préférons le Soleil à un chandelier. On peut comprendre comment ce dernier en vint à représenter le soleil et les planètes, mais personne ne saurait admirer le choix du symbole. Il y a de la poésie et de la grandeur dans le soleil, lorsqu’on en fait le symbole de « l’œil d’Ormuzd », ou d’Osiris et qu’on le considère comme le Vâhan (véhicule) de la Divinité la plus haute. Mais on n’arrivera jamais à comprendre qu’une gloire spéciale puisse être attribuée au Christ en lui affectant la partie centrale d’un chandelier dans une synagogue juive, en guise de siège d’honneur mystique.


 

soleil

 

 

Il y a donc positivement deux soleils ; un soleil qui est adoré et un soleil qui adore. L’Apocalypse le prouve.

 

On découvre le Verbe au chapitre VII, dans l’ange qui s’élève au lever du Soleil, portant le sceau du Dieu vivant… Tandis que des commentateurs différent d’avis au sujet de la personnalité de cet ange, saint Ambroise et beaucoup d’autres théologiens voient en lui le Christ lui-même… Il est le Soleil qui adoré. Mais au chapitre XIX, nous trouvons un ange qui se tient dans le Soleil, invitant toutes les nations à s’assembler pour le grand souper de l’Agneau. Cette fois, il s’agit, littéralement et simplement de l’Ange du Soleil – que l’on ne peut confondre avec le « Verbe », puisque le prophète le distingue du Verbe, Roi des Rois et Seigneur des Seigneurs… Il semble que l’ange qui se trouve dans le Soleil soit un ange qui adore. Quel peut être ce dernier ? Que pourrait-il être si ce n’est l’Etoile du Matin, l’ange gardien du Verbe, son férouer ou ange de la face, de même que le Verbe est l’Ange de la Face (présence) de son Père, son principal attribut, sa principale force, comme l’implique son nom même (Michel), le puissant recteur glorifié par l’Eglise, le Rector potens qui vaincra l’Antéchrist, le Vice-Verbe en un mot qui représente son maître et semble ne faire qu’un avec lui.

 

Oui, Michel est le prétendu vainqueur d’Ormuzd, d’Osiris, d’Apollon, de Krishna, de Mithra, etc., bref de tous les Dieux Solaires connus et inconnus, que l’on traite aujourd’hui de démons, de « Satan ». Néanmoins, le « Vainqueur » n’a pas dédaigné de revêtir les dépouilles des ennemis vaincus – leurs personnalités, leurs attributs et même leurs noms – pour devenir l’alter ego de ces démons.

 

Ainsi, le Dieu Soleil est ici Honover ou l’Eternel. Le prince en es Ormuzd, puisqu’il est le premier des sept Amschaspends [les copies diaboliques des sept anges originels] (caput angelorum) ; l’agneau (hamal), le Berger du Zodiaque et l’antagoniste du serpent. Mais le Soleil (l’œil d’Ormuzd) a aussi son recteur, Korshid ou le mitraton, qui est le férouer de la face d’Ormuzd, son Ized, ou étoile du matin. Les Mazdéens avaient un triple Soleil… Pour nous, ce Korshid-Mitraton est le premier des génies psychopompes et le guide du soleil, l’immolateur du Taureau (ou agneau) terrestre, dont les blessures sont léchées par le serpent (sur le fameux monument mithraïque).

 

Saint Paul, en parlant de ceux qui gouvernent ce monde, les Cosmocratores, n’a fait que répéter ce qui avait été dit par tous les philosophes primitifs des dix siècles qui précédèrent l’ère chrétienne, seulement il fut à peine compris et ses paroles furent souvent volontairement mal interprétées. Damascius répète les enseignements des auteurs païens, lorsqu’il explique :

 

« Qu’il y a sept séries de cosmocratores ou de forces cosmiques, qui sont doubles ; les plus élevées chargées de soutenir et de gouverner le monde supérieur ; les moins élevées chargées d’en faire autant pour le monde inférieur (le nôtre) ».

 

Il ne dit pourtant que ce que les anciens enseignaient. Jamblique mentionne ce dogme de la dualité de toutes les planètes et corps célestes, des dieux et des daïmons (esprits). Lui aussi divise les Archontes en deux classes – la plus spirituelle et la moins spirituelle ; cette dernière plus rattachée à la matière, plus enveloppée par elle, comme possédant une forme, tandis que les membres de la première sont sans corps (aroûpa). Mais qu’ont donc à faire avec ceci Satan et les anges ? Simplement, peut-être, afin de pouvoir expliquer l’identité du dogme Zoroastrien et du dogme Chrétien, ainsi que de Mithra, Ormuzd et Ahriman, avec le Père, le Fils et le Démon du Christianisme. Et en parlant de « dogme Zoroastrien » nous entendons par là l’enseignement exotérique. Comment expliquer que les mêmes rapports existent entre Mithra et Ormuzd entre l’Archange Michel et le Christ ?

 

Ahura Mazda dit au saint Zaratoushta : « Lorsque j’ai créé [émané] Mithra… Je l’ai créé pour qu’il fût invoqué et adoré autant que moi ».

 

Dans l’intérêt de réformes nécessaires, les Zoroastriens Aryens transformèrent les Dévas, les brillants Dieux des Indes, en démons. Leur Karma voulut que les Chrétiens, à leur tour, vinssent venger les Hindous sur ce point. Or, Ormuzd et Mithra sont devenus les devs du Christ et de Michel, la doublure et l’aspect sombres du Sauveur et de l’Ange. L’heure du Karma de la théologie chrétienne sonnera à son tour. Déjà les Protestants ont commencé le premier chapitre de la religion qui cherchera à transformer les « Sept Esprits » et la légion, des Catholiques Romains, en démons et en idoles. Chaque religion a son Karma comme l’a chaque individu. Ce qui est dû aux conceptions humaines et qui se fonde sur l’abaissement de ceux de nos frères qui ne sont pas de notre avis, doit avoir son temps. « Il n’y a pas de religion plus haute que la Vérité ».

 

Les Zoroastriens, les Mazdéens et les Perses ont emprunté à l’Inde leurs conceptions ; les Juifs ont emprunté à la Perse leur théorie des anges ; les Chrétiens ont emprunté aux Juifs.

 

De là vient la dernière interprétation de la théologie Chrétienne – au grand déplaisir de la Synagogue forcée de partager le chandelier symbolique avec l’ennemi héréditaire – interprétation d’après laquelle le chandelier à sept branches représente les sept Eglises d’Asie et les sept planètes qui sont les anges de ces Eglises. De là découle aussi la conviction que les Juifs Mosaïques, inventeurs de ce symbole pour leur tabernacle, étaient une sorte de Sabéens, qui mêlèrent ensemble leurs planètes et les esprits de celles-ci et les appelèrent – mais bien plus tard – Jéhovah. En ceci nous avons le témoignage de Clément d’Alexandrie, de saint Jérôme et d’autres.



 

soleil mort

 

 

Et Clément en qualité d’Initié aux Mystères – dans lesquels le secret du système héliocentrique était enseigné plusieurs milliers d’années avant Galilée et Copernic – le prouve en expliquant que :

 

« Par ces divers symboles, liés aux phénomènes sidéraux la totalité de toutes les créatures qui relient le ciel à la terre est figurée… Le chandelier représente le mouvement des sept luminaires et décrit leur révolution astrale. A droite et à gauche du candélabre, étaient projetées les six branches dont chacune avait sa lampe, parce que le Soleil, placé comme un candélabre au milieu des autres planètes, leur distribue la lumière… Quant aux chérubins, qui ont douze ailes entre les deux, ils nous représentent le monde sensible dans les douze signes du zodiaque ».

 

Et pourtant, en présence de toutes ces preuves, le soleil, la lune, les planètes, nous sont tous représentés comme diaboliques avant l’apparition du Christ et comme divins seulement après. Tout le monde connaît ce vers Orphique : « C’est Zeus, c’est Adas, c’est le Soleil, c’est Bacchus » ; ces noms ayant été tous synonymes pour les poètes et les auteurs classiques. Ainsi, pour Démocrite, « la Divinité n’est qu’une âme dans un feu orbiculaire » et ce feu, c’est le Fils. Pour Jamblique, le Soleil était « l’image de l’intelligence divine » ; pour Platon, « un Etre vivant immortel ». De là l’oracle de Claros, auquel on demandait de dire qui était le Jéhovah des Juifs et qui répondit : « C’est le Soleil ». Nous pouvons ajouter ces mots du Psaume XIX, 4 :

 

« Dans le Soleil il plaça un tabernacle pour lui-même… sa sortie se fait en partant d’une extrémité du ciel et sa course s’achève à l’autre extrémité, et rien ne se dérobe à sa chaleur ».

 

Jéhovah est donc le Soleil et, par suite, le Christ de l’Eglise Romaine l’est aussi. On comprend maintenant la critique à laquelle se livre Dupuis à propos de ce verset, comme aussi le désespoir de l’abbé Foucher. « Rien, s’écrie-t-il, n’est plus favorable au Sabéisme que ce texte de la Vulgate ! » Et si défigurés que puissent être les mots et le sens, dans la Bible anglaise autorisée, la Vulgate et la Version des Septante donne toutes deux le texte original correct et le traduisent par : « Dans le soleil, il établit sa résidence », mais la Vulgate considère la « chaleur » comme provenant directement de Dieu et non du soleil seul, puisque c’est Dieu qui jaillit du soleil, qui y habite et qui accomplit le parcours circulaire : in sole posuit… et ipse exultavit. On constatera par là que les Protestants avaient raison en accusant saint Justin d’avoir dit :

 

« Dieu nous a permis d’adorer le Soleil ».

 

Et ceci en dépit des excuses boiteuses d’après lesquelles il aurait voulu dire, réellement que :

 

« Dieu a permis qu’on l’adorât en, ou dans le Soleil ».

 

ce qui revient au même.

 

On constatera par ce qui précède, que tandis que les Païens ne localisaient dans le soleil et les planètes que les puissances inférieures de la Nature, les Esprits représentants, pour ainsi dire, d’Apollon, Bacchus, Osiris, et autres dieux solaires, les Chrétiens, dans leur haine de la Philosophie, approprient les localités sidérales et les limitent aujourd’hui à l’usage de leur divinité anthropomorphe et de ses anges – nouvelles transformations des très anciens dieux. Il fallait faire quelque chose pour se débarrasser des anciens locataires et on les ravala au rang de « démons », de méchants diables.

 

 

Les âmes des étoiles – Héliolatrie Universelle

 

Afin d’établir que les Anciens n’ont jamais « pris les étoiles pour des Dieux » ou des Anges et le soleil pour les suprêmes Dieux et Dieu, mais n’ont voué de culte qu’à l’Esprit de toutes et ont vénéré les Dieux inférieurs, qui étaient supposés avoir leurs résidences dans le Soleil et les planètes – il nous faut mettre en évidence la différence qui sépare ces deux cultes. Saturne, « le Père des Dieux », ne doit pas être confondu avec son homonyme – la planète du même nom avec ses huit lunes et ses trois anneaux. Ces deux Saturnes – bien qu’identiques en un sens, comme le sont, par exemple, l’homme physique et son âme – doivent être séparés lorsqu’il s’agit de culte. On doit surtout le faire avec le plus grand soin lorsqu’il s’agit des sept planètes et de leurs Esprits, car toute la formation de l’univers leur est attribuée dans les Enseignements Secrets. Il faut encore signaler la même différence entre les Etoiles de la Grande Ourse, la Riksha et la Chitra Shikhandin, « au cimier brillant » et les Richis – les Sages mortels qui apparurent sur la Terre pendant le Satya Youga. S’ils ont tous été jusqu’à présent aussi étroitement réunis dans les visions des voyants de toutes les époques – y compris les voyants de la Bible – il faut qu’il y ait eu une raison pour cela. Il ne faudrait pas remonter jusqu’aux périodes de « superstition » et « d’imaginations anti-scientifiques » pour découvrir des grands hommes de notre époque qui les partagent. Il est bien connu que Képler, l’éminent astronome, d’accord en cela avec beaucoup d’autres grands hommes qui croyaient que les corps célestes avaient une influence favorable ou néfaste sur la destinée des hommes et des nations – ajoutait, en outre, pleinement foi au fait que les corps célestes, même notre propre terre, sont dotés d’âmes vivantes et pensantes.

 


 

soleil-1236

 

 

A ce propos, l’opinion de Le Couturier mérite d’être citée :

 

« Nous sommes trop portés à critiquer sans pitié tout ce qui concerne l’astrologie et ses idées ; pourtant, notre critique, pour mériter ce nom, devrait, sous peine de manquer son but, savoir au moins ce que sont en réalité ces idées. Et lorsque parmi les hommes ainsi critiqués, nous relevons les noms de Regiomontanus, de Tycho-Brahé, de Képler, etc., nous avons des raisons de nous montrer prudents. Képler était un astrologue de profession et finit pas devenir un astronome. Il gagnait sa vie en traçant des horoscopes qui indiquaient l’état des cieux au moment de la naissance des individus, comme le faisaient tous ceux qui traçaient des horoscopes. Ce grand homme croyait aux principes de l’astrologie, sans en accepter tous les résultats insensés ».

 

On proclame cependant que l’astrologie est une science coupable et, de même que l’Occultisme, condamnée par les Eglises. Il est cependant douteux que le « culte mystique des étoiles » puisse être tourné, aussi facilement qu’on le croit, en dérision – au moins par les  Chrétiens. Les légions des Anges, des Chérubins et des Archanges Planétaires sont identiques aux Dieux mineurs des Païens. Quant à leurs « grands Dieux », si l’on a prouvé que Mars – de l’aveu même des ennemis des astrologues païens – était considéré par eux comme personnifiant simplement la force de l’unique Divinité suprême impersonnelle, si Mercure personnifiait son omniscience, Jupiter son omnipotence et ainsi de suite, il s’ensuit que la « superstition » des Païens est vraiment devenue la « religion » des masses des nations civilisées. En effet, pour ces dernières, Jéhovah est la synthèse des sept Elohim, l’éternel centre des tous ces attributs et de toutes ces forces, l’Aléi des Aléim et l’Adonaï des Adonim. Et si, chez elles, Mars s’appelle aujourd’hui saint Michel, la « force de Dieu », si Mercure s’appelle Gabriel, « l’omniscience et le courage de Dieu » et Raphaël, « la bénédiction ou le pouvoir de guérir de Dieu », ce n’est qu’un changement de noms, et les personnages restent les mêmes derrière les masques.

 

La mitre du Dalaï-Lama a sept arêtes en honneur des sept principaux Dhyâni Bouddhas. Dans le rituel funéraire des Egyptiens, on fait dire au défunt :

 

« Saint à vous, ô Princes, qui vous tenez en présence d’Osiris… Envoyez-moi la grâce de voir mes péchés détruits, comme vous l’avez fait pour les sept esprits qui suivent leur Seigneur ».

 

La tête de Brahmâ est ornée de sept rayons et il est suivi par les sept Richis dans les sept Svargas. La Chine a ses sept pagodes ; les Grecs avaient leurs sept Cyclopes, sept Démiurges et les Dieux de Mystère, les sept Kabires, dont le chef était Jupiter-Saturne et, pour les Juifs, Jéhovah. Aujourd’hui, cette dernière Divinité est devenue le chef de toutes, le Dieu suprême et unique et son ancienne place est occupée par Mikaël (Michel). Il est le « chef de la Légion » (tsaba) ; « l’Archistratège de l’armée du Seigneur » ; le « Vainqueur du Diable » - Victor diaboli – et « l’Archisatrape de la Milice Sacrée », celui qui tua le « Grand Dragon ». Malheureusement, l’astrologie et le symbolisme, n’ayant aucune raison de voiler les choses anciennes sous de nouveaux masques, ont conservé le nom véritable de Mikaël – « c’était Jéhovah » - Mikaël étant l’Ange de la face du Seigneur, « le gardien des planètes » et la vivante image de Dieu. Il représente la Divinité dans ses visites à la terre ; en effet, ainsi que le fait est bien exprimé en Hébreu qui est comme Dieu, ou qui ressemble à Dieu. C’est lui qui chasse le serpent.




The-Judgement-WEB
 

 

Mikaël étant le régent de la planète Saturne, n’est autre que Saturne. Son nom de mystère est Sabbathiel, parce qu’il préside au Sabbat juif, ainsi qu’au Samedi astrologique. Une fois qu’on l’a identifié, la réputation du vainqueur Chrétien du démon est encore plus menacée par d’autres identifications. Les anges bibliques sont appelés Malachim, les messagers entre Dieu (ou plutôt les dieux) et les hommes. En Hébreu Malach, veut dire aussi « un Roi » et Malach ou Melech c’était aussi Moloch, ou encore Saturne, le Seb de l’Egypte, à qui était dédié le Dies Saturni ou Sabbat. Les Sabéens établissaient, entre la planète Saturne et son Dieu, une distinction encore plus grande que celle que les Catholiques Romains conservent entre leurs anges et leurs étoiles ; et les Cabalistes font de l’Archange Mikaël le patron de la septième œuvre de magie.

 

« Dans le symbolisme théologique… Jupiter (le Soleil) est le Sauveur élevé et glorieux et Saturne est Dieu le Père, ou le Jéhovah de Moïse ».

 

Dit Eliphas Lévi qui devait le savoir. Jéhovah et le Sauveur, Saturne et Jupiter, ne faisant qu’un et Mikaël étant appelé la vivante image de Dieu, il semble vraiment dangereux pour l’Eglise d’appeler Saturne, Satan – le dieu mauvais. Cependant Rome est forte en casuistique et se tirera de cela comme elle s’est tirée de toutes les autres identifications, à sa gloire et à sa complète satisfaction. Néanmoins tous ces dogmes et ses rituels semblent être des pages arrachées à l’histoire de l’Occultisme, puis ensuite déformées. La très mince cloison qui sépare les Théogonies cabalistique et Chaldéenne, de l’Angélologie et de la Théodicée des Catholiques Romains, est aujourd’hui avoué par au moins un auteur Catholique Romain. On a de la peine à en croire ses yeux, en découvrant ce qui suit.




couv


 

Un des traits les plus caractéristiques des nos Saintes Ecritures réside dans la discrétion calculée avec laquelle on y énonce les mystères moins directement utiles au salut… Ainsi, au-delà de ces « myriades de myriades » de créatures angéliques que nous venons de mentionner et de toutes ces divisions prudemment élémentaires, il en existe certainement beaucoup d’autres, dont les noms mêmes ne sont pas encore parvenus jusqu’à nous. « En effet, comme le dit excellement saint Jean Chrysostôme, il y a sans aucun doute (sine dubio), beaucoup d’autres Vertus (êtres célestes), dont nous sommes encore loin de connaître les noms… Les neuf ordres ne constituent en aucune façon les seules populations du ciel où, au contraire, se trouvent d’innombrables tribus d’habitants infiniment variés et dont il serait impossible de donner la moindre idée en langage humain… Paul, qui avait appris leurs noms, nous révèle leur existence. » (De incomprehensibili Natura Dei, Livre IV).

 

Ce serait donc se tromper grossièrement de ne voir seulement des erreurs dans l’Angélologie des Cabalistes et des Gnostiques, dont parle si sévèrement l’Apôtre des Gentils, car son imposante censure ne s’adressait qu’à leurs exagérations et à leurs interprétations vicieuses et surtout à l’attribution de ces nobles titres aux misérables personnalités d’usurpateurs démoniaques. Souvent rien ne se ressemble plus que le langage des juges et celui des forçats (des Saints et des Occultistes). On doit se plonger profondément dans cette double étude (celle de la foi et celle de sa profession), et, encore mieux, accepter aveuglément l’autorité du tribunal (l’Eglise de Rome, bien entendu) afin d’arriver à saisir exactement le point où se trouve l’erreur. La Gnose condamnée par saint Paul reste néanmoins, pour lui comme pour Platon, la connaissance suprême de toutes les vérités et l’Etre par excellence (République, Livre VI). Les Idées, les types, du philosophe grec, les Intelligences de Pythagore, les aeons ou émanations, causes de tant de reproches adressés aux premiers hérétiques, le Logos ou Verbe, Chef de ces Intelligences, le Demiurgos, l’architecte du monde sous la direction de son père (des Païens), le Dieu inconnu, l’En-Soph, ou Celui de l’Infini (des Cabalistes), les périodes angéliques, les sept esprits, les Abîmes d’Ahriman, les Recteurs du monde, les Archontes de l’air, le Dieu de ce monde, le plérôme des intelligences, jusqu’à Métatron l’ange des Juifs, tout cela se retrouve, mot pour mot, comme autant de vérités dans les œuvres de nos plus grands docteurs et dans saint Paul.

 

Si un Occultiste, désireux d’accuser l’Eglise d’une série sans nombre de plagiats, venait à écrire ce qui précède, que pourrait-il écrire de plus ? Avons-nous ou n’avons-nous pas le droit, après une confession aussi complète, de renverser les rôles et de dire des Catholiques Romains et des autres, ce que l’on dit des Gnostiques et des Occultistes ? « Ils employèrent nos expressions et repoussèrent nos doctrines ». En effet, ce ne sont pas les « promoteurs de la fausse Gnose » - qui avaient reçu toutes ces expressions de leurs ancêtres archaïques – qui s’approprièrent les expressions chrétiennes, mais ce sont vraiment les Pères et les Théologiens Chrétiens qui s’emparèrent de notre nid et n’ont cessé depuis lors de chercher à le souiller.

 

Les lignes citées ci-dessus expliqueront bien des choses à ceux qui cherchent la vérité et rien que la vérité. Elles montreront l’origine de certains rites de l’Eglise, jusqu’à présent inexplicables pour les esprits simples et expliqueront la raison pour laquelle des expressions telles que « Notre Seigneur le Soleil » étaient employées par les Chrétiens dans leurs prières jusqu’au Ve et même jusqu’au VIe siècle de notre ère et étaient incorporées dans la Liturgie, jusqu’au moment où on les changea en « Notre Seigneur Dieu ». N’oublions pas que les premiers Chrétiens peignaient le Christ sur les murs de leurs nécropoles souterraines, comme un berger ayant les dehors et tous les attributs d’Apollon et chassant le loup, Fenris, qui cherche à dévorer le Soleil et ses Satellites.

 

.../...

 

[1] De Saraph « igné, brûlant », pluriel (voyez Isaïe, VI, 2-6). Ils sont considérés comme les serviteurs du Tout-Puissant, « ses messagers », anges ou métatrons. Dans l’Apocalypse ce sont les « sept lampes qui brûlent », placées devant le trône.

 

Partager cet article
Repost0
25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 15:45

Le Logos et Satan ne font qu’Un

 

Mais il est suffisamment établit maintenant que tous les soi-disant mauvais Esprits que l’on accuse d’avoir fait la guerre aux Dieux, sont identiques en tant que personnalités ; qu’en outre, toutes les anciennes religions enseignaient la même doctrine, sauf la conclusion finale, qui diffère de celle des Chrétiens. Les sept Dieux primordiaux avaient tous un double état ; l’un essentiel et l’autre accidentel. Dans leur état essentiel ils étaient tous les Constructeurs ou Façonneurs, les Conservateurs et les Souverains de ce Monde et dans leur état accidentel, se revêtant d’un corps visible, ils descendaient sur la Terre et régnaient sur elle en qualité de Rois et d’Instructeurs des Légions inférieures qui s’étaient incarnées une fois de plus comme homme.

 

Ainsi la Philosophie Esotérique établit que l’homme est véritablement la divinité manifestée sous ses deux aspects : bon et mauvais, mais la Théologie ne peut admettre cette vérité philosophique. Enseignant comme elle le fait le dogme des Anges Déchus, au pied de la lettre et ayant fait de Satan la pierre angulaire et le pilier du dogme de la rédemption, elle se suiciderait en l’admettant. Puisqu’elle a déclaré que les Anges Rebelles étaient distincts de Dieu et du Logos dans leurs personnalités, si elle admettait que la chute des Esprits désobéissants signifiait simplement leur chute dans la génération et la matière, cela équivaudrait pour elle à déclarer que Dieu et Satan sont identiques. En effet, puisque le Logos, ou Dieu, est l’agrégat de la Légion jadis divine qui est accusée d’avoir fait une chute, il s’ensuivrait tout naturellement que le Logos et Satan ne font qu’un.

 


 

750px-Pieter Bruegel the Elder - The Fall of the Rebel Ange

 

 

 

Telle était pourtant la véritable idée philosophique que se faisait l’antiquité de ce dogme aujourd’hui défiguré. Le Verbe ou le « Fils » était représenté sous un double aspect par les Gnostiques Païens – en fait, c’était un dualisme en pleine unité. De là les innombrables versions différentes. Les Grecs avaient Jupiter, le fils de Cronos, le Père, qui le précipite dans les profondeurs du Cosmos. Les Aryens avaient Brahmâ (dans la Théologie postérieure), précipité par Shiva dans l’Abîme des Ténèbres, etc. Mais la Chute de tous ces Logoï et Démiurges, du haut de la position exaltée qu’ils occupaient primitivement, avait dans tous les cas un seul et même sens Esotérique ; la Malédiction, dans son sens philosophique, consistait à être incarné sur cette Terre ; c’était là un échelon inévitable de l’Echelle de l’Evolution Cosmique, une Loi Karmique hautement philosophique et appropriée, sans laquelle l’existence du Mal sur la Terre demeurerait un mystère à jamais impénétrable pour la vraie philosophie. Dire, comme l’auteur des Esprits Tombés des païens, que, depuis que :

 

« L’on donne pour base au Christianisme deux piliers, celui du mal et celui du bien ; deux forces en résumé, si nous supprimons le châtiment des forces du mal, la mission protectrice des puissances bienfaisantes n’aura plus ni valeur ni sens ».

 

C’est exprimer la plus antiphilosophique des absurdités. Si elle concorde avec le dogme Chrétien et l’explique, elle obscurit les faits et les vérités de la Sagesse primitive des anciens âges. Les prudentes allusions de Paul renferment toutes le véritable sens Esotérique et il a fallu des siècles de casuistique pour leur donner le faux sens de leurs interprétations actuelles. Le Verbe et Lucifer ne font qu’un sous leur double aspect et le « Prince de l’Air » (princeps aeris hujus) n’est pas le « Dieu de cette période », mais un principe éternel. Lorsqu’il représentait ce dernier comme circulant sans cesse autour du monde (qui circumambulat terram), le grand Apôtre faisait simplement allusion aux cycles ininterrompus des Incarnations humaines, dans lesquels le mal dominera sans cesse, jusqu’au jour où l’Humanité obtiendra sa rédemption grâce à la véritable Lumière divine qui procure une perception correcte des choses.

 

Il est aisé de dénaturer de vagues expressions écrites dans des langues mortes et oubliées depuis longtemps et de les imposer aux masses ignorantes comme des vérités et des faits révélés. L’identité de la pensée et de la signification est la seule chose qui frappe l’étudiant, dans toutes les religions qui font mention de la tradition des Esprits Déchus et, dans ces grandes religions, il n’y en a pas une qui omette d’en faire mention et de la décrire sous une forme ou sous une autre. Ainsi, Hoang-ty, le Grand Esprit, voit ses Fils, qui avaient acquis la sagesse active, tomber dans la Vallée des Misères. Leur guide, le Dragon Volant, ayant bu l’Ambroisie interdite, tomba sur la Terre avec sa Légion (les Rois). Dans le Zend Avesta Angra Mainyu (Ahriman), s’entourant de Feu (les « Flammes » des Stances), cherche à conquérir les Cieux, lorsque Ahura Mazda, descendant du Ciel solide qu’il habite, pour venir en aide aux Cieux qui tournent (dans le temps et l’espace, les mondes manifestés des cycles comprenant ceux de l’incarnation) et les Amshaspands, les « sept brillants Sravah », accompagnés de leurs étoiles, combattent Ahriman et les Dévas vaincus tombent sur la Terre avec lui. Dans la Vendîdâd, les Daêvas sont appelés « malfaisants » et sont représentés comme se précipitant « dans les abîmes du monde de l’enfer », ou de la Matière. C’est là une allégorie qui nous montre les Dévas obligés de s’incarner, dès qu’ils se furent séparés de leur Essence-Mère, ou, en d’autres termes, après que l’Unité fut devenue multiple, après la différenciation et la manifestation.

 

Le Septième Mystère de la Création

 

Typhon, le Python Egyptien, les Titans, les Souras et les Asouras appartiennent tous à la même légende d’Esprits peuplant la Terre. Ce ne sont pas des « Démons chargés de créer et d’organiser l’univers visible », mais les Façonneurs ou « Architectes » des Mondes et les Progéniteurs de l’Homme. Ce sont, métaphoriquement, les Anges Déchus – les « vrais miroirs » de la « Sagesse Eternelle ».

 

Quelle est la vérité complète au sujet de ce mythe universel ; quelle est sa signification Esotérique ? L’essence entière de la vérité ne peut être transmise de bouche à oreille. Aucune plume ne peut non plus la décrire, pas même celle de l’Ange Archiviste ; l’homme doit découvrir la réponse dans le sanctuaire de son propre cœur, dans les profondeurs de son intuition divine. C’est le grand Septième Mystère de la Création, le premier et le dernier ; et ceux qui lisent l’Apocalypse de Saint Jean peuvent découvrir son ombre dissimulée sous le septième sceau. On ne peut le représenter que sous sa forme objective apparente, comme l’éternelle énigme du Sphinx. Si le Sphinx se jeta dans la mer et périt, ce ne fut pas parce qu’Œdipe avait découvert le secret des temps, mais parce qu’en anthropomorphisant l’à-jamais-spirituel et le subjectif, il avait déshonoré pour toujours la grande vérité. Aussi ne pouvons-nous le donner que sur ses plans philosophique et intellectuel, qu’ouvrent respectivement trois clefs – car les quatre dernières clefs des sept, qui ouvrent toutes grandes les portes des Mystères de la Nature, sont entre les mains des plus hauts Initiés et ne peuvent être livrées aux masses, durant ce siècle (le XIXe siècle où le texte a été rédigé, compilé et commenté), tout au moins.

 

La lettre-morte est partout la même. Le dualisme dans la religion Mazdéenne est né de l’interprétation exotérique. Le saint Airyaman, le « dispensateur du bonheur », invoqué dans la prière appelée Airyama-ishyô, est l’aspect divin d’Ahriman, « le mortel, le Daêva des Daêvas » et Angra Mainyu est l’aspect matériel sombre du premier. « Préserve-nous de celui qui nous hait, ô Mazda et Armaita Spenta », est une prière et une invocation ayant identiquement le même sens que : « Ne nous induis pas en tentation » et elle est adressée par l’homme au terrible esprit de dualisme qui se trouve dans l’homme lui-même. En effet, Ahura Mazda n’est autre que l’homme Spirituel Divin et Purifié et Armaita Spenta, l’Esprit de la Terre ou matérialité, est, dans un sens, le même qu’Ariman ou Angra Mainyu.

 


 

940359

 

 

 

La littérature Magicienne ou Mazdéenne tout entière – ou ce qui en reste – est magique, occulte et, par suite, allégorique et symbolique, même dans son « mystère de la loi ». Or, le Mobed et Parsi gardent, pendant le sacrifice, les yeux fixés sur le Baresma – la divine branche arrachée à « l’Arbre » d’Ormazd ayant été transformée en un faisceau de baguettes métalliques – et s’étonnent de ce que ni les Amesha Spentas, ni « le grand et superbe Haômas d’or, ni même leur Vohu-Manô (bonnes pensées), ni leur Râta (offrande du sacrifice) », ne les aident beaucoup. Qu’ils méditent sur « l’Arbre de Sagesse » et que, par l’étude, ils s’en assimilent les fruits un à un. La voie qui mène à l’Arbre de la Vie Eternelle, le Haôma blanc, le Gaokéréna, traverse la Terre d’une extrémité à l’autre et Haôma est dans le Ciel comme il est sur la Terre ; mais pour en devenir encore une fois un prêtre et un « guérisseur », l’homme doit se guérir lui-même, car ceci doit se faire avant qu’il ne puisse guérir les autres.

 

Ceci prouve une fois de plus que pour que l’on puisse s’occuper des soi-disant « mythes », avec, tout au moins, un degré approximatif de justice, ceux-ci doivent être étudiés de près sous tous leurs aspects. En fait, chacune des sept clefs doit être correctement employée et n’être jamais mélangée aux autres – si l’on veut dévoiler le cycle entier des mystères. A notre époque de Matérialisme lugubre qui tue l’âme, le terme Prêtres-Initiés est devenu, suivant l’opinion de nos savantes générations, synonyme d’habiles imposteurs qui attisent le feu de la superstition afin d’obtenir une domination plus aisée sur le mental des hommes. C’est là une calomnie qui ne repose sur rien et qui est l’œuvre du scepticisme et des pensées peu charitables. Personne ne croyait davantage qu’eux aux Dieux – nous pourrions les appeler les Puissances aujourd’hui invisibles, ou les Esprits, les Noumènes des phénomènes – et ils croyaient, simplement parce qu’ils savaient. Et, bien qu’après avoir été initiés dans les Mystères de la Nature, ils fussent obligés de cacher leur savoir aux profanes, qui en auraient sûrement abusé, ce secret était indéniablement moins dangereux que la politique de leurs usurpateurs et successeurs. Les premiers n’enseignaient que ce qu’ils savaient bien. Les derniers enseignant ce qu’ils ne savaient pas, ont inventé, en guise de port de refuge pour leur ignorance, une Divinité jalouse et cruelle qui interdit à l’homme de scruter ses mystères sous peine de damnation ; ils ont bien fait, car ses mystères peuvent tout au plus être insinués à une oreille cultivée, mais jamais décrits. Reportez-vous à Gnostics and their Remains de King et assurez-vous par vous-mêmes de ce qu’était la primitive Arche d’Alliance, suivant l’auteur, qui dit :

 

« Il existe une Tradition Rabbinique… d’après laquelle les Chérubins placés au-dessus étaient représentés comme mâle et femelle, durant l’acte de la copulation, afin d’exprimer la grande doctrine de l’Essence de la Forme et de la Matière, les deux principes de toutes choses. Lorsque les Chaldéens envahirent le Sanctuaire et aperçurent ce stupéfiant emblème, ils s’écrièrent bien naturellement : « Est-ce donc là votre Dieu dont vous êtes si fiers, parce qu’il est tellement attaché à la pureté ! ».

 

King est d’avis que cette tradition «  a une saveur qui rappelle trop la philosophie Alexandrine, pour que l’on puisse y ajouter foi », mais nous en doutons. La forme des ailes des deux Chérubins qui se trouvent à la droite et à la gauche de l’Arche, ailes qui se rencontrent au-dessus du « Saint des Saints, sont un emblème assez éloquent par lui-même, sans parler du « saint » Jod qui se trouve dans l’Arche ! Le Mystère de l’Agathodaemon, dont la légende dit : « Je suis Chnumis, Soleil de l’Univers, 700 », peut seul résoudre le Mystère de Jésus, dont le nom a pour nombre « 888 ». Ce n’est pas la clef de saint Pierre, ou le dogme de l’Eglise, mais le Narthex – la Baguette du Candidat à l’Initiation – qu’il faut arracher à l’étreinte du Sphinx silencieux des temps passés. D’ici là : « Les Augures qui, en se rencontrant, doivent faire des efforts pour réprimer un éclat de rire », sont peut-être plus nombreux à notre époque qu’ils ne le furent jamais aux jours de Sylla.



Un dieu personnel est un dieu limité

 

En lisant la Bible au moyen de la méthode numérique, l’auteur de « The Source of Measures » en déduit que :

 

« Le système hébraïque tout entier paraît avoir été considéré anciennement comme un système basé sur la nature et qui fut adopté par la nature, ou Dieu, comme la base ou loi en vertu de laquelle s’exerce pratiquement le pouvoir créateur – c’est-à-dire que c’était le projet créateur dont la création était l’application pratique. Ceci paraît établi par le fait que, dans le système exposé, les mesures des temps planétaires servent au même degré comme mesures de la dimension des planètes et des particularités de leurs formes – c’est-à-dire dans l’extension de leurs diamètres équatorial et polaire… Ce système (celui du projet créateur) paraît servir de base à tout l’édifice biblique, comme la fondation sur laquelle repose son ritualisme et le déploiement des œuvres de la Divinité, en fait d’architecture, par l’emploi de l’unité sacrée de mesures, dans le jardin d’Eden, l’arche de Noé, le Tabernacle et le Temple de Salomon ».


 

Creation20of Sun 322 

 

 

Ainsi, d’après l’exposé même des défenseurs de ce système, il est prouvé que la Divinité Juive n’est, tout au plus, qu’une Dyade manifesté, mais jamais l’Unique Tout Absolu. Expliqué géométriquement, c’est un nombre ; symboliquement, c’est un Priape évhémérisé et ceci ne saurait guère satisfaire une humanité qui a soif de la démonstration de réelles vérités spirituelles et de la possession d’un Dieu ayant une nature divine et non pas anthropomorphe. Il est étrange que les plus savants Cabalistes modernes ne puissent voir dans la croix ou le cercle autre chose qu’un symbole de la Divinité créatrice et androgyne manifestée, dans ses rapports avec ce mode phénoménal. Un auteur croit que :

 

« Bien que l’homme ait obtenu la connaissance de la mesure pratique… par laquelle la nature était supposée ajuster les dimensions des planètes afin de les mettre en harmonie avec la notation de leurs environnements, il semble qu’il obtint et en apprécia la possession comme un moyen d’arriver à se faire une idée de la Divinité – c’est-à-dire qu’il approcha de si près la conception d’un Etre ayant un mental comme le sien, mais infiniment plus puissant, qu’il pût se faire une idée d’une loi de création instituée par cet Etre, qui doit avoir existé avant toute création (appelé cabalistiquement le Verbe) ».

 

Ceci peut avoir satisfait l’esprit pratique des Sémites, mais l’Occultisme Oriental ne peut que repousser l’offre d’un tel Dieu ; en vérité, une Divinité, un Etre, « ayant un mental comme celui de l’homme, mais infiniment plus puissant », n’est pas un Dieu ayant une place au-delà du cycle de la création. Il n’a aucun rapport avec la conception idéale de l’Univers Eternel. C’est, tout au plus, un des pouvoirs créateurs subordonnés, dont la Totalité est appelée les Séphiroth, l’Homme Céleste et l’Adam Kadmon, le Second Logos des Platoniciens.

 

On retrouve clairement cette même idée au fond des plus habiles définitions de la Cabale et de ses mystères ; par exemple par John A. Parker, tel qu’il est cité dans le même ouvrage :

 

« La clef de la Cabale est supposée être le rapport géométrique de la surface d’un cercle inscrit dans le carré, ou du cube, avec la sphère, donnant naissance au rapport du diamètre avec la circonférence d’un cercle, avec la valeur numérique de ce rapport exprimée en intégrales. Le rapport du diamètre à la circonférence est un rapport suprême qui se rattache aux noms divins d’Elohim et de Jéhovah (termes qui sont respectivement des expressions numériques de ces rapports – le premier exprimant la circonférence et le dernier le diamètre) et qui embrasse sous lui tous les autres rapports inférieurs. Deux expressions, en intégrales, du rapport de la circonférence au diamètre sont employées dans la Bible : La parfaite et l’imparfaite. Un des rapports entre elles est tel que si est soustrait de il reste une unité de la valeur d’un diamètre en termes, ou dans la dénomination de la valeur de la circonférence d’une cercle parfait, ou une unité en ligne droite ayant une valeur circulaire parfaite, ou un facteur d’une valeur circulaire ».

 

De pareils calculs ne peuvent conduire qu’à déchiffrer le mystère de la troisième phase de l’Evolution ou de la « Troisième Création de Brahmâ ». Les Hindous initiés savent opérer la « quadrature du cercle » bien mieux qu’aucun Européens. Le fait est que les Mystiques Occidentaux ne commencent leurs spéculations qu’à la phase durant laquelle l’Univers « tombe dans la matière » comme disent les Occultistes. Dans toute la série des ouvrages cabalistiques nous n’avons pas rencontré une seule phase indiquant une allusion, même lointaine, au côté psychologique et spirituel, aussi bien qu’aux secrets mécaniques et physiologiques de la « création ». Devons-nous donc considérer l’évolution de l’Univers comme n’étant, sur une gigantesque échelle, qu’un prototype de l’acte de la procréation, comme un phallisme « divin » et nous livrer là-dessus à des élucubrations semblables à celles que l’on doit à l’auteur mal inspiré d’un récent ouvrage du même nom ? Nous ne le croyons pas et nous nous croyons en droit de parler ainsi, puisque l’étude la plus attentive de l’Ancien Testament – tant au point de vue ésotérique qu’au point de vue exotérique – ne paraît pas avoir conduit les chercheurs les plus enthousiastes au-delà de la certitude mathématique que du premier au dernier chapitre du Pentateuque, chaque scène, chaque personnage et chaque événement ont un rapport direct ou indirect avec l’origine de la naissance sous sa forme la plus crue et la plus brutale. En conséquence, si intéressantes et si ingénieuses que soient les méthodes rabbiniques, l’auteur, d’accord avec d’autres Occultistes Orientaux, doit préférer celle des Païens.

 

Ce n’est donc pas sur la Bible que doivent porter nos recherches pour retrouver l’origine de la croix et du cercle, mais sur la période qui précède le Déluge. Aussi, pour en revenir à Eliphas Lévi et au Zohar, nous répondrons au nom des Occultistes Orientaux et nous dirons en mettant en pratique le principe, ils sont absolument d’accord avec Pascal, qui dit que :

 

« Dieu est un cercle dont le centre est partout et la circonférence nulle part ».

 

Tandis que les Cabalistes disent le contraire et ne le soutiennent qu’en raison de leur désir de voiler leur doctrine. La définition de la Divinité par un cercle, soit dit en passant, n’est pas du tout de Pascal, comme le pensait Eliphas Lévi. Cette définition fut empruntée par le philosophe français, soit à Mercure Trimégiste, soit à l’ouvrage latin du Cardinal Cusa, qui pour titre De Doctâ Ignorantiâ et dans lequel elle est employée. De plus, cette définition est défigurée par Pascal, qui remplace les mots « Cercle Cosmique », que l’on trouve symboliquement dans l’inscription originale, par le mot Théos. Chez les anciens, les deux mots étaient synonymes.

 

Le mystérieux Soleil de l’initiation

 

On peut mieux se rendre compte de l’antiquité de la Doctrine Secrète quand on montre à quelle époque de l’histoire ses Mystères avaient déjà été profanés, en étant mis au service de l’ambition personnelle du roi despote et du prêtre rusé. Ces drames religieux, composés avec beaucoup de science et une profonde philosophie, et dans lesquels étaient représentées les plus grandioses vérités de l’Univers Occulte ou Spirituel, ainsi que le savoir caché, avaient commencé à être persécutés bien avant l’époque où florissaient Platon et même Pythagore. Malgré tout, les révélations primordiales faites au genre humain n’ont pas disparu avec les Mystères ; elles sont encore conservées comme l’héritage de générations futures, plus spirituelles.

 


 

eclipse soleil-459


 

Il a été exposé, dans Isis Dévoilé que, même à l’époque lointaine d’Aristote, les grands Mystères avaient déjà perdu leur grandeur et leur solennité primitives. Leurs rites étaient tombés en désuétude, ils avaient notablement dégénéré en simples spéculations sacerdotales et étaient devenus des duperies religieuses. Il est inutile d’exposer à quelle époque ils firent leur première apparition en Europe et en Grèce, puisqu’il est possible de dire que l’histoire reconnue commence avec Aristote, puisque tout ce qui le précède semble être dans une inextricable confusion chronologique. Il suffit de dire qu’en Egypte les Mystères étaient connus depuis l’époque de Ménès et que les Grecs les reçurent seulement lorsque Orphée les importa de l’Inde. Dans un article intitulé : « L’écriture était-elle connue avant Pânini ? » il est dit que les Pandous avaient conquis la domination universelle et avaient enseigné les Mystères « sacrificiels » aux autres races dès l’an 3300 avant J.-C. En fait, lorsque Orphée, fils d’Apollon ou Hélios, reçut de son père le phorminx – la lyre à sept cordes, symbole du septuple mystère de l’Initiation – ces Mystères étaient déjà d’une antiquité reculée, dans le centre de l’Asie, et en Inde. Selon Hérodote, ce fut Orphée qui les importa de l’Inde, et Orphée est bien antérieur à Homère et à Hésiode. Ainsi donc, à l’époque d’Aristote, il ne restait plus que de rares Adeptes en Europe et même en Egypte. Les héritiers de ceux qui avaient été dispersés par l’épée victorieuse des différents envahisseurs de l’antique Egypte, avaient été dispersés à leur tour. De même que 8000 ou 9000 ans auparavant, le courant du savoir était lentement descendu, des plateaux de l’Asie Centrale, dans l’Inde et vers l’Europe et l’Afrique du Nord, de même, environ 500 ans avant J.-C., il avait commencé à remonter vers son antique point de départ. Durant les deux mille ans qui suivirent, la connaissance de l’existence de grands Adeptes s’éteignit presque complètement en Europe. Pourtant, en certains endroits secrets, les Mystères continuèrent à être célébrés dans toute leur pureté primitive. Le « Soleil de Justice » continuait à briller haut dans le ciel de minuit et tandis que les ténèbres s’étendaient sur le monde profane, il y avait la lumière éternelle dans les Sanctuaires Occultes durant les nuits d’Initiation. Les vrais Mystères ne furent jamais rendus publics. Eleusis et Agra, pour les multitudes ; le Dieu « de bon conseil », la grande Divinité Orphique, pour le Néophyte.

 

Ce Dieu mystère – que nos Symbologues confondent avec le Soleil – qu’était-il ? Tous ceux qui ont une idée de l’antique foi exotérique des Egyptiens, savent parfaitement que pour la multitude Osiris était le Soleil dans le Ciel, « le Roi Céleste », Ro-Imphab : que les Grecs appelaient le Soleil « l’œil de Jupiter », de même que, pour le Pârsi orthodoxe moderne, il est « l’œil d’Ormuzd » : que l’on invoquait en outre le Soleil comme « le Dieu qui voit tout », comme le « Dieu Sauveur » et le « Dieu de Salut ». Lisez à Berlin le papyrus de Paphéronmès et la stèle, telle que l’a traduite Mariette Bey et voyez ce qu’ils disent :

 

« Gloire à toi, ô Soleil, enfant divin !… Tes rayons apportent la vie aux purs et à ceux qui sont prêts… Les Dieux (les « Fils de Dieu ») qui t’approchent tremblent de joie et de terreur… Tu es le premier né, le Fils de Dieu, le Verbe ».

 

L’Eglise s’est emparée de ces termes et voit l’annonce de la venue du Christ dans ces expressions du rituel de l’Initiation et dans les paroles prophétiques des Oracles Païens. Ce n’est nullement exact, car elles s’appliquaient à tous les dignes Initiés. Si les expressions employées dans les écrits hiératiques et dans les glyphes, des milliers d’années avant notre ère, se retrouvent maintenant dans les hymnes et les prières des Eglises chrétiennes, c’est simplement parce que les Chrétiens latins n’ont pas rougi de se les approprier, espérant bien que la postérité ne s’en apercevrait jamais. On avait tout fait pour détruire les manuscrits païens originaux et l’Eglise se croyait à l’abri. Le Christianisme eut incontestablement ses grands Voyants et ses grands Prophètes, comme toute religion, mais le fait de nier leurs prédécesseurs ne renforce pas leurs prétentions.

 

Ecoutez ce que dit Platon :

 

« Sache, Glaucus, que lorsque je parle de la production du bien, c’est au Soleil que je fais allusion. Le Fils a une analogie parfaite avec le Père ».


.../...

 

Partager cet article
Repost0
25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 15:22



Les vies se suivent et ne se ressemblent pas, mais elles s’enchaînent avec une logique impitoyable. Si chacune d’elles a sa loi propre et sa destinée spéciale, leur suite est régie par une loi générale qu’on pourrait appeler la répercussion des vies. D’après cette loi, les actions d’une vie ont leur répercussion fatale dans la vie suivante. Non seulement l’homme renaîtra avec les instincts et les facultés qu’il a développés dans sa précédente incarnation, mais le genre même de son existence sera déterminé en grande partie par le bon ou le mauvais emploi qu’il aura fait de sa liberté dans sa vie précédente. Pas de parole, pas d’action qui n’ait son écho dans l’éternité, dit un proverbe. Selon la doctrine ésotérique, ce proverbe s’applique à la lettre d’une vie à l’autre. Pour Pythagore, les injustices apparentes de la destinée, les difformités, les misères, les coups du sort, les malheurs de tout genre trouvent leur explication dans ce fait que chaque existence est la récompense ou le châtiment de la précédente. Une vie criminelle engendre une vie d’expiation ; une vie imparfaite, une vie d’épreuves. Une vie bonne détermine une mission ; une vie supérieure, une mission créatrice. La sanction morale qui s’applique avec une imperfection apparente au point de vue d’une seule vie, s’applique donc avec une perfection admirable et une justice minutieuse dans la série des vies. Dans cette série, il peut y avoir progression vers la spiritualité et vers l’intelligence, comme il peut y avoir régression vers la bestialité et vers la matière. A mesure que l’âme monte en degrés, elle acquiert une part plus grande dans le choix de ses réincarnations. L’âme inférieur la subit ; l’âme moyenne choisit entre celles qui lui sont offertes ; l’âme supérieure qui s’impose une mission l’élit par dévouement. Plus l’âme est élevée, et plus aussi elle conserve, dans ses incarnations, la conscience claire, irréfragable de la vie spirituelle, qui règne au-delà de notre horizon terrestre, qui l’enveloppe comme une sphère de lumière et envoie ses rayons dans nos ténèbres. La tradition veut même que les initiateurs du premier rang, les divins prophètes de l’humanité, se soient souvenus de leurs précédentes vies terrestres. Selon la légende, Gautama Bouddha, Cakya-Mouni avait retrouvé dans ses extases le fil de ses existences passées, et l’on rapporte de Pythagore qu’il disait devoir à une faveur spéciale des Dieux de se souvenir de quelques-unes de ses vies antérieures.




25+La+Vision+de+l27Enfer



Nous avons dit que, dans la série des vies, l’âme peut rétrograder ou avancer, selon qu’elle s’abandonne à sa nature inférieure ou divine. De là une conséquence importante dont la conscience humaine a toujours senti la vérité avec un tremblement étrange. Dans toutes les vies, il y a des luttes à soutenir, des choix à faire, des décisions à prendre dont les suites sont incalculables. Mais sur la route montante du bien qui traverse une série considérable d’incarnations, il doit y avoir une vie, une année, un jour, une heure peut-être où l’âme, parvenue à la pleine conscience du bien et du mal, peut s’élever par un dernier et souverain effort à une hauteur d’où elle n’aura plus à redescendre et où commence le chemin des cimes. De même, sur la route descendante du mal, il y a un point où l’âme perverse peut encore revenir sur ses pas. Mais ce point une fois franchi, l’endurcissement est définitif. D’existence en existence, elle roulera jusqu’au fond des ténèbres. Elle perdra son humanité. L’homme deviendra démon, le démon animal, et son indestructible monade sera forcée de recommencer la pénible, l’effrayante évolution par la série des règnes ascendants et des existences innombrables. Voilà l’enfer véritable selon la loi de l’évolution, et n’est-il pas aussi terrible et plus logique que celui des religions exotériques ?

 

L’âme peut donc ou monter ou descendre dans la série des vies. Quant à l’humanité terrestre, sa marche s’opère d’après la loi d’une progression ascendante qui fait partie de l’ordre divin. Cette vérité que nous croyons de découverte récente était connue et enseignée dans les Mystères antiques. « Les animaux sont parents de l’homme et l’homme est parent des Dieux », disait Pythagore. Il développait philosophiquement ce qu’enseignaient aussi les symboles d’Eleusis : le progrès des règnes ascendants, l’aspiration du monde végétal au monde animal, du monde animal au monde humain et la succession dans l’humanité de races de plus en plus parfaites. Ce progrès ne s’accomplit pas d’une manière uniforme, mais en cycles réguliers et grandissants, renfermés les uns dans les autres. Chaque peuple a sa jeunesse, sa maturité et son déclin. Il en est de même des races entières : de la race rouge, de la race noire et de la race blanche qui ont régné tour à tour sur le globe. La race blanche, encore en pleine jeunesse, n’a pas atteint sa maturité de nos jours. A son apogée, elle développera de son propre sein une race perfectionnée, par le rétablissement de l’initiation et par la sélection spirituelle des mariages. Ainsi se suivent les races, ainsi progresse l’humanité. Les initiés antiques allaient bien plus loin dans leurs prévisions que les modernes. Ils admettaient qu’un moment viendrait où la grande masses des individus qui composent l’humanité actuelle passerait sur une autre planète pour y commencer un nouveau cycle. Dans la série des cycles qui constituent la chaîne planétaire, l’humanité entière développera les principes intellectuels, spirituels et transcendants, que les grands initiés ont cultivés en eux-mêmes dès cette vie, et les amènera ainsi à une efflorescence plus générale. Il va sans dire qu’un tel développement n’embrasse pas seulement des milliers, mais des millions d’années, et qu’il amènera de tels changements dans la condition humaine que nous ne pouvons les imaginer. Pour les caractériser, Platon dit qu’en ce temps-là les Dieux habiteront réellement les temples des hommes. Il est logique d’admettre que dans la chaîne planétaire, c’est-à-dire dans les évolutions successives de notre humanité sur d’autres planètes, ses incarnations deviennent d’une nature de plus en plus éthérée qui les rapprocheront insensiblement de l’état purement spirituel, de cette huitième sphère qui est hors du cercle des générations et par laquelle les anciens théosophes désignaient l’état divin. Il est naturel aussi que tous n’ayant pas la même impulsion, beaucoup restant en route ou retombant, le nombre des élus aille toujours en diminuant dans cette prodigieuse ascension. Elle a de quoi donner le vertige à nos intelligences bornées par la terre, mais les intelligences célestes la contemplent sans peur comme nous contemplons une seule vie. L’évolution des âmes ainsi comprise n’est-elle pas conforme à l’unité de l’Esprit, ce principe des principes ; à l’homogénéité de la Nature, cette loi des lois ; à la continuité du mouvement, cette force des forces ? Vu à travers le prisme de la vie spirituelle, un système solaire ne constitue pas seulement un mécanisme matériel, mais organisme vivant, un royaume céleste, où les âmes voyagent de monde en monde comme le souffle même de Dieu qui l’anime.

 


 

Creation20of Adam 320

 

 

 

Quel est donc le but final de l’homme et de l’humanité selon la doctrine ésotérique ? Après tant de vies, de morts, de renaissances, d’accalmies et de réveils poignants, est-il un terme aux labeurs de Psyché ? Oui, disent les initiés, lorsque l’âme aura définitivement vaincu la matière, lorsque, développant toutes ses facultés spirituelles, elle aura trouvé en elle-même le principe et la fin de toute chose, alors, l’incarnation n’étant plus nécessaire, elle entrera dans l’état divin par son union complète avec l’intelligence divine. Puisque nous pouvons à peine pressentir la vie spirituelle de l’âme après chaque vie terrestre, comment ferions-nous pour imaginer cette vie parfaite qui devra suivre toute la série de ses existences spirituelles ? Ce ciel des cieux sera à ses félicités précédentes ce que l’océan est à des fleuves. Pour Pythagore, l’apothéose de l’homme n’était pas l’immersion dans l’inconscience, mais l’activité créatrice dans la conscience suprême. L’âme devenue pur esprit ne perd pas son individualité, elle l’achève puisqu’elle rejoint son archétype en Dieu. Elle se souvient de toutes ses existences antérieures, qui lui semblent autant d’échelons pour atteindre le degré d’où elle embrasse et pénètre l’univers. En cet état, l’homme n’est pas homme, comme disait Pythagore ; il est demi-dieu. Car il réfléchit dans tout son être la lumière ineffable dont Dieu remplit l’immensité. Pour lui, savoir c’est pouvoir ; aimer c’est créer ; être c’est rayonner la vérité et la beauté.

 

Ce terme est-il définitif ? L’Eternité spirituelle a d’autres mesures que le temps solaire, mais elle a aussi ses étapes, ses normes et ses cycles. Seulement ils dépassent entièrement les conceptions humaines. Mais la loi des analogues progressives dans les règnes ascendants de la nature nous permet d’affirmer que l’esprit parvenu à cet état sublime ne peut plus revenir en arrière, et que si les mondes visibles changent et passent, le monde invisible qui est sa raison d’être, sa source et son embouchure et dont fait partie la divine Psyché – est immortel.



dames-blanches-2
 

 

C’est par ces perspectives lumineuses que Pythagore terminait l’histoire de la divine Psyché. La dernière parole avait expiré sur les lèvres du sage, mais le sens de l’incommunicable vérité restait suspendu dans l’air immobile de la crypte. Chacun croyait avoir achevé le rêve des vies et s’éveiller dans la grande paix, dans le doux océan de la vie une et sans bornes. Les lampes de naphte éclairaient tranquillement la statue de Perséphone, debout en moissonneuse céleste, et faisaient revivre son histoire symbolique dans les fresques sacrées du sanctuaire. Quelquefois une prêtresse, entrée en extase sous la voix harmonieuse de Pythagore, semblait incarner dans son attitude et dans son visage rayonnant l’ineffable beauté de sa vision. Et les disciples – saisis d’un religieux frisson – regardaient en silence. Mais bientôt le maître, d’un geste lent et sûr, ramenait sur la terre la prophantide inspirée. Peu à peu, ses traits se détendaient, elle s’affaissait dans les bras de ses compagnes et tombait dans une léthargie profonde, d’où elle s’éveillait confuse, triste et comme épuisée de son essor. Alors on remontait de la crypte dans les jardins de Cérès, à la fraîcheur de l’aube qui commençait à blanchir sur la mer, au bord du ciel étoilé.

 

 

Le Plérôme est-il le repaire de Satan ?

 

Il est impossible de savoir si la description grandiose que Milton donne de la bataille de trois jours livrée par les Anges de Lumière aux Anges de Ténèbres, permet de supposer qu’il ait eu connaissance de la tradition Orientale correspondante. Néanmoins, s’il n’a pas eu de rapports personnels avec un Mystique, il a dû en avoir avec une personne qui pouvait consulter les ouvrages secrets du Vatican. Parmi ceux-ci se trouve une tradition concernant les « Beni Shamash » - les « Fils du Soleil » - qui décrit l’allégorie orientale avec des détails bien plus minutieux, dans sa triple version, que ceux que l’on pourrait trouver dans le Livre d’Enoch, ou dans la bien plus récente Révélation de saint Jean, au sujet de « l’Antique Dragon » et de ses divers meurtriers, comme on vient de l’expliquer.

 

Il semble inexplicable de trouver encore, jusqu’à présent, des auteurs qui appartiennent à des sociétés mystiques et qui persistent dans leurs doutes préconçus au sujet de l’antiquité « supposée » du Livre d’Enoch. Ainsi, l’auteur des “Sacred Mysteries among the Mayas and Quiches” est porté à voir dans Enoch un initié converti au Christianisme, et le compilateur anglais des “Mystères de la Magie” d’Eliphas Lévi partage la même opinion. Il fait remarquer que : « A part l’érudition du Dr Kenealy, aucun savant moderne n’attribue à ce dernier ouvrage (le Livre d’Enoch) une antiquité remontant plus loin que le IVe siècle avant J.-C. »

 


 

Creation 319

 

 

La science moderne s’est rendue coupable d’erreurs plus graves que celle-ci. Tout récemment encore, les plus grands critiques littéraires d’Europe niaient l’authenticité même de cet ouvrage, ainsi que des Hymnes Orphiques et même du Livre d’Hermès ou Thot, jusqu’au moment où des versets entiers de ce dernier ouvrage furent découverts sur des monuments et des tombeaux égyptiens, des premières dynasties.

 

« L’Antique Dragon » et Satan, qui sont devenus maintenant, séparément et collectivement, les symboles des « Anges Déchus » et les termes théologiques employés pour les désigner, ne sont décrits sous cet aspect, ni dans la Cabale originale (le Livre des Nombres Chaldéen), ni dans la Cabale moderne. En effet, le très érudit, sinon le plus grand des Cabalistes modernes, Eliphas Lévi, décrit Satan en ces termes ardents :

 

« C’est cet Ange qui était assez fier pour se croire un Dieu ; assez courageux pour acheter son indépendance au prix d’une éternité de supplices ; assez beau pour s’être adoré lui-même en pleine lumière divine ; assez fort pour régner encore dans les ténèbres, au milieu de la douleur et pour se faire un trône de son inextinguible bûcher. C’est le Satan du républicain et de l’hérétique Milton… le prince de l’anarchie, servie par une hiérarchie de purs esprits ».

 

Cette description – qui concilie avec tant d’adresse le dogme théologique avec l’allégorie Cabalistique et trouve même le moyen d’englober un compliment politique dans son texte – est tout à fait correcte lorsqu’on la lit convenablement.

 

Oui vraiment ; c’est l’idéal le plus haut, ce symbole à jamais vivant, - on pourrait dire cette apothéose, - du sacrifice de soi-même en faveur de l’indépendance intellectuelle de l’humanité ; cette Energie toujours active protestant contre l’Inertie Statique : ce principe en vertu duquel l’affirmation de Soi-même est un crime et pour lequel la Pensée et la Lumière du Savoir sont odieuses. Comme le dit Eliphas Lévi, avec une justice et une ironie qui n’ont jamais été égalées :

 

« C’est ce prétendu héros des éternités ténébreuses qui, calomnié de laideur, est affublé de cornes et de griffes, qui conviendraient plutôt à son implacable tourmenteur. »

 

C’est lui qui a finalement été transformé en un Serpent, le Dragon Rouge, mais Eliphas Lévi encore soumis aux autorités Catholiques Romaines, - on pourrait ajouter, était trop jésuite, pour confesser que ce Diable n’était autre que l’humanité et n’avait jamais existé sur la Terre en dehors de cette humanité.

 

En ceci, la Théologie Chrétienne, bien que marchant servilement sur les traces du Paganisme, n’a fait que se conformer à sa politique traditionnelle. Elle devait s’isoler et affirmer son autorité. Elle ne pouvait donc mieux faire que de transformer en démons toutes les Divinités Païennes. Chaque brillant Dieu Solaire de l’antiquité, - Divinité glorieuse pendant le jour et son propre adversaire et antagoniste pendant la nuit, appelée Dragon de Sagesse, parce qu’elle était supposée renfermer les germes de la nuit et du jour, a été maintenant transformée en une hypothétique ombre de Dieu et est devenue Satan de par la seule autorité, sans sanction, d’un despotique dogme humain. Après quoi tous ces producteurs de lumière et d’ombre, tous ces Dieux Solaires et Lunaires, ont été maudits, et un Dieu, choisi dans le nombre, puis Satan, ont été ainsi anthropomorphisés tous deux.

 

Jéhovah est un esprit qui joue un rôle

 

Mais la Théologie semble avoir perdu de vue la faculté que possède l’homme de discerner et d’enfin d’analyser tout ce qu’on impose artificiellement à son respect. L’Histoire fait ressortir chez toutes les races et les tribus, surtout chez les nations Sémitiques, une tendance naturelle à exalter la divinité de leur propre tribu au-dessus de toutes les autres, à lui conférer la suprématie sur les Dieux et elle prouve que le Dieu des Israélites était un Dieu de tribu de ce genre et rien de plus, bien que l’Eglise Chrétienne, suivant l’exemple du peuple « élu », trouve bon d’imposer le culte de cette divinité spéciale et de lancer l’anathème contre toutes les autres. Qu’il s’agisse, à l’origine, d’une erreur consciente ou inconsciente, c’est une erreur en tout cas. Dans l’antiquité, Jéhovah n’a jamais été qu’un Dieu « parmi » d’autres « Dieux ». Le Seigneur apparut à Abraham et tout en lui disant : « Je suis le Dieu tout-puissant », il ajouta : « J’établirai mon union… afin d’être un Dieu pour toi » (Abraham) ; et pour sa descendance après lui mais non pour les Européens.

 

 

Creation of Animals 324

 

 

 

Mais il y avait alors la grandiose et idéale figure de Jésus de Nazareth, à placer contre ce fond obscur, pour la rendre plus radieuse par le contraste, et l’Eglise ne pouvait inventer un fond plus obscur. Ne possédant pas la symbologie de l’Ancien Testament, ignorant la computation véritable du nom de Jéhovah, - le substitut rabbinique secret du nom Ineffable et Imprononçable, - l’Eglise prit pour la réalité, l’ombre savamment fabriquée, prit le symbole générateur anthropomorphisé pour l’Unique Réalité Sans Rivale, la Cause Inconnaissable de Tout. Comme conséquence logique, l’Eglise, dans un but de dualisme, se trouva dans la nécessité d’inventer un Diable anthropomorphisé, - créé, comme elle l’enseigne, par Dieu lui-même. Satan est aujourd’hui devenu le monstre fabriqué par Jéhovah-Frankenstein, c’est la malédiction de son père et une épine dans le flanc divin, un monstre, dont aucun Frankenstein terrestre n’eût pu fabriquer une plus ridicule copie.

 

L’auteur de New Aspects of Life décrit fort correctement le Dieu hébreux, en se plaçant au point de vue cabalistique, comme étant :

 

« L’esprit de la Terre, qui s’était révélé au juif comme Jéhovah… C’est aussi cet Esprit qui, après la mort de Jésus, prit sa forme et jouer son rôle comme Christ ressuscité ».

 

C’est, comme on peut le voir, la doctrine de Cérinthe et de plusieurs Gnostiques, avec fort peu de variations, mais les explications et les déductions de l’auteur sont remarquables :

 

« Personne ne savait… mieux que Moïse… ni aussi bien que lui, combien était grande la puissance de ces (Dieux de l’Egypte), avec les prêtres desquels il avait discuté… de ces dieux dont on prétend que Jéhovah est le Dieu (les Juifs seulement).

 

L’auteur pose cette question :

 

« Qu’étaient-ce donc ces Dieux, ces Achar dont Jéhovah, l’Achad, aurait été le Dieu… en le dominant ? »

 

L’Occultisme répond ceci : C’étaient ceux que l’Eglise appelle maintenant les Anges Déchus et, collectivement, Satan, le Dragon – vaincu, si nous acceptons ce qu’elle dit, par Michel et sa Légion, Michel qui n’était autre que Jéhovah lui-même ou, tout au plus, un des Esprits subordonnés. Aussi l’auteur a-t-il encore raison de dire :

 

Les Grecs croyaient à l’existence de… daimons, mais… furent devancés en cela par les Hébreux, qui croyaient qu’il y avait une classe d’esprits représentatifs qu’ils désignaient sous le nom de démons, « acteurs »… En admettant, avec Jéhovah qui affirmait expressément l’existence d’autres dieux, qui… jouaient le rôle du Dieu Unique, ces autres dieux ne constituaient-ils qu’une classe supérieure d’esprits acteurs… qui avaient acquis et exerçaient de grands pouvoirs ? Et le rôle joué par d’autres ne constitua-t-il pas la clef du mystère de l’état d’esprit ? Mais, ceci une fois admis, comment pourrons-nous savoir si Jéhovah n’était pas un esprit jouant un rôle, un esprit qui prétendait être, et qui devint aussi, le représentant du Dieu unique, inconnu et inconnaissable ? Comment saurions-nous si l’esprit qui se donnait le nom de Jéhovah ne fut pas cause, en s’appropriant ses attributs, que sa propre désignation fut imputée à l’Unique qui est en réalité, aussi dépourvu de nom qu’il est inconnaissable.

 

L’auteur démontre alors que « l’esprit Jéhovah est un acteur » de son propre aveu. Il avoua à Moïse « qu’il était apparu aux patriarches comme le Dieu Shaddaï et le Dieu Hélion ».

 

Il assuma d’un seul trait le nom de Jéhovah et c’est sur la foi de l’affirmation de cet acteur que les noms de El, Eloah, Elohim et Shaddaï ont été lus et interprétés en juxtaposition avec Jéhovah, comme signifiant le « Seigneur Dieu Tout-Puissant ». Puis quand le nom de Jéhovah devint ineffable, la désignation d’Adonaï « Seigneur », lui fut substituée et… c’est par suite de cette substitution que le « Seigneur » passa des Juifs au « Verbe » et au Monde Chrétien comme une désignation de Dieu.

 

Et comment saurions-nous, pourrait ajouter l’auteur, si Jéhovah ne représentait pas de nombreux esprits jouant le rôle de l’apparemment unique – Jod ou Jod-Hé ?

 

Mais si l’Eglise Chrétienne fut la première à faire de l’existence de Satan un dogme, ce fut, comme on le démontre dans Isis Dévoilée, parce que le Diable, - le puissant Ennemi de Dieu – devait devenir la pierre d’assise et le pilier de l’Eglise. En effet, comme le fait observer avec raison un Théosophe, M. Jules Baissac, dans son ouvrage intitulé « Satan ou le Diable » :

 

« Il fallait éviter de paraître autoriser le dogme du double principe, en faisant de ce Satan créateur une puissance réelle et pour expliquer le mal originel, on profère contre Manès l’hypothèse d’une permission de l’unique Tout-Puissant ».

 

Ce choix et cette politique furent en tout cas malheureux. On aurait dû établir une distinction bien tranchée entre le personnage jouant le rôle du Dieu inférieur d’Abraham et de Jacob et le « Père » mystique de Jésus, ou bien les Anges « Déchus » n’auraient pas dû être calomniés par de nouvelles fictions.

 

Chaque Dieu des Gentils se rattache à Jéhovah, - les Elohim – et a des rapports étroits avec lui, car ils ne forment à eux tous qu’Une Légion, dont les unités ne différent que par le nom dans les Enseignements Esotériques. Il n’y a aucune différence entre les Anges « Obéissants » et les Anges « Déchus », sauf en ce qui concerne leurs fonctions respectives, ou plutôt l’inertie des uns et l’activité des autres, parmi les Dhyân Chohans, ou Elohim, qui eurent pour mission « de créer », c’est-à-dire de fabriquer le monde extérieur à l’aide de la matière éternelle.

 

Les cabalistes disent que le véritable nom de Satan est celui de Jéhovah retourné, attendu que « Satan n’est pas un Dieu noir, mais la négation de la Divinité blanche », ou de la Lumière de la Vérité. Dieu est la Lumière et Satan représente les Ténèbres ou l’Ombre nécessaire pour la faire ressortir, sans quoi la pure lumière serait invisible et incompréhensible. « Pour les Initiés, dit Eliphas Lévi, le Diable n’est pas une personne, mais une Force créatrice, pour le Bien comme pour le Mal ». Les Initiés représentaient cette Force, qui préside à la génération physique, sous la mystérieuse forme du Dieu Pan ou de la Nature ; de là les cornes et les sabots de cette figure mythique et symbolique, comme aussi le « bouc » chrétien du « Sabbat des Sorcières ». A ce sujet, les Chrétiens ont encore imprudemment oublié que le « bouc » était aussi la victime choisie pour l’expiation de tous les péchés d’Israël, que le bouc émissaire était en réalité le martyr du sacrifice, le symbole du plus grand mystère existant sur la Terre – la « chute dans la génération ».

 

Eliphas Lévi cherche à expliquer le dogme de son Eglise par des paradoxes et des métaphores, mais il réussit bien misérablement, en présence des nombreux volumes écrits par les pieux Démonologistes Catholiques Romains, avec l’approbation et sous les auspices de Rome. Pour le vrai Catholique Romain, le Diable ou Satan est une réalité ; le drame joué dans la Lumière Sidérale, suivant le voyant de Patmos – qui voulait, peut-être, renchérir sur le récit que contient le Livre d’Enoch – est un fait aussi réel et aussi historique que toute autre allégorie ou que tout autre événement symbolique que l’on trouve dans la Bible. Les Initiés donnent toutefois une explication qui diffère de celle d’Eliphas Lévi, dont le génie et l’intellect plein de ruse devaient se soumettre à un certain compromis qui lui était dicté de Rome.

 

Akasha, le Mysterium Magnum

 

Les véritables cabalistes „qui n’acceptent pas de compromis“ admettent que pour tout ce qui concerne la Science et la Philosophie, il suffit que le profane sache que le Grand Agent Magique, appelé Lumière Astrale par les disciples du Marquis de Saint-Martin, ou Martinistes, Vierge Sidérale et Mysterium Magnum par les Cabalistes et Alchimistes du Moyen Age et Aether, ou reflet de l’Akâsha, par les Occultistes Orientaux, n’est autre que ce que l’Eglise appelle Lucifer. On n’apprendra rien à personne en disant que les scolastiques latins ont réussi à transformer en Satan l’Ame Universelle et le Plérôme, le Véhicule de Lumière et le réceptacle de toutes formes, une Force répandue dans tout l’Univers, avec ses effets directs et indirects, mais on est prêt maintenant à communiquer aux profanes mentionnés plus haut, les secrets même auxquels Eliphas Lévi fait allusion, sans explication suffisante, car le système de révélations voilées d’Eliphas Lévi ne pourrait conduire qu’à de nouvelles superstitions et à de nouveaux malentendus. Qu’est-ce qu’un étudiant en Occultisme, qui serait un commençant, pourrait tirer de phrases hautement poétiques comme celles d’Eliphas Lévi que nous citons plus bas et qui sont aussi apocalyptiques que les œuvres de n’importe quel Alchimiste ?



  

Le souffle d'or

 

 

Lucifer (la Lumière astrale)… est une force intermédiaire répandue dans toute la création ; elle sert à créer et à détruire, et la chute d’Adam fut le résultat d’une ivresse érotique qui a fait de sa génération l’esclave de cette fatale Lumière… toute passion amoureuse qui envahit les sens est un tourbillon de cette Lumière qui cherche à nous entraîner vers les abîmes de la mort. La folie, les hallucinations, les visions, les extases sont des formes d’une excitation très dangereuse due à ce phosphore intérieur ( ?). Enfin, cette lumière est de la nature du feu, dont l’usage intelligent échauffe et vivifie, dont l’excès, au contraire, brûle, dissout et anéanti.

 

L’homme serait appelé à prendre un souverain empire sur cette Lumière Astrale et à conquérir par ce moyen son immortalité et il serait menacé en même temps d’être enivré, absorbé et éternellement détruit par elle.

 

Cette lumière, en tant que dévorante, vengeresse et fatale, serait le feu de l’enfer, le serpent de la légende ; l’erreur tourmentée dont elle serait pleine, les larmes et les grincements de dents des êtres avortés qu’elle dévore, le fantôme de la vie qui leur échappe, tout cela serait le Diable ou Satan.

 

Il n’y a rien de faux dans tout ceci ; rien, sauf une surabondance de métaphores mal employées, comme, par exemple, l’emploi du mythe d’Adam pour donner un exemple des effets astraux. L’Akâsha, la Lumière Astrale, peut être définie en quelques mots ; c’est l’Ame Universelle, la Matrice de l’Univers, le Mysterium Magnum d’où naît tout ce qui existe, par séparation ou différenciation. C’est la cause de l’existence ; elle remplit tout l’Espace infini, c’est l’Espace lui-même, dans un sens, ou, tout à la fois, son sixième et son septième principe. Mais en tant que fini dans l’Infini, par rapport à la manifestation, cette Lumière doit avoir son côté sombre – ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer. Or, comme l’Infini ne peut jamais être manifesté, il s’ensuit que le monde fini doit se contenter de l’ombre seule, que ses actions attirent sur l’humanité et que les hommes attirent et forcent à l’activité. Aussi, tandis que la Lumière Astrale est la Cause Universelle dans son unité et dans son infini non-manifesté, elle n’est plus, en ce qui concerne l’humanité, que les effets des causes produites par les hommes au cours de leurs vies pleines de péchés. Ce ne sont pas ses brillants habitants, - qu’on les appelle Esprits de Lumière ou de Ténèbres – qui produisent le Bien ou le Mal, mais c’est l’humanité elle-même qui détermine des actions et des réactions inévitables dans le Grand Agent Magique. C’est l’humanité qui est devenue le « Serpent de la Genèse » et qui est ainsi cause, jour par jour et heure par heure, de la Chute et du Péché de la « Vierge Céleste » - qui devient alors, en même temps, la Mère des Dieux et des Diables ; car c’est la Divinité toujours aimante et bienfaisante pour tous ceux qui émeuvent son Ame et son Cœur, au lieu d’attirer vers eux-mêmes l’ombre manifestée de son essence, désignée par Eliphas Lévi sous le nom de « lumière fatale » qui tue et détruit. L’Humanité, dans ses unités, peut surmonter et maîtriser ses effets, mais seulement par la sainteté des vies et en produisant des causes bonnes. Elle n’a de pouvoirs que sur les principes inférieurs manifestés, - l’ombre de la Divinité Inconnue et Inconnaissable dans l’Espace. Mais dans l’antiquité, et en réalité, Lucifer, ou Luciferus, était le nom de l’Entité Angélique qui présidait à la Lumière de la Vérité, comme à la lumière du jour. Dans le grand Evangile Valentinien, Pistis Sophia, on enseigne que parmi les trois Puissances qui émanent des Noms Sacrés des trois Triples Pouvoirs, celle de Sophia (le Saint-Esprit, suivant ces Gnostiques, - la plus raffinée de toutes), réside dans la planète Vénus ou Lucifer.

 

Ainsi, pour le profane, la Lumière Astrale peut être Dieu et le Diable à la fois – Demon est Deus inversus – c’est-à-dire qu’à tous les points de l’Espace Infini vibrent les courants magnétiques et électriques de la Nature animée, les vagues qui donnent la vie et la mort, car la mort sur la terre devient la vie sur un autre plan. Lucifer, c’est la Lumière divine et terrestre, le « Saint-Esprit » et « Satan » tout à la fois, l’Espace visible étant véritablement rempli d’une manière invisible, par le Souffle différencié et la Lumière Astrale, les effets manifestés des deux qui n’en font qu’un, guidée et attirée par nous, est le Karma de l’Humanité, une entité à la fois personnelle et impersonnelle – personnelle, parce que c’est le nom mystique que Saint-Martin donne à la Légion des Créateurs Divins, des Guides et des Souverains de cette Planète ; impersonnelle, en tant que Cause et Effet de la Vie et de la mort Universelles.

 

La Chute fut le résultat du savoir de l’homme, car ses « yeux furent ouverts ». Il fut, en effet, instruit dans la Sagesse et dans le Savoir Occulte par « l’Ange Déchu », car ce dernier était devenu depuis lors son Manas, son Mental et sa Soi-conscience. Chez chacun de nous, ce fil d’or de la Vie interrompue – passant périodiquement par des cycles actifs et passifs d’existence sensible sur la Terre et suprasensible dans le Dévachan – existe depuis le moment de notre apparition sur cette Terre. C’est le Sûtrâtmâ, le fil lumineux de l’état de la Monade immortelle, impersonnelle, sur lequel nos « vies » terrestres, ou Egos éphémères, sont enfilées comme des perles – suivant la belle expression de la philosophie védantine.


.../...
 

Partager cet article
Repost0
25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 11:54

 

Mysterium Logos

 

Un grand Soleil plein d’amour

 

 

« J’avoue que je suis très disposé à affirmer l’existence de natures immatérielles dans le monde et de placer mon âme à moi dans la catégorie de ces êtres. Il sera un jour prouvé, je ne sais où ni quand, que l’âme humaine, même dans ce monde, est indissolublement liée à toutes les natures immatérielles du monde des esprits, qu’elle agit sur elles, et en reçoit des impressions. » Emmanuel Kant

 


 

 

Méditation 

 

 

 

Introduction aux Mystères

 

Troisième degré de l’évolution pythagoricienne – Cosmogonie et psychologie – L’évolution de l’âme

 

Le disciple avait reçu du maître les principes de la science. Cette première initiation avait fait tomber les écailles épaisses de la matière qui recouvrait les yeux de son esprit. Déchirant le voile brillant de la mythologie, elle l’avait arraché au monde visible pour le jeter éperdument dans les espaces sans bornes et le plonger dans le soleil de l’Intelligence, d’où la Vérité irradie sur les trois mondes. Mais la science des nombres n’était que le préambule de la grande initiation. Armé de ces principes, il s’agissait maintenant de descendre des hauteurs de l’Absolu dans les profondeurs de la nature pour y saisir la pensée divine dans la formation des choses et dans l’évolution de l’âme à travers les mondes. La cosmogonie et la psychologie ésotérique touchaient aux plus grands mystères de la vie, à des secrets dangereux et jalousement gardés des sciences et des arts occultes. Aussi Pythagore aimait-il à donner ces leçons loin du jour profane, la nuit, au bord de la mer, sur les terrasses du temple de Cérès, au murmure léger de la vague ionienne, d’une si mélodieuse cadence, aux lointaines phosphorescences du cosmos étoilé ; ou bien, dans les cryptes du sanctuaire, où des lampes égyptiennes de naphte répandaient une clarté égale et douce. Les femmes initiées assistaient à ces réunions nocturnes. Quelquefois, des prêtres ou des prêtresses, arrivés de Delphes ou d’Eleusis, venaient confirmer les enseignements du maître par le récit de leurs expériences ou par la parole lucide du sommeil clairvoyant.

 

L’évolution matérielle et l’évolution spirituelle du monde sont deux mouvements inverses, mais parallèles et concordants sur toute l’échelle de l’être. L’un ne s’explique que par l’autre, et, vus ensemble, ils expliquent le monde. L’évolution matérielle représente la manifestation de Dieu dans la matière par l’âme du monde qui la travaille. L’évolution spirituelle représente l’élaboration de la conscience dans les monades individuelles et leurs tentatives de rejoindre, à travers le cycle des vies, l’esprit divin dont elles émanent. Voir l’univers au point de vue physique ou au point de vue spirituel, ce n’est pas considérer un objet différent, c’est regarder le monde par les deux bouts opposés. Au point de vue terrestre, l’explication rationnelle du monde doit commencer par l’évolution matérielle, puisque c’est par ce côté qu’il nous apparaît ; mais en nous faisant voir le travail de l’Esprit universel dans la matière et poursuivre le développement des monades individuelles, elle conduit insensiblement au point de vue spirituel et nous fait passer du dehors au dedans des choses, de l’envers du monde à son endroit.

 

Ainsi, du moins, procédait Pythagore, qui considérait l’univers comme un être vivant, animé d’une grande âme et pénétré d’une grande intelligence. La seconde partie de son enseignement commençait donc par la cosmogonie.


 

Syst Solaire

 

 

 

Si l’on s’en tenait aux divisions du ciel, que nous trouvons dans les fragments exotériques des pythagoriciens, cette astronomie serait semblable à l’astronomie de Ptolémée, la terre immobile et le soleil tournant autour, avec les planètes et le ciel tout entier. Mais le principe même de cette astronomie nous avertit qu’elle est purement symbolique. Au centre de son univers, Pythagore place le Feu (dont le soleil n’est qu’un reflet). Or, dans tout l’ésotérisme de l’Orient, le Feu est le signe représentatif de l’Esprit, de la Conscience divine, universelle. Ce que nos philosophes prennent généralement pour la physique de Pythagore et de Platon n’est donc pas autre chose qu’une description imagée de leur philosophie secrète, lumineuse pour les initiés, mais d’autant plus impénétrable au vulgaire, qu’on la faisait passer pour une simple physique. Cherchons-y donc une sorte de cosmographie de la vie des âmes, et pas autre chose. La région sublunaire désigne la sphère où s’exerce l’attraction terrestre et est appelée le cercle des générations. Les initiés entendaient par là que la terre est pour nous la région de la vie corporelle. Là se font toutes les opérations qui accompagnent l’incarnation et la désincarnation des âmes. La sphère des six planètes et du soleil répond à des catégories ascendantes d’esprits. L’Olympe, conçu comme une sphère roulante, est appelé le ciel des fixes, parce qu’il est assimilé à la sphère des âmes parfaites. Cette astronomie enfantine recouvre donc une conception de l’Univers spirituel.

 

Mais tout nous porte à croire que les anciens initiés et particulièrement Pythagore avaient de l’univers physique des notions beaucoup plus justes. Aristote dit positivement que les pythagoriciens croyaient au mouvement de la terre autour du soleil. Copernic affirme que l’idée de la rotation de la terre autour de son axe est venue en lisant, dans Cicéron, qu’un certain Hycétas, de Syracuse, avait parlé du mouvement diurne de la terre. A ses disciples du troisième degré, Pythagore enseignait le double mouvement de la terre. Sans avoir les mesures exactes de la science moderne, il savait, comme les prêtres de Memphis, que les planètes issues du soleil tournent autour de lui ; que les étoiles sont autant de systèmes solaires gouvernés par les mêmes lois que le nôtre et dont chacun a son rang dans l’immense univers. Il savait aussi que chaque monde solaire forme un petit univers qui a sa correspondance dans le monde spirituel et son ciel propre. Les planètes servaient à en marquer l’échelle. Mais ces notions, qui auraient bouleversé la mythologie populaire et que la foule eût taxées de sacrilèges, n’étaient jamais confiées à l’écriture vulgaire. On ne les enseignait que sous le sceau du plus profond secret.

 

L’univers visible, disait, Pythagore, le ciel avec toutes ses étoiles n’est qu’une forme passagère de l’âme du monde, de la grande Maïa, qui concentre la matière éparse dans les espaces infinis, puis la dissout et la parsème en fluide cosmique impondérable. Chaque tourbillon solaire possède une parcelle de cette âme universelle, qui évolue dans son sein pendant des millions de siècles, avec une force d’impulsion et une mesure spéciales. Quant aux puissances, aux règnes, aux espèces et aux âmes vivantes qui apparaîtront successivement dans les astres de ce petit monde, elles viennent de Dieu, elles descendent du Père ; c’est-à-dire qu’elles émanent d’un ordre spirituel immuable et supérieur, ainsi que d’une évolution matérielle antérieure, j’entends d’un système solaire éteint. De ces puissances invisibles, les unes, absolument immortelles, dirigent la formation de ce monde, les autres attendent son éclosion dans le sommeil cosmique ou dans le rêve divin, pour rentrer dans les générations visibles, selon leur rang et selon la loi éternelle. Cependant, l’âme solaire et son feu central, qui meut directement la grande Monade, travaille la matière en fusion. Les planètes sont filles du soleil. Chacune d’elles, élaborée par les forces d’attraction et de rotation inhérentes à la matière, est douée d’une âme semi-consciente issue de l’âme solaire et a son caractère distinct, son rôle particulier dans l’évolution. Comme chaque planète est une expression diverse de la pensée de Dieu, comme elle exerce une fonction spéciale dans la chaîne planétaire, les anciens sages ont identifié les noms des planètes avec ceux des grands dieux, qui représentent les facultés divines en action dans l’univers.

 

Les quatre éléments, dont sont formés les astres et tous les êtres, désignent quatre états gradués de la matière. Le premier, étant le plus dense et le plus grossier, est le plus réfractaire à l’esprit ; le dernier, étant le plus raffiné, montre pour lui une grande affinité. La terre représente l’état solide ; l’eau, l’état liquide ; l’air, l’état gazeux ; le feu, l’état impondérable. Le cinquième élément, ou éthérique, représente un état de la matière tellement subtil et vivace, qu’il n’est plus atomique et  doué de pénétration universelle. C’est le fluide cosmique original, la lumière astrale ou l’âme du monde.

 

Pythagore parlait ensuite à ses disciples de l’Egypte et de l’Asie. Il savait que la terre en fusion était primitivement entourée d’une atmosphère gazeuse, qui, liquéfiée par son refroidissement successif, avait formé les mers. Selon son habitude, il résumait métaphoriquement cette idée en disant que les mers étaient produites par les larmes de Saturne (le temps cosmique).

 

Mais voici les règnes qui apparaissent, et les germes invisibles, flottant dans l’aura éthérée de la terre, tourbillonnent dans sa robe gazeuse, puis sont attirés dans le sein profond des mers et sur les premiers continents émergés. Les mondes végétal et animal encore confondus apparaissent presque en même temps. La doctrine ésotérique admet la transformation des espèces animales, non seulement d’après la loi secondaire de la sélection, mais encore d’après la loi primaire de la percussion de la terre par les puissances célestes, et de tous les êtres vivants par des principes intelligibles et des forces invisibles. Lorsqu’une espèce nouvelle apparaît sur le globe, c’est qu’une race d’âmes d’un type supérieur s’incarne à une époque donnée dans les descendants de l’espèce ancienne, pour la faire monter d’un échelon en la remoulant et la transformant à son image. C’est ainsi que la doctrine ésotérique explique l’apparition de l’homme sur la terre. Au point de vue de l’évolution terrestre, l’homme est le dernier rameau et le couronnement de toutes les espèces antérieures. Mais ce point de vue ne suffit pas plus pour expliquer son entrée en scène qu’il ne suffirait pour expliquer l’apparition de la première algue ou du premier crustacé dans le fond des mers. Toutes ces créations successives supposent, comme chaque naissance, la percussion de la terre par les puissances invisibles qui créent la vie. Celle de l’homme suppose le règne antérieur d’une humanité céleste qui préside à l’éclosion de l’humanité terrestre et lui envoi, comme les ondes d’une marée formidable, de nouveaux torrents d’âmes qui s’incarnent dans ses flancs et font luire les premiers rayons d’un jour divin dans cet être effaré de l’animalité, et forcé pour vivre de lutter avec toutes les puissances de la nature.

 


 

Systeme solaire16

 

 

 

Pythagore, instruit par les temples de l’Egypte, avait des notions précises sur les grandes révolutions du globe. La doctrine indienne et égyptienne connaissait l’existence de l’ancien continent austral qui avait produit la race rouge et une puissante civilisation, appelée Atlantes par les Grecs. Elle attribuait l’émergence et l’immersion alternatives des continents à l’oscillation des pôles et admettait que l’humanité avait traversé ainsi six déluges. Chaque cycle inter diluvien amène la prédominance d’une grande race humaine. Au milieu des éclipses partielles de la civilisation et des facultés humaines, il y a un mouvement général ascendant.

 

Voici donc l’humanité constituée et les races lancées dans leur carrière, à travers les cataclysmes du globe. Mais sur ce globe que nous prenons en naissant pour la base immuable du monde et qui flotte lui-même emporté dans l’espace, sur ces continents qui émergent des mers pour disparaître de nouveau, au milieu de ces peuples qui passent, de ces civilisations qui croulent, quel est le grand, le poignant, l’éternel mystère ? C’est le grand problème intérieur, celui de chacun et de tous, c’est le problème de l’âme, qui découvre en elle-même un abîme de ténèbres et de lumière, qui se regarde avec un mélange de ravissement et d’effroi et se dit : « Je ne suis pas de ce monde, car il ne suffit pas pour m’expliquer. Je ne viens pas de la terre et je vais ailleurs. Mais où ? » C’est le mystère de Psyché qui renferme tous les autres.

 

La cosmogonie du monde visible, disait Pythagore, nous a conduits à l’histoire de la terre, et celle-ci au mystère de l’âme humaine. Avec lui nous touchons au sanctuaire des sanctuaires, à l’arcane des arcanes. Sa conscience une fois éveillée, l’âme devient elle-même le plus étonnant des spectacles. Mais cette conscience même n’est que la surface éclairée de son être, où elle soupçonne des abîmes obscurs et insondables. Dans sa profondeur inconnue, la divine Psyché contemple d’un regard fasciné toutes les vies et tous les mondes : le passé, le présent, le futur que joint l’Eternité. « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les Dieux. » Voilà le secret des sages initiés. Mais pour pénétrer par cette porte étroite dans l’immensité de l’univers invisible, éveillons en nous la vie directe de l’âme purifiée et armons-nous du flambeau de l’Intelligence, de la science des principes et des Nombres sacrés.

 

Pythagore passait ainsi de la cosmogonie physique à la cosmogonie spirituelle. Après l’évolution de la terre, il racontait l’évolution de l’âme à travers les mondes. En dehors de l’initiation, cette doctrine est connue sous le nom de transmigration des âmes. Sur aucune partie de la doctrine occulte on n’a plus déraisonné que sur celle-là, si bien que la littérature antique et moderne ne la connaît que par des travestissements puérils. Platon lui-même, celui de tous les philosophes qui a le plus contribué à la populariser, n’en a donné que des aperçus fantaisistes et parfois extravagants, soit que sa prudence, soit que ces serments l’aient empêché de dire tout ce qu’il savait. Peu de gens se doutent aujourd’hui qu’elle ait pu avec pour les initiés un aspect scientifique, ouvrir des perspectives infinies et donner à l’âme des consolations divines. La doctrine de la vie ascensionnelle de l’âme à travers la série des existences est le trait commun des traditions ésotériques et le couronnement de la théosophie. J’ajoute qu’elle a pour nous une importance capitale. Car l’homme d’aujourd’hui rejette avec un égal mépris l’immortalité abstraite et vague de la philosophie et le ciel enfantin de la religion primaire. Et cependant la sécheresse et le néant du matérialisme lui font horreur. Il aspire inconsciemment à la conscience d’une immortalité organique qui réponde à la fois aux exigences de sa raison et aux besoins indestructibles de son âme. On comprend, du reste, pourquoi les initiés des religions antiques, tout en ayant connaissance de ces vérités, les ont tenues si secrètes. Elles sont de nature à donner le vertige aux esprits non cultivés. Elles se lient étroitement aux profonds mystères de la génération spirituelle, des sexes et de la génération dans la chair, d’où dépendent les destinées de l’humanité future.

 

On admettait donc avec une sorte de frémissement cette heure capitale de l’enseignement ésotérique. Par la parole de Pythagore, comme par une lente incantation, la lourde matière semblait perdre son poids, les choses de la terre devenaient transparentes, celles du ciel visibles à l’esprit. Des sphères d’or et d’azur sillonnées d’essences lumineuses déroulaient leurs orbes jusqu’à l’infini. Alors les disciples, hommes et femmes, groupés autour du maître dans une partie souterraine du temple de Cérès appelée crypte de Proserpine, écoutaient avec une émotion palpitante : l’histoire céleste de Psyché.

 

 

L’histoire céleste de Psyché

 

Qu’est-ce que l’âme humaine ? Une parcelle de la grande âme du monde, une étincelle de l’esprit divin, une monade immortelle. Mais si son possible avenir s’ouvre dans les splendeurs insondables de la conscience divine, sa mystérieuse éclosion remonte aux origines de la matière organisée. Pour devenir ce qu’elle est dans l’humanité actuelle, il a fallu qu’elle traversât tous les règnes de la nature, toute l’échelle des êtres en se développant graduellement par une série d’innombrables existences. L’esprit qui travaille les mondes et condense la matière cosmique en masses énormes se manifeste avec une intensité diverse et une concentration toujours plus grande dans les règnes successifs de la nature. Force aveugle et indistincte dans le minéral, individualisé dans la plante, polarisée dans la sensibilité et l’instinct des animaux, elle tend vers la monade consciente dans cette lente élaboration ; et la monade élémentaire est visible dans l’animal le plus inférieur. L’élément animique et spirituel existe donc dans tous les règnes, quoique seulement à l’état de quantité infinitésimale dans les règnes inférieurs. Les âmes qui existent à l’état des germes dans les règnes inférieurs y séjournent sans en sortir pendant d’immenses périodes, et ce n’est qu’après de grandes révolutions cosmiques qu’elles passent à un règne supérieur en changeant de planète. Tout ce qu’elles peuvent faire pendant la période de vie d’une planète, c’est de montrer quelques espèces. Où comment la monade ? Autant vaudrait demander l’heure où s’est formée une nébuleuse, où un soleil a relui pour la première fois. Quoi qu’il en soit, ce qui constitue l’essence de n’importe quel homme a dû évoluer pendant des millions d’années à travers une chaîne de planètes et les règnes inférieurs, tout en conservant à travers toutes ces existences un principe individuel qui la suit partout. Cette individualité obscure, mais indestructible, constitue le sceau divin de la monade en qui Dieu veut se manifester par la conscience.




Angel-2
 

 

Plus on monte la série des organismes, plus la monade développe les principes latents qui sont en elle. La force polarisée devient sensible, la sensibilité instinct, l’instinct intelligence. Et à mesure que s’allume le flambeau vacillant de la conscience, cette âme devient plus indépendante du corps, plus capable de mener une existence libre. L’âme fluide et non polarisée des minéraux et des végétaux est liée aux éléments de la terre. Celle des animaux fortement attirée par le feu terrestre y séjourne un certain temps lorsqu’elle a quitté son cadavre, puis revient à la surface du globe pour se réincarner dans son espèce sans jamais pouvoir quitter les basses couches de l’air. Celles-ci sont peuplées d’élémentaux ou d’âmes animales qui ont leur rôle dans la vie atmosphérique et une grande influence occulte sur l’homme. L’âme humaine seule vient du ciel et y retourne après la mort. Mais à quelle époque de sa longue existence cosmique l’âme élémentaire est-elle devenue l’âme humaine ? Par quel creuset incandescent, par quelle flamme éthérée a-t-elle passé pour cela ? La transformation n’a été possible, dans une période interplanétaire, que par la rencontre d’âmes humaines déjà pleinement formées, qui ont développé dans l’âme élémentaire son principe spirituel et ont imprimé leur divin prototype comme un sceau de feu dans sa substance plastique.

 

Mais que de voyages, que d’incarnations, que de cycles planétaires encore à traverser, pour que l’âme humaine ainsi formée devienne l’homme que nous connaissons ! Selon les traditions ésotériques de l’Inde et de l’Egypte, les individus qui composent l’humanité actuelle auraient commencé leur existence humaine sur d’autres planètes, où la matière est beaucoup moins dense que sur la nôtre. Le corps de l’homme était alors presque vaporeux, ses incarnations légères et faciles. Ses facultés de perception spirituelle directe auraient été très puissantes et très subtiles dans cette première phase humaine ; la raison et l’intelligence par contre à l’état embryonnaire. Dans cet état semi-corporel, semi-spirituel, l’homme voyait les esprits, tout était splendeur et charme pour ses yeux, musique pour ses oreilles. Il entendait jusqu’à l’harmonie des sphères. Il ne pensait, ni ne réfléchissait, il voulait à peine. Il se laissait vivre en buvant les sons, les formes et la lumière, en flottant comme un rêve de la vie à la mort et de la mort à la vie. Voilà ce que les orphiques appelaient le ciel de Saturne. Ce n’est qu’en s’incarnant sur des planètes de plus en plus denses, selon la doctrine d’Hermès, que  l’homme s’est matérialisé. En s’incarnant dans une matière plus épaisse, l’humanité a perdu son sens spirituel, mais par sa lutte de plus en plus forte avec le monde extérieur, elle a développé puissamment sa raison, son intelligence, sa volonté. La terre est le dernier échelon de cette descente dans la matière que Moïse appelle la sortie du paradis et Orphée la chute dans le cercle sublunaire. De là, l’homme peut remonter péniblement les cercles dans une série d’existences nouvelles et recouvrer ses sens spirituels, par le libre exercice de son intellect et de sa volonté. Alors seulement, disent les disciples d’Hermès et d’Orphée, l’homme acquiert par son action la conscience et la possession du divin ; alors seulement il devient fils de Dieu. Et ceux qui sur la terre ont porté ce nom ont dû, avant de paraître parmi nous, descendre et remonter l’effrayante spirale.

 

Qu’est-ce donc que l’humble Psyché à son origine ? Un souffle qui passe, un germe qui flotte, un oiseau battu des vents qui émigre de vie en vie. Et cependant – de naufrage en naufrage – à travers des millions d’années, elle est devenue la fille de Dieu et ne reconnaît plus d’autre partie que le ciel ! Voilà pourquoi la poésie grecque, d’un symbolisme si profond et si lumineux, a comparé l’âme à l’insecte ailé, tantôt ver de terre, tantôt papillon céleste. Combien de fois a-t-elle été chrysalide et combien de fois papillon ? Elle ne le saura jamais, mais elle sent qu’elle a des ailes !

 

Tel est le vertigineux passé de l’âme humaine. Il nous explique sa condition présente et nous permet d’entrevoir son avenir.

 

Quelle est la situation de la divine Psyché dans la vie terrestre ? Pour peu qu’on réfléchisse, on ne saurait en imaginer de plus étrange et de plus tragique. Depuis qu’elle s’est péniblement éveillée dans l’air épais de la terre, l’âme est enlacée dans les replis du corps. Elle ne vit, ne respire, ne pense qu’à travers lui ; et cependant il n’est pas elle. A mesure qu’elle se développe, elle sent grandir en elle-même une lumière tremblotante, quelque chose d’invisible et d’immatériel qu’elle appelle son esprit, sa conscience. Oui, l’homme a le sentiment inné de sa triple nature, puisqu’il distingue dans son langage même instinctif son corps de son âme et son âme de son esprit. Mais l’âme captive et tourmentée se débat entre ses deux compagnons comme entre l’étreinte d’un serpent aux mille replis et un génie invisible qui l’appelle, mais dont la présence ne se fait sentir que par le battement de ses ailes et des lueurs fugitives. Tantôt ce corps l’absorbe à tel point qu’elle ne vit que par ses sensations et ses passions ; elle se roule avec lui dans les orgies sanglantes de la colère ou dans l’épaisse fumée des voluptés charnelles, jusqu’à ce qu’elle s’effraie d’elle-même par le silence profond du compagnon invisible. Tantôt attirée par celui-ci, elle se perd à une telle hauteur de pensée qu’elle oublie l’existence du corps, jusqu’à ce qu’il lui rappelle sa présence par un appel tyrannique. Et pourtant une voix intérieure le lui dit : entre elle et l’hôte invisible, le lien est indissoluble, tandis que la mort rompra son attache avec le corps. Mais ballottée entre les deux dans sa lutte éternelle, l’âme cherche vainement le bonheur et la vérité. Vainement, elle se cherche elle-même dans ses sensations qui passent, dans ses pensées qui la fuient, dans le monde qui change comme un mirage. Ne trouvant rien qui dure, tourmentée, chassée comme une feuille au vent, elle doute d’elle-même et d’un monde divin qui ne se révèle à elle que par sa douleur et son impuissance d’y atteindre. L’ignorance humaine est écrite dans les contradictions des prétendus sages, et la tristesse humaine dans la soif insondable du regard humain. Enfin, quelle que soit l’étendue de ses connaissances, la naissance et la mort enferment l’homme entre deux limites fatales. Ce sont deux portes de ténèbres au-delà desquelles il ne voit rien. La flamme de sa vie s’allume en entrant par l’une et s’éteint en sortant par l’autre. En serait-il de même de l’âme ? Sinon, que devient-elle ?

 

La réponse que les philosophes ont donnée à ce problème poignant a été fort diverse. Celle des théosophes initiés de tous les temps est la même pour l’essentiel. Elle est d’accord avec le sentiment universel et avec l’esprit intime des religions. Celles-ci n’ont exprimé la vérité que sous des formes superstitieuses ou symboliques. La doctrine ésotérique ouvre des perspectives bien plus vastes et ses affirmations sont en rapport avec les lois de l’évolution universelle. Voilà ce que les initiés instruits par la tradition et par les nombreuses expériences de la vie psychique ont dit à l’homme : ce qui s’agite en toi, ce que tu appelles ton âme est un double éthéré du corps qui renferme en lui-même un esprit immortel. L’esprit se construit et se tisse, par son activité propre, son corps spirituel. Pythagore l’appelle le char subtil de l’âme, parce qu’il est destiné à l’enlever de terre après la mort. Ce corps spirituel est l’organe de l’esprit, son enveloppe sensitive, son instrument volitif, et sert à l’animation du corps, qui sans cela demeurerait inerte. Dans les apparitions des mourants ou des morts, ce double devient visible. Mais cela suppose toujours un état nerveux spécial chez le voyant. La subtilité, la puissance, la perfection du corps spirituel varient selon la qualité de l’esprit qu’il renferme, et il y a entre la substance des âmes tissées dans la lumière astrale, mais imprégnées des fluides impondérables de la terre et du ciel, des nuances plus nombreuses, des différences plus grandes qu’entre tous les corps terrestres et tous les états de la matière pondérable. Ce corps astral, quoique beaucoup plus subtil et plus parfait que le corps terrestre, n’est pas immortel comme la monade qu’il contient. Il change, il s’épure selon les milieux qu’il traverse. L’esprit le moule, le transforme perpétuellement à son image, mais ne le quitte jamais, et s’il s’en dévêt peu à peu, c’est en revêtissant des substances plus éthérées. Voilà ce qu’enseignait Pythagore, qui ne concevait pas l’entité spirituelle abstraite, la monade sans forme. L’esprit en acte dans le fond des cieux comme sur la terre doit avoir un organe ; cet organe est l’âme vivante, bestiale ou sublime, obscure ou radieuse, mais ayant la forme humaine, cette image de Dieu.



 

faucheuse3

 

 

 

Qu’arrive-t-il à la mort ? Aux approches de l’agonie, l’âme pressent généralement sa prochaine séparation du corps. Elle revoit toute son existence terrestre en tableaux raccourcis, d’une succession rapide, d’une netteté effrayante. Mais quand la vie épuisée s’arrête dans le cerveau, elle se trouble et perd totalement conscience. Si c’est une âme sainte et pure, ses sens spirituels se sont déjà réveillés par le détachement graduel de la matière. Elle a eu avant de mourir, d’une manière quelconque, ne fût-ce que par l’introspection de son propre état, le sentiment de la présence d’un autre monde. Aux sollicitations silencieuses, aux appels lointains, aux vagues rayons de l’Invisible, la terre a déjà perdu sa consistance, et lorsque l’âme s’échappe enfin du cadavre refroidi, heureuse de sa délivrance, elle se sent enlevée dans une grande lumière vers la famille spirituelle à laquelle elle appartient. Mais il n’en est pas ainsi de l’homme ordinaire, dont la vie a été partagée entre les instincts matériels et les aspirations supérieurs. Il se réveille avec une demi-conscience comme dans la torpeur d’un cauchemar. Il n’a plus ni bras pour étreindre, ni voix pour crier, mais il se souvient, il souffre, il existe dans un limbe de ténèbres et d’épouvante. La seule chose qu’il y aperçoive est la présence de son cadavre dont il est détaché, mais pour lequel il éprouve encore une invincible attraction. Car c’est par lui qu’il vivait, et maintenant qu’est-il ? Il se cherche avec effroi dans les fibres glacées de son cerveau, dans le sang figé de ses veines, et ne se trouve pas. Est-il mort ? Est-il vivant ? Il voudrait voir, se cramponner à quelque chose ; mais il ne voit pas, il ne saisit rien. Les ténèbres l’enferment ; autour de lui, en lui tout est chaos. Il ne voit qu’une chose, et cette chose l’attire et lui fait horreur… la phosphorescence sinistre de sa propre dépouille ; et le cauchemar recommence.

 

Cet état peut se prolonger pendant des mois ou des années. Sa durée dépend de la force des instincts matériels de l’âme. Mais, bonne ou mauvaise, infernale ou céleste, cette âme prendra peu à peu conscience d’elle-même et de son nouvel état. Une fois libre de son corps, elle s’échappera dans les gouffres de l’atmosphère terrestre, dont les fleuves électriques l’emportent de-ci et de-là, et dont elle commence à percevoir les errants multiformes plus ou moins semblables à elle-même, comme des lueurs fugaces dans une brume épaisse. Alors commence une lutte vertigineuse, acharnée, de l’âme encore alourdie pour monter dans les couches supérieures de l’air, se délivrer de l’attraction terrestre et gagner dans le ciel de notre système planétaire la région qui lui est propre et que des guides amis peuvent seuls lui montrer. Mais avant de les entendre et de les voir, il lui faut souvent un long temps. Cette phase de la vie de l’âme a porté des noms divers dans les religions et les mythologies. Moïse l’appelle Horeb ; Orphée l’Erèbe ; le christianisme le Purgatoire ou la vallée de l’ombre de la mort. Les initiés grecs l’identifiaient avec le cône d’ombre que la terre traîne toujours derrière elle, qui va jusqu’à la lune et l’appelaient pour cette raison le gouffre d’Hécate. Dans ce puits ténébreux tourbillonnent, selon les orphiques et les pythagoriciens, les âmes qui cherchent par des efforts désespérés à gagner le cercle de la lune, et que la violence des vents rabat par milliers sur la terre. Homère et Virgile les comparent à des tourbillons de feuilles, à des essaims d’oiseaux affolés par la tempête. La lune jouait un grand rôle dans l’ésotérisme antique. Sur sa face, tournée vers le ciel, les âmes étaient censées purifier leur corps astral avant de continuer leur ascension céleste. On supposait aussi que les héros et les génies séjournaient un temps sur sa face tournée vers la terre pour revêtir un corps appropriée à notre monde avant de s’y réincarner. On attribuait en quelque sorte à la lune le pouvoir de magnétiser l’âme pour l’incarnation terrestre et de la démagnétiser pour le ciel. D’une manière générale, ces assertions, auxquelles les initiés attachaient un sens à la fois réel et symbolique, signifiaient que l’âme doit passer par un état intermédiaire de purification et se débarrasse des impuretés de la terre avant de poursuivre son voyage.

 



chute 

 

 

 

Mais comment peindre l’arrivée de l’âme pure dans son monde à elle ? La terre a disparu comme un songe. Un sommeil nouveau, un évanouissement délicieux l’enveloppe comme une caresse. Elle ne voit plus que son guide ailé qui l’emporte avec la rapidité de l’éclair dans les profondeurs de l’espace. Que dire de son réveil dans les vallons d’un astre éthéré, sans atmosphère élémentaire, où tout, montagnes, fleurs, végétation, est fait d’une nature exquise, sensible et parlante ? Que dire surtout de ces formes lumineuses, hommes et femmes, qui l’entourent comme une théorie sacrée pour l’initier au saint mystère de sa vie nouvelle ? Sont-ce des dieux ou des déesses ? Non, ce sont des âmes comme elle-même ; et la merveille est que leur pensée intime s’épanouit sur leur visage, que la tendresse, l’amour, le désir ou la crainte rayonnent à travers ces corps diaphanes dans une gamme de colorations lumineuses. Ici, corps et visages ne sont plus les masques de l’âme, mais l’âme transparente apparaît dans sa forme vraie et brille au grand jour de sa vérité pure. Psyché a retrouvé sa divine patrie. Car la lumière secrète où elle se baigne, qui émane d’elle-même et qui lui revient dans le sourire des bien-aimés et des bien-aimées, cette lumière de félicité… c’est l’âme du monde… elle y sent la présence de Dieu ! Maintenant, plus d’obstacles ; elle aimera, elle saura, elle vivra sans autre limite que son propre essor. Oh ! bonheur étrange et merveilleux ! Elle se sent unie à toutes ses compagnes par des affinités profondes. Car, dans la vie de l’au-delà, ceux qui ne s’aiment pas se fuient et ceux-là seuls qui se comprennent s’assemblent. Elle célébrera avec elles les divins mystères en des temples plus beaux, dans une communion plus parfaite. Ce seront des poèmes vivants toujours nouveaux dont chaque âme sera une strophe et où chacune revivra sa vie dans celle des autres. Puis, frémissante, elle s’élancera dans la lumière d’en haut, à l’appel des Envoyés, des Génies ailés, de ceux qu’on nomme des Dieux, parce qu’ils ont échappé au cercle des générations. Conduite par ces intelligences sublimes, elle tâchera d’épeler le grand poème du Verbe occulte, de comprendre ce qu’elle pourra saisir de la symphonie de l’univers. Elle recevra les enseignements hiérarchiques de cercles de l’Amour divin ; elle essaiera de voir les Essences que répandent dans les mondes les Génies animateurs ; elle contemplera les esprits glorifiés, rayons vivants du Dieu des Dieux, et elle ne pourra supporter leur splendeur aveuglante qui fait pâlir les soleils comme des lampes fumeuses ! Et lorsqu’elle reviendra épouvantée de ces voyages éblouissants – car elle frissonne devant ces immensités -, elle entendra de loin l’appel des voix aimées, et retombera sur les plages dorées de son astre, sous le voile rose d’un sommeil ondoyant, plein de formes blanches, de parfums et de mélodie.



 

ame20conduite20au20paraml1

 

 

 

Telle est la vie céleste de l’âme que conçoit à peine notre esprit épaissi par la terre, mais que devinent les initiés, que vivent les voyants et que démontre la loi des analogies et des concordances universelles. Nos images grossières, notre langage imparfait essaient en vain de la traduire, mais chaque âme vivante en sent le germe dans ses profondeurs occultes. Si, dans l’état présent, il nous est impossible de la réaliser, la philosophie de l’occulte en formule les conditions psychiques. L’idée d’astres éthérés, invisibles pour nous, mais faisant partie de notre système solaire et servant de séjour aux âmes heureuses, se retrouve souvent dans les arcanes de la tradition ésotérique. Pythagore l’appelle une contrepartie de la terre : l’antichtone éclairé par le Feu central, c’est-à-dire par la lumière divine. A la fin du Phédon, Platon décrit longuement, quoique d’une manière déguisée, cette terre spirituelle. Il dit qu’elle est aussi légère que l’air et entourée d’une atmosphère éthérée. Dans l’autre vie, l’âme conserve donc toute son individualité. De son existence terrestre, elle ne garde que les souvenirs nobles et laisse tomber les autres dans cet oubli que les poètes ont appelé les ondes du Léthé. Libérée de ses souillures, l’âme humaine sent sa conscience comme retournée. Du dehors de l’univers, elle est rentrée au-dedans ; Cybèle-Maïa, l’âme du monde, l’a reprise dans son sein d’une aspiration profonde. Là, Psyché accomplira son rêve, ce rêve brisé à toute heure et sans cesse recommencé sur la terre. Elle l’accomplira dans la mesure de son effort terrestre et de sa lumière acquise, mais elle l’élargira au centuple. Les espérances broyées refleuriront dans l’aurore de sa vie divine ; les sombres couchers de soleil de la terre s’embraseront en jours éclatants. Oui, l’homme n’eût-il vécu qu’une heure d’enthousiasme ou d’abnégation, cette seule note pure arrachée à la gamme dissonante de sa vie terrestre se répétera dans son au-delà en progressions merveilleuses, en harmonies éoliennes. Les bonheurs fugitifs que nous procurent les enchantements de la musique, les extases de l’amour ou les transports de la charité ne sont que les notes égrenées d’une symphonie que nous entendrons alors. Est-ce à dire que cette vie ne sera qu’un long rêve, qu’une grandiose hallucination ? Mais qu’y a-t-il de plus vrai que ce que l’âme sent en elle et ce qu’elle réalise par sa communion divine avec d’autres âmes ? Les initiés, étant les idéalistes conséquents et transcendants, ont toujours pensé que les seules choses réelles et durables de la terre sont les manifestations de la Beauté, de l’Amour et de la Vérité spirituelles. Comme l’au-delà ne peut avoir d’autre objet que cette Vérité, cette Beauté et cet Amour pour ceux qui en ont fait l’objet de leur vie, ils sont persuadés que le ciel sera plus vrai que la terre.

 

La vie céleste de l’âme peut durer des centaines ou des milliers d’années, selon son rang et sa force d’impulsion. Mais il n’appartient qu’aux plus parfaites, aux plus sublimes, à celles qui ont franchi le cercle des générations, de la prolonger indéfiniment. Celles-là n’ont pas seulement atteint le repos temporaire, mais l’action immortelle dans la vérité ; elles ont créé leurs ailes. Elles sont inviolables, car elles sont la lumière ; elles gouvernent les mondes, car elles voient à travers. Quant aux autres, elles sont amenées par une loi inflexible à se réincarner pour subir une nouvelle épreuve et s’élever à un échelon supérieur ou tomber plus bas si elles défaillent.

 

Comme la vie terrestre, la vie spirituelle a son commencement, son apogée et sa décadence. Lorsque cette vie est épuisée, l’âme se sent prise de lourdeur, de vertige et de mélancolie. Une force invincible l’attire de nouveau vers les luttes et vers les souffrances de la terre. Ce désir est mêlé d’appréhensions terribles et d’une immense douleur de quitter la vie divine. Mais le temps est venu ; la loi doit s’accomplir. La lourdeur augmente, un obscurcissement s’est fait en elle-même. Elle ne voit plus ses compagnons lumineux qu’à travers un voile, et ce voile toujours plus épais lui fait pressentir la séparation imminente. Elle entend leurs tristes adieux ; les larmes des bienheureux aimés la pénètrent comme une rosée céleste qui laissera dans son cœur la soif ardente d’un bonheur inconnu. Alors – avec des serments solennels – elle promet de se souvenir… de se souvenir de la lumière dans le monde des ténèbres, de la vérité dans le monde du mensonge, de l’amour dans le monde de la haine. – Le revoir, la couronne immortelle ne sont qu’à ce prix ! – Elle se réveille dans une atmosphère épaisse. Astre éthéré, âmes diaphanes, océans de lumière, tout a disparu. La revoilà sur la terre, dans le gouffre de la naissance et de la mort. Cependant elle n’a pas encore perdu le souvenir céleste, et le guide ailé encore visible à ses yeux lui désigne la femme qui sera sa mère. Celle-ci porte en elle le germe d’un enfant. Mais ce germe ne vivra que si l’esprit vient l’animer. Alors s’accomplit pendant neuf mois le mystère le plus impénétrable de la vie terrestre, celui de l’incarnation et de la maternité.

 

La fusion mystérieuse s’opère lentement, savamment, organe par organe, fibre par fibre. A mesure que l’âme se plonge dans cet antre chaud qui bruit et qui fourmille, à mesure qu’elle se sent prise dans les méandres des viscères aux mille replis, la conscience de sa vie divine s’efface et s’éteint. Car entre elle et la lumière d’en haut s’interposent les ondes du sang, les tissus de la chair qui l’étreignent et la remplissent de ténèbres. Déjà cette lumière lointaine n’est plus qu’une lueur mourante. Enfin, une douleur horrible la comprime, la serre dans un étau ; une convulsion sanglante l’arrache à l’âme maternelle et la cloue dans un corps palpitant. L’enfant est né, misérable effigie terrestre, et il en crie d’épouvante. Mais le souvenir céleste est rentré dans les profondeurs occultes de l’inconscient. Il ne revivra que par la Science ou par la Douleur, par l’Amour ou par la Mort !



 

18 Triptych of Garden of Earthly Delights(detail)

 

 

La loi de l’incarnation et de la désincarnation nous découvre donc le véritable sens de la vie et de la mort. Elle constitue le nœud capital dans l’évolution de l’âme, et nous permet de la suivre en arrière et en avant jusque dans les profondeurs de la nature et de la divinité. Car cette loi nous révèle le rythme et la mesure, la raison et le but de son immortalité. D’abstraite ou de fantastique, elle la rend vivante et logique, en montrant les correspondances de la vie et de la mort. La naissance terrestre est une mort au point de vue spirituel, et la mort une résurrection céleste. L’alternance des deux vies est nécessaire au développement de l’âme, et chacune des deux est à la fois la conséquence et l’explication de l’autre. Quiconque s’est pénétré de ces vérités, se trouve au cœur des mystères, au centre de l’initiation.

 

Mais, dira-t-on, qu’est-ce qui nous prouve la continuité de l’âme, de la monade, de l’entité spirituelle à travers toutes ces existences, puisqu’elle en perd successivement la mémoire ? – Et qu’est-ce qui vous prouve, répondrons-nous, l’identité de votre personne pendant la veille et pendant le sommeil ? Vous vous réveillez chaque matin d’un état aussi étrange, aussi inexplicable que la mort, vous ressuscitez de ce néant pour y retomber le soir. Etait-ce le néant ? Non ; car vous avez rêvé, et vos rêves ont été pour vous aussi réels que la réalité de la veille. Un changement des conditions physiologiques du cerveau a modifié les rapports de l’âme et du corps, et déplacé votre point de vue psychique. Vous étiez le même individu, mais vous vous trouviez dans un autre milieu et vous meniez une autre existence. Chez les magnétisés, les somnambules et les clairvoyants, le sommeil développe des facultés nouvelles qui nous semblent miraculeuses, mais qui sont les facultés naturelles de l’âme détachée du corps. Une fois réveillés, ces clairvoyants ne se souviennent plus de ce qu’ils ont vu, dit et fait pendant leur sommeil lucide ; mais ils se rappellent parfaitement, dans un de leurs sommeils, ce qui est arrivé dans le sommeil précédent, et prédisent parfois, avec une exactitude mathématique, ce qui arrivera dans le prochain. Ils ont donc comme deux consciences, deux vies alternées entièrement distinctes, mais dont chacune a sa continuité rationnelle, et qui s’enroulent autour d’une même individualité comme des cordons de couleurs diverses autour d’un fil invisible.

 

C’est donc en un sens très profond que les anciens poètes initiés ont appelé le sommeil le frère de la mort. Car un voile d’oubli sépare le sommeil et la veille comme la naissance et la mort, et, de même que notre vie terrestre se divise en deux parts toujours alternées, de même l’âme alterne, dans l’immensité de son évolution cosmique, entre l’incarnation et la vie spirituelle, entre les terres et les cieux. Ce passage alternatif d’un plan de l’univers à l’autre, ce renversement des pôles de son être n’est pas moins nécessaire au développement de l’âme que l’alternative de la veille et du sommeil est nécessaire à la vie corporelle de l’homme. Nous avons besoin des ondes du Léthé en passant d’une existence à l’autre. Dans celle-ci, un voile salutaire nous cache le passé et l’avenir. Mais l’oubli n’est pas total et la lumière passe à travers le voile. Les idées innées prouvent, à elles seules, une existence antérieure. Mais il y a plus : nous naissons avec un monde de souvenances vagues, d’impulsions mystérieuses, de pressentiments divins. Il y a, chez les enfants nés de parents doux et tranquilles, des irruptions de passions sauvages que l’atavisme ne suffit pas pour expliquer, et qui viennent d’une précédente existence. Il y a parfois, dans les vies les plus humbles, des fidélités inexpliquées et sublimes à un sentiment, à une idée. Ne viennent-elles pas des promesses et des serments de la vie céleste ? Car le souvenir occulte que l’âme en a gardé est plus fort que toutes les raisons terrestres. Selon qu’elle s’attache à ce souvenir ou qu’elle l’abandonne, on la voit vaincre ou succomber. La vraie foi est cette muette fidélité de l’âme à elle-même. On conçoit, pour cette raison, que Pythagore, ainsi que tous les théosophes, ait considéré la vie corporelle comme une élaboration nécessaire de la volonté, et la vie céleste comme une croissance spirituelle et un accomplissement.

.../...

 

Partager cet article
Repost0